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Réactions après les insultes de gilets jaunes contre Alain Finkielkraut


"J'ai ressenti une haine absolue", a raconté le philosophe Alain Finkielkraut. (photo AFP)

« Barre toi, sale sioniste de merde ! » : les violentes injures lancées samedi par des gilets jaunes contre le philosophe Alain Finkielkraut ont suscité ce week-end une vague de condamnations, avant des rassemblements mardi contre l’antisémitisme à l’appel de 14 partis politiques.

« Les injures antisémites dont il a fait l’objet sont la négation absolue de ce que nous sommes et de ce qui fait de nous une grande nation. Nous ne le tolérerons pas », a réagi dès samedi le président Emmanuel Macron. C’était « un déferlement de haine à l’état pur », a décrit le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner », son secrétaire d’État Laurent Nuñez parlant dimanche d' »images terriblement choquantes ».

« Grosse merde sioniste », « nous sommes le peuple », « la France elle est à nous » : les images diffusées ce week-end sur internet et en boucle sur les chaines d’information montrent des manifestants insultant l’académicien croisé près de son domicile à Paris. « J’ai ressenti une haine absolue », a raconté le philosophe au Journal du dimanche. Dans un entretien télévisé, il a cependant affirmé ne pas avoir entendu « sale juif » parmi les insultes qui lui ont été lancées.

Le parquet de Paris a annoncé dimanche l’ouverture d’une enquête pour « injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion ».

«Il le cherchait. On l’avait oublié. C’est réparé»

Cette agression verbale a été condamnée par l’ensemble de la classe politique. Seul à se distinguer, l’avocat Jean-Pierre Mignard, proche d’Emmanuel Macron, a tweeté : « On s’émeut sur les plateaux (…) mais il n’a pas été heureusement frappé, ce qui aurait tout changé. Là, il doit être content. Il le cherchait. On l’avait oublié. C’est réparé ».

À droite, Laurent Wauquiez (LR) a dénoncé « d’abjects crétins », Marine Le Pen « un acte détestable et choquant » commis, selon elle, par « des militants d’extrême gauche ». Et Nicolas Dupont-Aignant (DlF) la « haine » d’un « islamo-gauchisme qu’on a laissé s’installer ».

À gauche, pour l’ancien président François Hollande, « la multiplication des actes antisémites signe une période de régression, indigne de notre pays ».

« On peut détester les idées de Finkielkraut » mais rien ne peut justifier qu’on s’attaque à lui en tant que juif », a déclaré Ian Brossart (PCF). « Je combats ses idées ‘réactionnaires et radicales’ mais je condamne aussi sans réserve ceux qui l’ont conspué, a abondé Benoit Hamon. « Conscient de l’instrumentalisation de l’antisémitisme, je crois aussi qu’il ne faut jamais laisser passer le racisme », a approuvé dimanche Jean-Luc Mélenchon (LFI).

Le gouvernement a «choisi d’instrumentaliser ces actes»

L’Union juive française pour la paix a elle aussi estimé que le gouvernement avait « choisi d’instrumentaliser ces actes contre les gilets jaunes », exigeant des « réponses sociales et démocratiques » au mouvement.

L’agression du philosophe et les images de policiers visés par des projectiles pourraient entacher le mouvement des « gilets jaunes ». Une majorité de Français (52%, +15 points) estime désormais qu’ils doivent cesser « leurs actions », selon un sondage Ifop publié par le JDD.

Pour Jacline Mouraud, figure historique du Mouvement en rupture de ban, il s’agit d’une « agression inacceptable ». Pour elle, le mouvement est « dénaturé de ses fondamentaux initiaux et perverti par les extrêmes ».

«Il ne faut pas faire d’amalgame»

« On fait souvent d’un cas isolé une généralité. Mais c’est un cas isolé », a relativisé une autre figure du mouvement Ingrid Levavasseur, présente dimanche aux Champs-Élysée, avant d’être exfiltrée face à l’hostilité d’autres « gilets jaunes ».

Pour le porte-parole du gouvernement, Benjamin Grivaux, « il ne faut pas faire d’amalgame » entre ceux qui manifestent sincèrement et des insultes antisémites.

Face à l’augmentation de 74% des actes antisémites en 2018, avec encore récemment de nouvelles dégradations dont la découverte d’une croix gammée barrant le visage de Simone Veil, 14 partis politiques, dont le Parti socialiste, La République en marche, Les Républicains, rejoint depuis par LFI, ont invité les Français à se réunir mardi partout en France, notamment place de la République à Paris, pour dire « Non à l’antisémitisme ». La RN a lui dit soutenir « toutes initiatives », déplorant de ne pas avoir été associé.

 

AFP