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Règlement de comptes au LSAP : les Femmes socialistes ignorées


«Le message véhiculé par cette campagne va à l'encontre de ce pour quoi je me bats», a souligné Càtia Gonçalves à propos de l'initiative lancée par la section Centre des Femmes socialistes. (photo Jean-Claude Ernst)

Le LSAP règle ses affaires sur les réseaux sociaux. La campagne «Madame on Tour» a fait des ravages et a révélé que la section des femmes était quantité négligeable.

Emmitouflée dans sa longue doudoune, la députée-maire de Weiler-la-Tour, Cécile Hemmen, tient un petit gobelet de vin chaud qu’elle sirote doucement tout en bavardant avec une passante. La campagne «Madame on Tour», qu’elle porte à bout de bras avec une poignée de Femmes socialistes (FS) de la circonscription Centre, avait arrêté son minibus samedi matin à Mondorf-les-Bains.

Impossible pour les clientes du supermarché local de rater «le sac-à-main plein d’idées» flanqué sur le véhicule de campagne ingénieusement garé devant la porte du magasin. Cécile Hemmen et ses camarades apostrophent sans harceler, invitent à boire un petit verre de vin chaud, à grignoter un morceau de stollen et à discuter le coup. Quelques minutes pour expliquer la démarche et distribuer du matériel d’information sur les femmes en politique. C’est peu pour convaincre. Avant tout, ces dames en campagne parviennent à capter l’attention.

Il faut dire que leur logo combinant «sac à main/rouge à lèvres/décolleté zippé» révélé fin novembre a fait exploser la marmite. Un cliché jugé mortel pour les internautes et parmi eux de nombreux socialistes. Les critiques furent d’une rare violence, du type «madame t’emmerde» et les socialistes se sont tirés dans les pattes sur la toile.

Càtia Gonçalves. (photo Isabella Finzi)

Càtia Gonçalves. (photo Isabella Finzi)

Les remerciements de Càtia Gonçalves

Bref, si les Femmes socialistes du centre voulaient faire le buzz, elles ne s’attendaient pas non plus à un tel ramdam qui a abouti vendredi dernier à la démission de la présidente nationale des Femmes socialistes, Càtia Gonçalves, dépitée par le cliché qui se mêle au logo du LSAP et qu’elle a découvert une fois la campagne ficelée.

Dimanche soir, sur sa page Facebook, la présidente démissionnaire a tenu à remercier les nombreux soutiens qui se sont manifestés après l’annonce de son départ. «Le message véhiculé par cette campagne va à l’encontre de ce pour quoi je me bats et des valeurs que nous représentons», écrit-elle. «Il y a des moments en politique où des décisions difficiles doivent être prises quand on est en profond désaccord avec ce qui est fait», poursuit-elle.

La démission de la présidente n’est en réalité que la conséquence de l’indifférence exprimée par l’exécutif envers la section des femmes. Un ras-le-bol qui se manifeste alors que le LSAP cherche à les encourager à entrer en politique, c’est moche. Les Femmes socialistes n’ont même pas eu la possibilité de s’occuper elles-mêmes d’une campagne de sensibilisation dans ce sens car elles ont été bloquées par un comité exécutif qui voulait prendre les choses en main. À ce jour, rien n’est encore sorti des tuyaux.

C’est sans doute la raison pour laquelle Cécile Hemmen, présidente de la circonscription Centre du Parti socialiste a retroussé ses manches et a organisé un projet pour lequel elle a obtenu des subventions du ministère de l’Égalité des chances dans le cadre de sa campagne nationale «Votez égalité». Et la députée-maire de Weiler-la-Tour n’a pas été arrêtée dans son élan. Au contraire, ses camarades de parti l’encourageaient sans s’intéresser vraiment à ce qu’elle bricolait. Quand son sac à main est sorti, il a fait des ravages, elle n’en demandait pas tant.

Mais sa sortie en solo aura au moins eu le mérite de provoquer une crise interne et notamment chez les Femmes socialistes. Reste à savoir si les dirigeants du Parti socialiste auront bien saisi le message lancé.

Geneviève Montaigu