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Reconnaissance de la Palestine : le Luxembourg dira oui «à 99 %»


Luc Frieden et Xavier Bettel ont obtenu un mandat clair de la part du gouvernement pour acter, la semaine prochaine à New York, la reconnaissance par le Luxembourg d’un État palestinien. 

Interrogés lundi en commission parlementaire, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères ont officialisé l’«intention» du gouvernement de reconnaître un État palestinien. La décision finale tombera la semaine prochaine à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies.

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Le «moment opportun» semble (enfin) être arrivé. Après des années de tergiversation, le Luxembourg se joindra, selon toute vraisemblance, aux pays qui se sont engagés à reconnaître un État palestinien.

Lundi matin, le Premier ministre, Luc Frieden, et le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, se sont présentés devant les députés pour faire part de la conclusion du gouvernement.

L’«intention» de sauter le pas est désormais actée, mais il resterait à attendre les conclusions du sommet sur la solution à deux États, qui sera organisé le 22 septembre par la France et l’Arabie saoudite, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.

«Notre décision est prise à 99 %. Tout dépendra notamment des évènements qui pourraient encore subvenir cette semaine», a affirmé Luc Frieden devant les membres de la commission des Affaires étrangères. Il est cité avec ces mots sur le site de la Chambre des députés. 

«Il nous faut une solution à deux États»

Le chef du gouvernement et le chef de la diplomatie luxembourgeoise ont obtenu un mandat clair de la part des autres membres de l’exécutif conservateur-libéral pour formaliser une décision au bout des tractations à New York. En fin de compte, la dynamique lancée par la France et la situation à Gaza amènent le Grand-Duché à reconnaître la Palestine

«Pour assurer la paix, il nous faut une solution à deux États. Or, on constate que la situation sur le terrain se détériore dramatiquement depuis plusieurs mois. Nous constatons aussi que ni le gouvernement israélien emmené par Benjamin Netanyahu ni le Hamas ne veulent de cette solution à deux États», constate Luc Frieden, cité notamment par nos confrères de la radio 100,7.

Il serait donc urgent de «poser un signal fort» avec une série de pays européens et d’autres pays partageant les mêmes valeurs que le Luxembourg. «Le faire ensemble avec d’autres pays aura un plus grand impact que si le Luxembourg l’aurait fait seul», renchérit le Premier ministre.

Xavier Bettel a rappelé les conditions posées – une libération des otages et un cessez-le-feu – pour formaliser une reconnaissance. «On ne peut plus attendre sur Israël et le Hamas, faute de quoi une reconnaissance par le Luxembourg serait renvoyée aux calendes grecques», a-t-il souligné devant la presse.

Au fil des derniers mois, la position du gouvernement avait progressivement évolué. Fin juillet, le ministre des Affaires étrangères avait cosigné la «déclaration de New York» dans laquelle un certain nombre d’États expriment leur volonté de reconnaître l’État de Palestine.

«Le Luxembourg a aujourd’hui la tendance positive de vouloir faire cette démarche en septembre», avait-il déclaré lors de cette première conférence de haut niveau en faveur de la mise en œuvre de la solution à deux États.

Plus concrètement, les signataires du «New York Call» se sont engagés à «agir collectivement afin de mettre fin à la guerre à Gaza, de parvenir à un règlement juste, pacifique et durable du conflit israélo-palestinien, fondé sur la mise en œuvre effective de la solution à deux États, et de bâtir un avenir meilleur pour les Palestiniens, les Israéliens et tous les peuples de la région».

À l’ONU, un vote positif par 142 pays

Le texte a été officiellement adopté, vendredi dernier, par l’Assemblée générale de l’ONU. La résolution soumise aux 193 membres des Nations unies a obtenu le soutien de 142 pays – dont le Grand-Duché. Dix États ont voté contre, dont Israël et les États-Unis. Douze abstentions complètent le vote, qui reste toutefois symbolique. 

Sur les 193 États membres des Nations unies, 148 reconnaissent déjà l’État de Palestine. Le Grand-Duché devrait donc à son tour rejoindre cette liste, le 22 septembre, avec la France, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie ou encore la Belgique.

La Chambre des députés avait adopté dès 2014 une première motion appelant le gouvernement à reconnaître la Palestine. Ce lundi, les élus du LSAP, de déi gréng et de déi Lénk ont salué que le Luxembourg compte enfin y donner une suite favorable. Le Parti pirate émet des doutes, l’ADR se montre étonné par le revirement de situation.

Vers des sanctions nationales ?

Dans un premier temps, Xavier Bettel avait affirmé que le gouvernement ne disposait pas des moyens pour émettre des sanctions à l’encontre d’Israël. Or, face au constat qu’aucune majorité ne se dégage pour passer à l’acte à l’échelle de l’UE, le ministre des Affaires étrangères semble désormais décidé à changer de stratégie.

Ce lundi 15 septembre, devant les députés, il a mis en perspective un projet de loi instaurant des sanctions, sans toutefois préciser les mesures qui pourraient être prises.

La semaine dernière, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait proposé une suspension partielle de l’accord d’association liant l’UE et Israël, très contestée par plusieurs États membres. Une décision est déjà prise sur la mise en pause du soutien financier bilatéral, à l’exception des projets de la société civile.