La CGFP a annoncé une manifestation le 25 juin, trois jours avant celle du front syndical OGBL-LCGB dont elle se distingue en souhaitant, encore, discuter avec le gouvernement.
Fin du suspense, la Confédération générale de la fonction publique (CGFP) ne participera pas à la manifestation nationale du 28 juin organisée dans la capitale par le front syndical OGBL-LCGB. À l’issue d’une réunion de la conférence des comités, le syndicat de la fonction publique a annoncé ce mardi qu’il organisera plutôt sa propre manifestation trois jours avant, le mercredi 25 juin, devant la Chambre des députés.
Les motifs sont pourtant les mêmes que pour les deux autres syndicats nationaux, à savoir l’opposition à la réforme des retraites et la protection du modèle social luxembourgeois. Alors pourquoi ne pas gonfler les rangs le 28 juin ? Pour la CGFP, la priorité est de «ne pas déroger à sa mission première de représentation des intérêts de la fonction publique», répond Romain Wolff, son président.
Tout en étant «solidaire des préoccupations des deux autres syndicats représentatifs au niveau national, notamment ceux du secteur privé», la fonction publique souhaite donc se détacher pour mieux se faire entendre.
«Début d’une résistance acharnée»
Décidée à l’unanimité par la conférence des comités, la manifestation du 25 juin «n’est que le début d’une résistance acharnée». Lancée sous le slogan «Fir e richtege Sozialdialog! Elo!» (Pour un dialogue social juste! Maintenant!), elle fait suite à la colère provoquée le 13 mai dernier par la déclaration sur l’état de la Nation du Premier ministre, Luc Frieden.
Après une large phase de consultation opérée par Martine Deprez, ministre de la Sécurité sociale, avec les différents syndicats, «nous avons eu le droit à l’état de la Nation où l’on nous a présenté des faits accomplis et une solution qui n’ont rien à voir avec la consultation».
La CGFP déplore le fait que les annonces ne découlent d’aucun consensus trouvé entre les partenaires sociaux lors des forums de discussion au château de Bourglinster, «un simulacre de débat qui aurait pu être évité».
«En plus, on nous dit que ce n’était qu’une consultation et pas un dialogue. Ce n’est pas comme cela que les choses se passent!», insiste Romain Wolff, remonté. Concernant les annonces du 13 mai, «tout cela doit disparaître de la table».
Lundi soir, le syndicat et la Fédération générale de la fonction communale (FGFC), son partenaire de coopération, ont pu demander de vive à voix à Martine Deprez et Serge Wilmes, ministre de la Fonction publique, qu’ils fassent table rase. Ces derniers ont alors assuré que le gouvernement examinerait les demandes de la CGFP lors du prochain Conseil de gouvernement, vendredi, et qu’il prendrait position ultérieurement.
Une tripartite réclamée
La critique porte également sur l’absence de réflexion du gouvernement afin d’envisager d’autres sources de financement pour les pensions, «comme une augmentation progressive des cotisations», plutôt qu’une hausse de l’âge de départ à la retraite et une augmentation de la durée de cotisation. Romain Wolff ne digère pas non plus le fait «que le gouvernement a tout fait pour diviser les gens, avec d’un côté le public, le privé, puis les jeunes, les vieux». «Au lieu de promouvoir la cohésion sociale, la coalition CSV-DP préfère creuser la fracture sociale.»
Bien que le LCGB et OGBL aient claqué la porte aux discussions, l’heure est encore au dialogue du côté de la CGFP puisqu’une invitation est lancée au gouvernement afin d’organiser une tripartite et définir une stratégie ensemble. «Nous attendons une invitation, du moins une réaction.»
C’est déjà chose faite puisque, dans la foulée de la conférence, Luc Frieden vient de répondre à une lettre du front syndical (datée du 23 mai) en invitant les partenaires sociaux à une réunion le 9 juillet au ministère d’État. Reste à voir si Romain Wolff sera présent, accompagné de représentants des deux autres syndicats.
D’ici là, le rendez-vous est donné dans trois semaines sur le parvis de la Chambre, où la conférence exécutive de la CGFP a prévu de s’exprimer au nom de ses 30 000 membres et précise que «toute personne souhaitant se joindre à cette action est la bienvenue». La FGFC et le syndicat des cheminots Syprolux ont d’ores et déjà confirmé leur participation. En cas de refus de l’exécutif d’accepter ses propositions, le syndicat assure que le ton pourrait monter dans la fonction publique et il se réserve «le droit recourir progressivement à des mesures plus drastiques».