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Relais pour la vie : tous unis contre la maladie


Le Relais pour la vie retrouvait ce week-end son antre, la Coque. (photos André Feller / Martine Feller)

Ce week-end, le Relais pour la vie retrouvait ses habitudes à la Coque avec, derrière chaque foulée, un message de soutien ou d’hommage aux victimes du cancer.

C’est une histoire de courses. Celle complexe menée par la science. Et celle bienveillante animée par plus de 13 000 personnes. De la blouse blanche au short-baskets, il n’y a qu’un pas, ou plutôt une foulée, qui emmène dans une direction commune : la lutte contre le cancer. C’est tout l’objet de la manifestation Relais pour la vie, soit vingt-quatre heures de transpiration et de solidarité vis-à-vis des patients et de leurs proches afin, aussi, de récolter au passage des fonds pour aider les gens touchés par la maladie. Car les chiffres sont sans appel. Au Luxembourg, chaque année, elle touche 3 000 personnes et en tue plus de 1 000.

«Chacun connaît quelqu’un, de près ou de loin, touché par le cancer», dit, sans fatalisme, Lucienne Thommes, la directrice de la Fondation Cancer, qui porte l’événement. Ce fléau universel «peut frapper tout le monde, toutes les nationalités, toutes les classes sociales, et à tous les âges,», rappelait samedi dans un discours lacrymal le Premier ministre Xavier Bettel, y évoquant notamment ces durs moments où, en tant qu’édile, il s’est retrouvé devant «un cercueil blanc d’à peine un mètre de long». Avant de venir en tribune, il confiait aussi s’être entretenu avec des malades et des guéris, des «survivors» comme on dit ici, qui ont tous besoin d’une «bouche qui conseille» et d’une «épaule qui console».

Des coureurs sur piste et d’autres «connectés»

Après trois années bouleversées par la crise sanitaire, le Relais pour la vie retrouvait ce week-end son antre, la Coque, où se croisaient, encore et encore, sous le crachat des enceintes, des coureurs de tout profil réunis en quelque 300 équipes tout aussi disparates (famille, amis, collègues de travail…). De la piste aux tribunes, la foule allait donc marcher, s’agiter et foncer durant une journée entière, ou un peu moins en raison du changement d’heure. «Oui, mais pour une fois, on a commencé à l’heure !, tempère dans un rire Lucienne Thommes. Avec le défilé et le speech, on prend souvent une heure de retard. Du coup, là, ça s’équilibre !»

Un sens de la proportion qui s’observe également dans la forme de la proposition, double. En effet, avec le covid, le Relais pour la vie s’est adapté et est sorti des murs. Ainsi, pour cette nouvelle édition et première version «hybride», de nombreux autres participants (plus de 200 équipes) se sont joints au mouvement, en extérieur et en mode «connecté», mais avec la même charte à respecter : cumuler un total de vingt-quatre heures d’efforts. «Tout le monde n’a pas forcément le temps et le loisir de venir à la Coque», dit la directrice de la Fondation Cancer. «Le système est différent, mais l’esprit est là !», comme en témoigne le mur social (social wall) dédié à cette édition, compilation des témoignages (photos, vidéos, messages) mis en ligne dans les réseaux sociaux.

Une course pour marquer le coup «symboliquement»

De loin ou de près, postées ou racontées, les histoires sont sensiblement les mêmes. Des mots pour la disparition d’un être cher, comme la grand-mère de Corinne, venue en sa «mémoire», occupée à s’étirer dans un coin après de longs tours «fatigants». Pour le soutien à la cause aussi, comme Jack et Fred, 17 ans, étudiants anglais à Luxembourg qui viennent juste de se faire tirer le portait au photobooth, en souvenir de cette journée «unique». Pour aider, enfin, ceux qui sont encore là et qui traversent un moment de souffrance que l’on ne peut porter seul.

C’est le cas d’amis de Melissa, tous affublés d’un joli tee-shirt rose cintré avec un arbre (de vie) dessus. Christian, chargé de cours à la Chambre des salariés, développe : «On s’est tous rencontrés lors d’un de mes cours de sophrologie. Quand Melissa, une jeune maman, est tombée malade, l’émotion était forte. Il fallait qu’on fasse quelque chose.» Ensemble, ils vont alors lui faire la belle surprise d’être là pour elle, ce qui l’a beaucoup «touchée». Franco, autre membre du groupe, enchaîne : «On n’est pas médecins, mais on peut marquer le coup symboliquement. C’est une manière de dire que l’on reste près d’elle, et que marcher, c’est vivre!»

Casque virtuel, microscope et génétique

Comme le rappelait Xavier Bettel en ouverture, «vous n’êtes pas seuls, et pas seulement aujourd’hui!». Une formule qui pourrait souligner, en creux, certaines de ses mesures politiques, comme le lancement du Plan national cancer ou la création de l’Institut national du cancer. Des évolutions qui se matérialisent, en miniature, au cœur de la Coque avec le «Genetics & Pathology Lab», qui détaille, casque virtuel et microscope à l’appui, le travail des généticiens et autres spécialistes. Olfa, pathologiste au Laboratoire national de santé, analyse, pour faire simple, «les cellules et les tissus pour voir ce qui se passe dedans».

Elle ne court pas, mais passionnée, elle explique en quoi consiste son métier, dans une rigueur évidemment scientifique. Et elle a eu beaucoup de visites. «Des familles avec des enfants, mais aussi des parents de patients qui veulent savoir et voir ce qu’est une tumeur. Pour eux, ça reste quelque chose d’abstrait.» Un peu de pédagogie qui s’observe ailleurs, comme à ce stand antitabac qui rappelle que la cigarette reste la première cause de cancer au Luxembourg (et un peu partout dans le monde), devant l’alcool et le surpoids. Des facteurs «individuels» qui font dire à Lucienne Thommes : «Chacun peut déjà faire quelque chose contre le cancer», sans se cacher derrière d’autres arguments, certes valables mais moins directs, comme la pollution de l’air, les pesticides ou le stress.

Après la visite de la GrandeDuchesse Maria Teresa, «présidente d’honneur», la danse jusqu’au bout de la nuit, les ateliers pour les tout-petits, les coups de pédales sur vélo d’appartement (à chaque kilomètre parcouru, un euro était versé à la Fondation Cancer) et les conseils en soin esthétique, le week-end se termine dans une cérémonie «poignante et émouvante» où sont allumées 4 000 bougies, éclairant des textes et dessins destinés à ceux qui «sont en train de se battre, et en mémoire des disparus», conclut Lucienne Thommes. De petits points lumineux, vacillant dans le silence, comme autant de messages d’espérance et d’optimisme. On dit d’ailleurs que l’espoir fait vivre. À la Coque, il avance aussi.