Les ailes jeunes des partis continuent à monter au créneau pour dénoncer les plans du gouvernement. Déi gréng et le LSAP ont aussi remis une couche, hier. Et même le CSV se montre irrité.
La ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, présentera ce matin de plus amples détails sur les «grandes orientations du gouvernement en matière de soutenabilité de l’assurance pension».
Va-t-elle réussir à calmer les esprits, qui ne cessent plus de s’échauffer depuis la déclaration sur l’état de la Nation où le Premier ministre, Luc Frieden, a dévoilé des pistes pour la réforme. L’intention de prolonger la durée des années de cotisation a provoqué une levée de boucliers, qui a encore pris de l’ampleur ces derniers jours.
Hier, nos confrères du Tageblatt ont révélé que même des membres du comité national du CSV, réuni lundi soir, ont critiqué la communication malheureuse du chef du gouvernement dans le dossier des pensions. Luc Frieden, qui est aussi le président du CSV, aurait dévoilé des éléments de la réforme envisagée alors qu’il n’avait pas connaissance de tous les détails. Lundi soir, un appel à ne pas sous-estimer l’ampleur de la mobilisation des syndicats a aussi été lancé.
Ce rappel à l’ordre devrait conforter les partis de l’opposition dans leurs critiques acerbes contre les plans de réforme. Également hier, déi gréng et le LSAP en ont remis une couche lors de deux conférences de presse.
Les premiers fustigent le fait que le contrat intergénérationnel est «rompu». En effet, seuls les jeunes seraient touchés par les adaptations du régime. «Celui qui est jeune sera doublement pénalisé, en devant consacrer plus de temps de vie au travail et en voyant le niveau de son assurance pension baisser.
Il ne s’agit pas d’une réforme durable et équitable. Si elle est réalisée comme actuellement prévue, il faut s’attendre à ce que le soutien pour notre modèle solidaire diminue, ce qui risque, sur le long terme, de menacer la cohésion sociale», dénoncent déi gréng, qui estiment plus globalement que l’avenir de la jeune génération est mis en péril.
Les Jonk Gréng se joignent aux critiques de leur parti de tutelle. «Les jeunes sont exploités pour que les vieux puissent continuer à faire bombance. Le changement de génération n’est pas engagé, les vieux continuent (…) de prendre des décisions qui profitent le plus aux plus anciens», fustige un communiqué. Les jeunes de déi gréng réclament que le gouvernement renonce à une hausse des années de cotisations et prenne les «mesures nécessaires pour garantir un avenir vivable et équitable».
Le LSAP se dit «choqué» par les pistes «précipitées» et «déséquilibrées» avancées par le Premier ministre. «Il s’agit (…) de signaux dangereux, émis dans une situation d’urgence inventée, qui affaiblissent notre système de retraite et la solidarité entre les générations qui en est le fondement», estiment les socialistes. La cheffe de fraction, Taina Bofferding, répète qu’une prolongation de la durée de cotisation est «inacceptable» (lire également notre Interview du lundi de cette semaine).
Les jeunes pirates veulent un référendum
La Jonk Lénk dénonce une «lutte des classes» qui oppose les «riches aux jeunes». «Alors que le gouvernement nous force à aller travailler plus longtemps, des cadeaux fiscaux à hauteur de milliards d’euros continuent à être distribués à ceux qui possèdent déjà tout.» Les jeunes auraient déjà du mal à trouver un travail «correctement rémunéré».
L’exécutif CSV-DP «refuserait» aussi de prendre des actions pour contrer la catastrophe climatique, la pénurie de logements ou le recul de la démocratie. Par contre, il serait disposé à «mobiliser des milliards d’euros pour la militarisation». «C’est ainsi que l’on déroule le tapis rouge au fascisme», tranche l’aile jeunes de déi Lénk.
Les jeunes du Parti pirate réclament un référendum pour permettre aux citoyens d’avoir le dernier mot sur la réforme des pensions. Ils estiment qu’une réforme aussi fondamentale, qui concernera des milliers de citoyens pendant des décennies, ne doit pas être décidée derrière des portes closes.
«Si le gouvernement est d’avis qu’il faut aller travailler plus longtemps et adapter des acquis sociaux, la décision doit revenir au peuple», développent les Jonk Piraten.
Comme leurs homologues des autres partis, ils dénoncent le fait que les jeunes seront les seuls à devoir payer la note pour «une gestion défaillante du régime des pensions»