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Rayan Berberi : ses premières minutes en Jupiler Pro League ?


Que vaut Berberi? On va le savoir déjà un peu d’ici au printemps.

Rayan Berberi, 18 ans, devrait passer toute la deuxième partie de la saison en équipe 1 du Standard de Liège. De la graine de Roude Léiw ? C’est compliqué.

C’est nouveau, le Standard de Liège est un club luxembourgeois ! Voilà pour le concept choc, et maintenant que vous l’avez intégré, voici la réalité, pour que vous compreniez que ce que vivent les Rouches n’est pas si éloigné des considérations d’un coach de BGL Ligue chaque week-end : ce club manque de joueurs, belges ou assimilés, formés localement.

Comme cela arrive souvent en DN, finalement. Avec les départs programmés des deux leaders techniques de l’équipe, Nicolas Raskin et Selim Amallah, deux «locaux» qui ont refusé de prolonger leur contrat et partiront pour des sommes dérisoires cet hiver (il faudra brader ou les deux garçons partiront libres l’été prochain), les Rouches sont confrontés à un problème monumental lié à ce manque.

Puisqu’il leur faut respecter les nouveaux règlements de l’URBSFA qui les obligent à aligner au moins six «Belges» sur dix-huit joueurs pour chaque match de D1, la porte s’est ouverte en grand pour tous les petits jeunes de la réserve, qui évolue à l’échelon inférieur. Parce que la situation, déjà tendue, est devenue critique.

Cette nouvelle donne, l’intégration des petits jeunes, est forcée, mais aussi souhaitée. Les caisses sont vides et le technicien norvégien Ronny Deila, ancien coach de Maxime Chanot à New York, l’a dit dans une interview récente : «On n’a pas d’argent à dépenser, il faut le dire. Aujourd’hui, notre boulot, c’est de développer nos talents. Et une fois qu’ils le sont, l’idée est de les vendre pour continuer à faire grandir le club. Aujourd’hui, on doit former nos talents plutôt que d’aller en chercher ailleurs.»

Rayan Berberi, 18 ans, «fait clairement partie des cinq ou six plus grandes promesses du club et c’est évident qu’ils misent sur lui» dixit Didier Schyns, journaliste Sudpresse spécialiste des Rouches. Et il tombe donc au bon endroit au bon moment.

Pas en Espagne… mais pas au Portugal

S’il n’a pas été convié au stage en Espagne, à cheval sur novembre et décembre, le milieu de terrain offensif des U21 luxembourgeois s’est depuis rattrapé : présent sur le banc contre la Gantoise le 23 décembre pour le dernier match de championnat du Standard en 2022, il s’entraîne avec l’équipe première depuis le début de l’année 2023 et n’en quitte plus les séances.

Si bien que, quotas pris en compte, il a ce soir, contre Saint-Trond, en match avancé de la 19e journée, six chances sur sept d’être sur la feuille de match en tant que «formé localement» (il est arrivé en juillet 2019 en provenance du FC Metz). Celles d’entrer en jeu pour faire ses grands débuts à Sclessin sont par contre limitées, puisqu’à son poste de n° 8 ou 10, la concurrence est sévère et il ne devrait être qu’un quatrième ou cinquième choix.

Concrètement, Berberi mérite pourtant d’être vu enfin à ce niveau. En D2 belge, avec les espoirs liégeois, il est devenu incontournable, multiplie les bonnes performances dans un rôle de meneur de jeu et a même ponctué sa fin d’année d’un but sublime, une frappe en lucarne de l’extérieur de la surface le 26 novembre, contre Deinze. Au début du mois, Luc Holtz avait expliqué que cela ne suffisait de toute façon pas à le rendre éligible aux Roud Léiwen : «La D2 belge, ce n’est pas un niveau assez important quand on voit où évoluent nos joueurs désormais.»

La donne changera-t-elle vite si Berberi prend du temps de jeu d’ici à fin mai ? La question est très théorique, dans la mesure où il est d’ores et déjà écrit que ses minutes seront par principe limitées et que ce genre de situation est en général assez rébarbative pour le sélectionneur, qui considère qu’à son âge «on doit jouer!». Holtz ayant déjà dit qu’il n’y a pas d’amicaux en 2023 pour superviser qui que ce soit et qu’il ne changera pas grand-chose à son groupe pour les éliminatoires de l’Euro-2024. Il faudra donc vraiment que Berberi frappe très fort pour s’intégrer au niveau national.

Formé pour être vendu (cher)

Sa situation est donc bancale. Joueur de D1 avec peu de chances d’y goûter dans l’immédiat, Berberi ne s’entraîne plus avec la réserve (il ne fera d’ailleurs pas le stage avec les espoirs en Algarve, du 8 au 15 janvier) et ne pourra donc pas postuler facilement à des matches de D2, même quand il restera sur le banc avec la première. Déjà parce qu’il faut que le match de la réserve ait lieu après celui de la première, mais aussi parce qu’il n’aura pas fait la mise en place avec la B, qui dispute tout de même un championnat professionnel, contre des adultes. Il pourrait donc y gagner énormément… ou y perdre énormément.

Le Standard, en tout cas, s’en soucie. Lui qui a dans le passé fait beaucoup d’argent avec des garçons de son académie comme Axel Witsel, Marouane Fellaini ou Eliaquim Mangala, doit retrouver des garçons pour faire du cash. Il n’a plus revendu de joueurs à plus de 5 millions d’euros depuis Hugo Siquet (Fribourg) ou Michel-Ange Balikwisha (Antwerp) et doit recréer les conditions de son enrichissement.

Berberi, comme d’autres moins de 18 ans triés sur le volet, est un investissement. Les Rouches doivent retrouver des jeunes bankables et leur petit Luxembourgeois, en fin de contrat en juin, devrait se voir proposer quelque chose d’autre assez vite. Le début de la grande vie pour un jeune talentueux qui s’élance? Ou un pas en arrière pour un garçon qui, justement, commençait à s’épanouir à un échelon parfait pour sa croissance ?