La Maison ukrainienne de Strassen, inaugurée le 10 mars, offre un lieu de rencontres aux réfugiés. Immersion dans ce lieu convivial avec ceux qui l’animent.
C’est très important pour nous de passer du temps avec d’autres Ukrainiens. Nous pouvons discuter de la situation dans notre pays, récupérer des informations sur ce qu’il se passe là-bas et puis parler de nos vies avant qu’il n’y ait la guerre.» Appuyée sur le plan de travail de la cuisine de l’«Ukrainescht Haus Stroossen», Iryna souligne les bienfaits que lui apporte ce lieu depuis son arrivée au Luxembourg.
Le 9 mars, elle quittait son pays natal. Ce jour-là, cette maman de 45 ans, à la longue chevelure rousse, passait difficilement la frontière avec la Pologne, coincée dans les gigantesques embouteillages formés par celles et ceux voulant échapper à l’invasion russe. Elle traversait ensuite l’Europe au volant de sa voiture, fuyant les bombes qui défigurent sa patrie et déchiquètent Kiev, la ville où elle a grandi.
Avec elle, dans le véhicule, ses deux grands enfants âgés de 13 et 16 ans ainsi que son petit jack russel, Butch. Un périple de plusieurs jours, long de 800 kilomètres, «horrible et très fatiguant» guidé par la peur, la tristesse et la survie.
Un voyage durant lequel elle a suivi son amie d’enfance Kateryna, dont le frère vit au Luxembourg. Elle aussi est partie de la capitale avec sur les sièges arrière de son auto, sa fille de 5 ans accompagnée par son fils de 17 ans. Toutes deux ont laissé leur mari et une grande partie de leur vie là-bas.
Un lieu géré par les réfugiés
Aujourd’hui, Iryna et ses enfants, comme de nombreux autres réfugiés ukrainiens, vivent au sein d’une famille luxembourgeoise qui a eu la générosité de les héberger. «Ces gens sont tellement amicaux, ils font tout pour nous aider, nous sommes vraiment très reconnaissantes», témoigne-t-elle, dans un anglais hésitant.
Avant l’ouverture de l’«Ukrainescht Haus Stroossen», ses journées étaient essentiellement ponctuées par les coups de téléphone et échanges de courriels avec ses proches restés au pays ainsi que par les démarches administratives pour obtenir la protection temporaire du Grand-Duché.
Si la guerre occupe toutes ses pensées, depuis son ouverture, le 10 mars dernier, la Maison ukrainienne de Strassen représente une réelle bouffée d’air pour elle et les autres réfugiés.
Après tout ce que nous vivons, ça fait plaisir de voir les petits jouer
La commune a accueilli, pour le moment, plus de 100 Ukrainiens placés dans un hôtel et dans des familles. La grande majorité de ces personnes sont des femmes, des enfants ou des personnes âgées car «les hommes de 18 à 60 ans doivent rester en Ukraine», nous explique Iryna.
Selon le souhait du bourgmestre, l’endroit est ouvert à tous ceux ayant fui la guerre et les réfugiés possèdent d’ailleurs plusieurs jeux de clés. «Ce lieu est pour eux, ce sont eux qui ouvrent et ferment la maison», souligne Nico Pundel, le bourgmestre de Strassen (CSV).
Mercredi après-midi, les enfants sont partis jouer au football sur le terrain qui jouxte l’hôtel de ville pendant qu’Iryna et Kateryna flânent au rez-de-chaussée de la bâtisse. «Après tout ce que nous vivons, ça fait plaisir de voir les petits jouer et faire des activités», sourit Kateryna.
Un nouveau quotidien
La maison, dont la façade est ornée d’un drapeau ukrainien, s’élève sur deux étages constitués de nombreuses petites pièces, chacune avec une fonction particulière. Dans l’une d’entre elles, une grand-mère ukrainienne y apprend, ce mercredi, les mathématiques aux quatre jeunes adolescents.
Dans la salle de jeux, plusieurs enfants s’amusent avec des jouets multicolores pendant qu’à côté, dans une pièce réservée à l’activité sportive, deux petites se cachent pour se chuchoter des secrets. Au rez-de-chaussée, plusieurs femmes dont Iryna et Kateryna forment de petits groupes dans lesquels elles échangent.
Butch, le jack russel, tente de se faire la malle dès qu’une porte s’ouvre. Toutes parlent en ukrainien, ce qui donne à la maison un air d’ailleurs, mais aussi une impression familière pour ces réfugiés qui y passent.
Chaque jour des activités sont organisées pour les réfugiés et leurs enfants. Hier, par exemple, une leçon de cuisine était prévue et dans les semaines à venir des cours de français et d’anglais devraient se tenir au sein de l’«Ukrainescht Haus Stroossen».
Un nouveau quotidien loin des bombes s’installe pour Iryna et les réfugiés de Strassen. Mais une idée reste fixe pour la mère de famille : «Rentrer en Ukraine aussi tôt que possible.»
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter quotidienne.
Pouvez-me donner l‘adresse du centre. Je connais une jeune Ucrainienne