La ministre Martine Deprez a repris les pistes présentées par le Premier ministre concernant la réforme des pensions, sans livrer les détails. Les partenaires sociaux sont invités à en discuter.
Le Premier ministre avait annoncé, lors de son discours sur l’état de la Nation, que la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Martine Deprez, allait fournir des détails prochainement sur la réforme du système des pensions.
Luc Frieden avait livré quelques pistes, mais, hier, Martine Deprez ne les a pas beaucoup étayées. Elle a surtout vanté le processus participatif «Schwätz mat» qui a permis, jusqu’au 21 avril, à la société civile et à tous les acteurs de s’exprimer sur une réforme du système des pensions. «C’était une bonne base pour permettre aux décideurs de trancher», exprime la ministre. Le rapport final des consultations sera publié début juillet.
Si le souhait des actifs était de ne pas travailler plus longtemps, le gouvernement veut les rassurer en indiquant que l’âge de la retraite, fixé à 65 ans, resterait inchangé. C’est la durée de la cotisation qui va s’allonger, en revanche, pour se rapprocher de l’âge légal alors que «trois retraités sur quatre profitent aujourd’hui d’une retraite avant 65 ans». Martine Deprez reprend l’argumentaire de Luc Frieden sur l’espérance de vie qui s’allonge.
«Au sein du gouvernement, nous sommes parvenus à la conclusion que ne rien faire n’était pas une option» et, donc, que les éléments présentés par Luc Frieden lors de son discours sur l’état de la Nation représentaient les grands axes à suivre.
La réforme de 2012, qui entraîne une baisse du taux de remplacement jusqu’en 2052, sera maintenue. Destinée déjà à inciter les travailleurs à partir plus tard à la retraite, elle n’a pas atteint les objectifs escomptés.
«L’âge moyen de départ est passé de 59,5 ans à 60,1 en douze ans et c’est peu, alors que l’espérance de vie a été rallongée de quatre ans pendant la même période», relève Martine Deprez. Une chose est certaine, le montant des retraites diminue petit à petit depuis 2012.
Pour passer aux exemples concrets de la nouvelle réforme envisagée, la ministre cite le cas d’une personne qui est censée prendre sa retraite le 1er mai 2030. Celle-ci devra attendre le 1er août pour faire valoir ses droits.
«L’idée est qu’à partir de 2030, il faudra allonger petit à petit la période de cotisation de deux à trois ans pour se rapprocher des 65 ans et le maximum sera de cinq ans.» En 2035, si les conditions sont remplies, il faudra ajouter un an et demi de plus de cotisation. Ces mesures ne toucheront pas ceux qui partiront à la retraite avant cette date. Pour les jeunes générations, ils savent maintenant que la période de cotisation pourra être de 45 ans maximum.
La ministre minimise l’impact de la réforme en expliquant qu’aujourd’hui, il y a déjà des actifs qui cotisent plus de 40 ans. Qu’ils partent dès l’âge de 57 ans ou de 60 ans, certains cotisent au-delà de 40 ans. C’est le cas de ceux qui ont commencé un apprentissage ou des étudiants qui ont commencé à travailler à 23 ou 24 ans après cinq années d’études.
Pour les détails, la ministre avance quand même que les années d’études seront flexibilisées pour prendre en compte les périodes de formation intercalées dans une carrière, comme un master tardif par exemple. Une bonne nouvelle pour l‘apprentissage tout au long de la vie (lifelong learning). Les périodes d’études ne seront plus limitées à un âge plafond strict, ce qui permettra une meilleure reconnaissance de la diversité des parcours de formation.
L’État compensera
Pour éviter une hausse des cotisations sociales qui mettrait à mal la compétitivité du pays, un engagement budgétaire de l’État est prévu pour contribuer financièrement à la stabilité du système. La ministre a souligné que ces mesures s’inscrivent dans une démarche de responsabilité collective, fondée sur l’équilibre entre les générations et la protection du modèle social luxembourgeois.
Elles visent, selon Martine Deprez, à préserver un accès juste à la pension pour toutes et tous, dans un cadre adapté aux réalités d’aujourd’hui et de demain.
La ministre a également annoncé qu’elle engagerait dans les prochaines semaines des discussions approfondies avec les partenaires sociaux et les jeunes générations, afin de détailler les pistes proposées par le gouvernement et de préparer l’élaboration concrète des mesures.
L’objectif est de soumettre un avant-projet de loi au Conseil de gouvernement à l’automne, à l’issue de cette nouvelle phase de dialogue.