L’esplanade tant fréquentée dès que les beaux jours arrivent s’apprête à vivre une autre ère. Outre une nouvelle protection anticrue, les espaces seront également complètement recomposés.
Protéger Remich des crues: on en parle depuis des années, mais enfin le projet avance. En juin, la Chambre des députés avait voté le dossier et l’avant-projet sommaire de la première phase sera bientôt déposé, promet le bourgmestre Henri Kox. Lorsque la Moselle sort de son lit, Remich a toujours les pieds dans l’eau : la Perle de la Moselle est située au point le plus bas de la rivière. À vrai dire, la canalisation inaugurée en 1964 n’a pas tout changé et la succession des écluses et le réaménagement des rives n’ont jamais empêché les grandes eaux. Si les inondations modestes sont monnaie courante, l’ampleur de certaines frappent les esprits. En 1983, Remich, c’était Venise.
Mais aujourd’hui, renforcer les protections anticrues de Remich sans repenser l’esplanade dans son ensemble n’aurait pas de sens. «Les pruniers japonais sont vieux et malades. Dès qu’il y a un peu de vent, ils tombent… Il est temps d’avancer!» Or, ces derniers mois, les planètes semblent en train de s’aligner. La Chambre des députés a donné son accord en juin dernier, ce qui a permis de mettre la machine en route. Et prochainement, la nouvelle loi sur l’eau renforcera l’aide de l’État dans la lutte contre les inondations, un alinéa motivé par les terribles caprices hivernaux de l’Ernz noire. «Pour nous, cela change tout puisque les subventions passeront de 50 % à 90 %», souligne le bourgmestre. Puisque l’ensemble du programme avoisine les neuf millions d’euros, cette modification a son importance.
Fort de ses coups de pouce législatifs, les efforts de ces dernières années se concrétisent. «L’avant-projet sommaire de la première phase, que nous réalisons avec les Ponts et Chaussées et un bureau d’études, sera finalisé d’ici la fin de l’été», se félicite Henri Kox.
Pour éviter toutes les crues décennales
Cette première étape concernera la partie la moins compliquée qui comprend les rives allant des caves Saint-Martin (à la limite de la commune de Stadtbredimus) au centre-ville. La promenade sera redessinée et la Moselle sera contrainte par des panneaux amovibles qui seront fixés à des éléments de décors urbains (bancs, bacs de fleurs…) lorsque l’eau commencera à monter dangereusement. «Ces installations permettront d’éviter 80 % des inondations, dont les crues décennales, avance Henri Kox. Mais il n’y a pas vraiment de solutions pour les épisodes encore plus sévères comme ceux de 1983.»
Pour le second volet, il va falloir patienter car l’affaire est complexe. En plus de la promenade, il faudra repenser le parcours de la N10, les quais pour les bateaux fluviaux, la gare routière et tous les parkings. Un défi, mais surtout d’une aubaine pour Henri Kox : «La superficie de l’esplanade correspond à 5 places d’Armes, c’est disproportionné et, du coup, on a toujours l’impression qu’elle est vide. Quant au parking, il couvre la surface de deux terrains de football. Aujourd’hui, on pourrait mettre deux fois plus de places sur le même nombre de mètres carrés», indique-t-il.
Un élément est déjà en cours de réalisation, la gare routière qui est en train d’être reconstruite par l’architecte François Valentiny. La fonction des lieux va également évoluer. «La gare routière est le meilleur emplacement dans tout Remich. Pourquoi faudrait-il continuer à l’utiliser comme un parking pour bus?» De fait, on n’y trouvera plus qu’un simple arrêt alors qu’un pôle d’échange sera créé près de la piscine.
On découvrira à la gare les informations touristiques qui seront centralisées ainsi qu’une plateforme vantant les produits du terroir, «notamment les vins et les crémants», glisse le vigneron et frère de deux vignerons. La fête du bouquet y a été célébrée lundi. Remich s’apprête donc à changer de visage et tout cela ne se fera pas en un jour. «Il faudra au moins sept ans pour tout terminer», prévient Henri Kox. Le bourgmestre espère que tout le dossier sera ficelé d’ici les élections communales, en automne. «À charge de la prochaine équipe de lancer les travaux… et tant mieux si j’en fais partie!»
Erwan Nonet