Alors qu’il est impossible de savoir combien de réfugiés ukrainiens vont encore s’ajouter aux 4 000 déjà présents sur le territoire, les autorités sont à pied d’œuvre pour créer des places d’hébergement.
Alors que des bus en provenance des frontières ukrainiennes arrivent chaque jour au Grand-Duché, les autorités semblent dépassées par cet afflux massif. À titre de comparaison, en 2015, au plus fort du conflit syrien, le Luxembourg avait enregistré 2 447 demandes de protection internationale, avec des arrivées étalées sur toute l’année.
Cette fois, ce sont près de 4 000 personnes fuyant la guerre en Ukraine qu’il a fallu loger en un mois à peine, le ministre Jean Asselborn indiquant mercredi depuis Dubai que ses services avaient déjà enregistré 3 500 demandes de protection temporaire.
Des chiffres surprenants, quand on sait que la France, par exemple, ne recense que 26 000 réfugiés ukrainiens sur son territoire, a annoncé le Premier ministre Jean Castex ce mardi. Soit proportionnellement 18 fois moins que le Grand-Duché. Un phénomène qui s’expliquerait par le fait que le Benelux est «particulièrement demandé», a assuré le ministre des Affaires étrangères et européennes à L’Essentiel.
Ses équipes sont en première ligne, comme celles de l’Office national de l’accueil, les communes, et bien sûr les organisations d’aide aux plus démunis dont la Croix-Rouge ou Caritas, qui travaillent d’arrache-pied depuis des semaines pour pousser les murs et créer des places disponibles. Pas évident, quand 5 000 autres demandeurs de protection internationale occupent déjà les structures d’accueil permanentes.
Ce qui a d’ailleurs donné lieu à des situations discutables, comme lorsque ce groupe de 70 personnes – soumises à la procédure de Dublin, qui peut prendre des mois – a été contraint de quitter précipitamment la SHUK (structure d’hébergement d’urgence au Kirchberg) pour laisser place aux réfugiés arrivant d’Ukraine.
Des associations sont montées au créneau pour dénoncer une «profonde injustice» et demander d’accorder «la même considération» à tous les réfugiés. Le ministre Asselborn avait souligné la volonté de regrouper au même endroit les familles ukrainiennes, le bâtiment pouvant accueillir 200 personnes. Le groupe avait été dirigé vers la Wanteraktioun, avec la garantie de pouvoir y séjourner jusqu’en octobre et d’y avoir accès de jour comme de nuit.
À peine ouvertes, les structures débordent
Sur les capacités d’accueil, les derniers chiffres avancés mercredi par l’ONA font état de 1 400 lits déjà occupés dans un réseau qui compte, pour l’instant, 18 structures d’hébergement opérationnelles pour les personnes fuyant la guerre en Ukraine.
D’autres doivent encore s’y ajouter, comme le hall de 3 000 m2 à Contern, en plein aménagement depuis 10 jours, qui abritera 500 personnes dans un premier temps et jusqu’à 1 000 à terme, dans des conditions plutôt rudes : des lits superposés, parqués par vingtaine dans des espaces exigus, sans aucune fenêtre, et avec les sanitaires au sous-sol.
Le hall 7 de Luxexpo a, quant à lui, été équipé en urgence de 600 lits par les équipes du CGDIS tandis que des campings, hôtels, auberges de jeunesse, et autres bâtiments, ont été réquisitionnés à la demande du gouvernement. Les communes contribuent aussi grandement à l’effort, à la suite de l’appel du Syvicol le 28 février dernier.
Le plus grand défi, pour les autorités, reste l’arrivée continue de réfugiés, alors que les structures d’hébergement d’urgence débordent à peine mises en place. Jusqu’ici, le Luxembourg fait face, mais il est impossible de prévoir combien de personnes seront accueillies au total, ni combien de temps elles resteront, note Jean Asselborn.