Remboursement des lunettes : la ministre promet d’essayer

La pétition de Jade Emini, étudiante, revendiquant un remboursement total des lunettes, a été débattue mercredi. Les députés ont pris note de l’engagement de la ministre.

Le texte de la pétition est bref et clair. Son auteure, Jade Emini, demande le remboursement des lunettes par la Caisse nationale de santé (CNS) et obtient rapidement 5 474 signatures qui ouvrent le droit à un débat public à la Chambre des députés. Dans ce type de situation, personne ne doit s’attendre à un résultat immédiat, encore moins quand il s’agit d’une décision qui ne concerne pas seulement le gouvernement et la ministre de la Santé, Martine Deprez, mais également les partenaires sociaux représentés dans la quadripartite, là où les décisions sont prises concernant les remboursements consentis par la CNS. La ministre n’a rien promis, sinon d’engager le débat à la CNS.

«Le remboursement concernant les lunettes n’est pas en discussion actuellement», informe Carlos Pereira de l’OGBL, un des délégués représentant les assurés au sein du conseil d’administration de la CNS. «L’OGBL avait revendiqué le remboursement de la chirurgie au laser, mais sans obtenir satisfaction», rappelle-t-il.

«C’est cher au début, mais après, on réalise des économies sur les lunettes», déclare le syndicaliste qui en a fait lui-même l’expérience. «Un de mes proches s’est fait opérer au laser et, dix ans plus tard, il n’a toujours pas besoin de porter de lunettes», affirme-t-il. Les gens qui sont passés par là sont unanimes pour dire que cela vaut le coup/coût.

«L’opération est largement payée si on calcule le nombre de paires de lunettes dont il aurait eu besoin», insiste-t-il. La chirurgie au laser consiste à modifier la forme de la cornée et permet ainsi de modifier le trajet des rayons lumineux. Elle est destinée à corriger la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme et la presbytie.

«Je sais qu’il y a dix ans, cette opération avait coûté 2 200 euros par œil, mais vu le prix d’une paire de lunettes avec des verres spécifiques, qui tourne autour de 1 500 euros, cela vaut la peine de se faire opérer, car des paires de lunettes ou des lentilles, on en a besoin toute sa vie une fois qu’on en porte», poursuit Carlos Pereira.

 Si la CNS ne s’est pas encore occupée des lunettes, elle s’engage régulièrement à améliorer les soins dentaires. Mais là aussi, il y a des progrès à faire. Certes, les soins en matière de parodontologie sont mieux pris en charge, mais rien ne bouge au niveau des implants dentaires. «Maintenant, on commence à discuter sur l’état des finances de la CNS qui se détériorent. Les remboursements dentaires ont été promis en 2014 et on vient rediscuter aujourd’hui du coût que cela pourrait représenter pour la CNS», regrette le syndicaliste.

En attendant, l’auteure de la pétition explique qu’une famille modeste avec trois enfants nécessitant tous une paire de lunettes se retrouve en grande difficulté face aux frais que cela représente, d’autant que les prix des verres ont tendance à augmenter plutôt que l’inverse. Et, selon elle, le problème, ce sont précisément les verres. «J’ai l’intention de demander à ce que le sujet du remboursement des lunettes, mais aussi des soins dentaires soit remis à l’ordre du jour.»

Cela tombe bien, la ministre de la Santé, Martine Deprez, compte faire de même. Mercredi, lors du débat public, elle a annoncé des ouvertures. Elle a l’intention de charger le représentant du gouvernement au conseil d’administration de la CNS de s’engager pour un meilleur remboursement des lunettes pour enfants et des verres. Il ne s’agit pas encore d’une décision, mais d’une déclaration d’intention de la ministre compétente, Martine Deprez, vis-à-vis de la pétitionnaire et des députés de la commission des Pétitions et de la commission de la Santé et de la Sécurité sociale.

Actuellement, la CNS ne rembourse que 30 euros pour la monture, tous les trois ans et sous certaines conditions, alors que le remboursement des verres varie selon leurs spécificités et la déficience visuelle diagnostiquée, mais les porteurs de lunettes sont loin de rentrer dans leurs frais.