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Réforme des pensions : les syndicats dénoncent «une mascarade»


La consultation publique «Schwätz mat!» est l’occasion pour l’OGBL et le LCGB de critiquer les méthodes du gouvernement sur les discussions autour de la réforme des pensions.

Le bilan de la consultation publique sur la réforme des pensions a provoqué la colère des syndicats qui y voient un nouveau pied de nez à la promesse de dialogue sociale du gouvernement.

L’année de débats et de réflexions sur la réforme des pensions est à peine entamée qu’un premier couac vient d’apparaître. Alors que la phase de dialogue promise par le gouvernement doit débuter dans deux semaines, en février, l’OGBL et le LCGB sont déjà irrités. La faute au bilan de «Schwätz mat!», la première phase de consultation publique sur la réforme dont le rapport a été publié le 10 janvier dernier.

Dans son communiqué paru il y a une semaine, le gouvernement présente fièrement une démarche réussie étant donné que «plus de 2 000 contributions ont été reçues, ce qui illustre le grand intérêt de la population». Force est de constater que chacun voit midi à sa porte puisque, dans un communiqué conjoint publié vendredi, les syndicats estiment que «Schwätz mat!» est «une mascarade participative».

Bilan, méthode et coût critiqués

Le LGCB et l’OGBL ne manquent pas d’arguments afin de dénoncer, selon eux, «l’illusion d’une participation publique». D’abord, avec un bilan de 2 000 contributions pour une population concernée d’environ 650 000 assurés, la consultation ne représente que 0,3 % des personnes concernées, ce que les syndicats considèrent comme «un échec manifeste».

La dimension consultative est également remise en question à cause d’une prise en compte des contributions qu’ils estiment biaisée. Ainsi, 734 réponses identiques portant sur la sauvegarde du système n’ont été considérées qu’une seule fois dans l’analyse qualitative, diluant ainsi l’impact de ces voix individuelles. À leurs yeux, il s’agit d’«une démarche
qui trahit l’esprit même de la consultation». D’autant plus que ces 734 avis vont dans le sens des revendications syndicales qui réclament une pérennisation du système avec de nouvelles recettes.

Pour enfoncer le clou, le coût de l’opération leur semble «difficilement justifiable». Au total, 140 000 euros ont été dépensés afin de récolter les 2 000 contributions, ce qui revient à un montant de 70 euros par réponse.

Les syndicats
mis à l’écart

Pour les détracteurs de «Schwätz mat!», il s’agit autant d’«un coup raté» que d’une «stratégie». Ces derniers pointent du doigt leur marginalisation du débat, en tant que partenaires sociaux, puisqu’ils ont été écartés de la consultation ce qui était, selon eux, motivé par «une volonté d’éviter une opposition trop forte face à un programme politique susceptible de détériorer les acquis sociaux».

La phase de dialogue démarre donc mal. Du moins, la relation entre le gouvernement et les syndicats puisque ces derniers n’ont, à ce jour, aucune idée sur leur participation, ou non, au dialogue. «Depuis nos dernières entrevues en novembre dernier, nous n’avons pas eu d’invitations pour des échanges ou quoi que ce soit», regrette Pitt Bach, membre du bureau exécutif de l’OGBL. C’est pourquoi les syndicats concluent leur communiqué en appelant le gouvernement à «instaurer enfin un véritable dialogue social, impliquant étroitement les partenaires sociaux représentés au conseil d’administration de la Caisse nationale d’assurance pension».

Au travers de cette revendication, le LCGB et l’OGBL s’autodésignent puisqu’ils se qualifient de «véritables experts en la matière par leur rôle de gestionnaire de la CNAP» ainsi que de «représentants légitimes de tous les assurés». Cela permettrait de réparer un tort, car «l’échange aurait dû se faire depuis le début avec les partenaires sociaux», estime le syndicaliste. «Depuis le début, nous n’avons pas compris ni apprécié la façon de faire du gouvernement.»

«On ne sait pas ce qui est prévu»

Pitt Bach déplore également le manque de clarté autour de la phase de dialogue. Ce reproche concerne notamment les réunions de travail du groupe d’experts prévues pour le printemps. «C’est un peu flou quant à ceux qui seront consultés et invités à discuter. Nous ne savons toujours pas qui sont les 30 experts dont ils parlent.»

Avec tous ses éléments en main, les syndicats sont donc sur le qui-vive et scrutent les prochaines décisions. Pour ce qui est de l’objectif du gouvernement de disposer, d’ici l’été 2025, «d’une base solide pour d’éventuelles mesures de réforme», le syndicaliste est moins optimiste : «On ne sait pas ce qui est prévu politiquement, donc c’est très difficile à dire si avant l’été nous pourrons nous mettre d’accord sur quelque chose.» En attendant, «nous faisons de la sensibilisation auprès de nos membres et si nous constatons des détériorations des prestations, c’est clair qu’il y aura une opposition très forte du front syndical».