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Réinvestir le quartier de la Gare


Le cortège est parti de la rue de Strasbourg pour rejoindre la Ville-Haute. Pour la deuxième fois en 5 mois, les riverains disent leur exaspération.  (photo Didier Sylvestre)

Si on ne voit plus que les dealers et leurs clients, si la criminalité est si visible, c’est parce qu’il n’y a plus qu’elle dans les rues. Il est temps de se réapproprier le quartier, de l’animer pour mieux l’aimer.

Les habitants et commerçants du quartier de la Gare à Luxembourg sont venus en nombre, samedi, manifester leur exaspération jusque sous les fenêtres de la Chambre des députés. Entre 200 et 300 personnes ont participé au cortège qui s’est mis en branle à la Gare pour rejoindre la Ville-Haute, en distillant leur message à l’adresse des décideurs politiques.

Moins de criminalité, de dealers et de drogués dans les entrées, plus de présence policière, de suivi judiciaire et d’aide aux toxicomanes. En gros, plus de sécurité.

«Je comprends que ces gens ne se sentent pas en sécurité; pour avoir moi-même assisté à des scènes effrayantes, je connais bien les problèmes auxquels ils font référence», explique Corinne Cahen, échevine de la Ville de Luxembourg et commerçante du quartier de la Gare où elle a grandi. «On parle toujours de mendicité, mais je préférerais que l’on se concentre sur les dealers et les toxicomanes», exprime-t-elle.

Le 16 janvier dernier, elle a participé à une visite du quartier avec la bourgmestre Lydie Polfer (DP), le ministre de l’Intérieur, Léon Gloden (CSV), et des représentants du mouvement des habitants, comme Laurence Gillen, une des coresponsables du groupe WhatsApp dédié. «Le ministre a bien compris le problème pour l’avoir vu. Durant cette visite, il faisait froid, il y avait moins de monde que d’habitude dans les rues, mais suffisamment pour que le ministre aperçoive un homme sortir un couteau et un autre se piquer en pleine rue. Le spectacle était misérable. «À la police d’interpeler, à la justice d’assurer le suivi pour tous les problèmes liés à la criminalité. C’est tout un cordon qui doit se mettre en place», explique Corinne Cahen.

Elle avait eu l’occasion en décembre dernier d’interroger le ministre Gloden à la Chambre pour connaître ses intentions par rapport à l’exaspération des habitants et commerçants du quartier. Léon Gloden avait évoqué les chiffres qui indiquaient quelque 140 vols par effraction entre septembre et décembre derniers dans le quartier, qui ne serait pas le plus mal famé. Dans d’autres quartiers, la situation est encore pire en matière de cambriolages, si bien que celui de la Gare arrive en cinquième position du classement établi par la police.

Le ministre veut renforcer la présence policière dans le quartier et mise sur ce nouveau corps de policiers locaux pour assurer la prévention. Corinne Cahen prend le problème à bras-le-corps. Elle a fait des propositions au conseil pour la reconquête de ce quartier qui a été malheureusement abandonné à la criminalité. «Il y a toujours eu une population marginale dans le quartier, mais elle se fondait dans la masse. Aujourd’hui, il faudrait que les gens se réapproprient l’espace, qu’ils reviennent dans ce quartier qui est des plus chouettes de la ville», observe-t-elle.

Pourquoi pas jazzy

La semaine dernière encore, elle a reçu l’appel téléphonique d’un ami policier qui lui a clairement fait comprendre qu’il n’enverrait pas son épouse seule dans le quartier. «C’est un cercle vicieux. C’est un discours que je ne cache pas et je comprends que les gens ne se sentent pas en sécurité parce qu’on ne voit plus que les dealers et leurs clients dans les rues, les autres ont déserté», admet Corinne Cahen.

Alors, elle se met à imaginer un quartier où il fait bon se promener, en ramenant de l’animation, en le rendant plus vivant que l’atmosphère mortifère qui y règne aujourd’hui. «J’ai par exemple soulevé le problème de l’avenue de la Liberté où il n’y a pas un banc, pas une plante», dit-elle. Elle imagine un quartier dédié au jazz, à d’autres thèmes qui rendraient la Gare à nouveau fréquentable. D’ailleurs, elle l’est toujours. Il ne faut pas en faire une zone de non-droit, mais un quartier bien vivant, ce qu’il a toujours été.

«Je ne connais aucun quartier qui soit aussi chouette que la Gare. Il est très cosmopolite et c’est le premier point de chute des jeunes qui viennent travailler au Luxembourg parce qu’il y a beaucoup de studios offerts en location et c’est là où les jeunes s’installent. C’est hyper central, c’est le quartier le mieux préservé et j’aimerais vraiment faire passer mon amour pour ce quartier», conclut Corinne Cahen. C’est d’ailleurs ce qui l’a motivée à briguer un mandat à la Ville de Luxembourg.

Ce quartier, elle veut participer à le repenser d’un point de vue urbanistique, revoir son animation et la circulation. Elle veut lui redorer son blason.

Le 23 septembre dernier, les habitants défilaient pour la première fois à la suite de la création du groupe Whatsapp «Quartier gare – Sécurité» en juillet dernier. Depuis, ils ne lâchent pas la pression.

Un commentaire

  1. Hier dimanche, il y avait un énorme étron humain devant la porte d’un salon de thé. Les gens sont des animaux ou quoi???
    Et clairement, l’avenue de la Liberté était beaucoup plus frequentée il y a 15 ans, quand on pouvait aussi s’y garer en voiture pour faire une course! Tirez-en les conclusions que vous voulez sur l’impact du tram…