La police grand-ducale a publié son rapport d’activités 2021. La pandémie et les contrôles routiers ont occupé en grande partie la police administrative tandis que leurs collègues de la police judiciaire ont fait face à une hausse globale des infractions.
Publié ce jeudi 4 août, le rapport de la police grand-ducale revient sur toutes les activités des forces de l’ordre durant l’année 2021. Ses 2815 membres, dont 557 femmes, sont répartis en deux grandes familles : la police judiciaire et la police administrative.
La mission de la première consiste à constater des infractions, rassembler des preuves et retrouver les auteurs. Elle a eu ainsi affaire à 1 147 cambriolages en maisons habitées (+6,6 % par rapport à 2020) et 502 dans des bâtiments non-habités, (-10,7 %). En outre, 1 226 vols dans des véhicules et 229 vols de voitures ont été recensés. Si les chiffres restent stables sur ces deux infractions, le vol de vélo a au contraire pris de l’ampleur et augmenté de 36,1 % par rapport à 2020 s’établissant à 987 en 2021. Les vols avec violence, 505 sur l’année écoulée, connaissent eux aussi une forte hausse de 20,2 %.
Le budget de la police grand-ducale s’élève à 289 134 951 euros. Une somme conséquente, en augmentation de 8,26 %, allouée à 79 % au frais de personnel. La hausse s’explique notamment par un recrutement soutenu au niveau du personnel policier et civil. Cette tendance devrait se confirmer dans les années à venir, le gouvernement souhaitant renforcer les effectifs.
Des infractions en hausse
Avec 42 875 infractions la délinquance globale a augmenté de 6,8 % et le nombre d’affaires (qui peuvent comporter plusieurs infractions), 30 213 en 2021, de 4,5 %. Néanmoins on note une diminution de certains types d’infractions par rapport à 2020 : -2,8 % pour les interventions liées aux violences domestiques (917) et -18,3 % pour les stupéfiants (3 773). Le taux d’élucidation recule également passant de 56,7% à 53,3 %.
La Répression du grand banditisme et vols organisés observe aussi un retour des groupes criminels étrangers. Plusieurs grosses affaires ont été élucidées comme des destructions par explosif de distributeurs de billets, une série de hold-up dans des stations-services ou des vols à l’étalage commis en bandes organisées dans divers magasins.
Le service Criminalité générale est de son côté très occupé par les délits d’abus de faiblesse. Courant 2021, 37 nouvelles enquêtes ont été entamées à ce sujet. Ces dernières sont souvent longues et complexes en raison de la démence fréquente des victimes, l’urgence due à leur âge avancé et la multitude d’intervenants (banques, notaires, médecins). 24 enquêtes ont aussi été menées en relation avec des escroqueries liées à de faux certificats Covid-19, la vaccination et la vente de masques de protection.
965 nouvelles affaires pour la Protection de la jeunesse
La section Infractions contre les personnes, qui regroupe les homicides, morts suspectes, disparitions inquiétantes, prises d’otages…, a vu son nombre d’affaires plus que doubler passant de 58, en 2018 année de sa réorganisation, à 118 l’année dernière. Les tentatives de meurtre
et de morts suspectes ont effet considérablement augmenté.
La section protection de la jeunesse et infractions à caractère sexuel est responsable, entre autres, des abus sexuels et des infractions graves contre les mineurs, de la pédopornographie, la maltraitance d’enfants, ainsi que de la délinquance juvénile. La section a traité en tout 965 nouvelles affaires en 2021. Après une baisse en 2020 des cas de maltraitance contre mineurs et de la délinquance juvénile, suite à la pandémie, ces dernières ont repris en 2021 dépassant les chiffres de 2019 de presque 35 %.
L’Immigration a reçu 1 255 demandes de protection internationale, des chiffres en hausse par rapport à 2020 mais toujours à un niveau bien
inférieur par rapport aux années « préCovid ». La Syrie, l’Erythrée et l’Afghanistan représentaient 60% des demandeurs. 398 mesures de placement ont été prononcées, dont 195 prolongations, 5 personnes ont été refoulées et 53 autres rapatriées.
La mouvance d’extrême-droite toujours active
La section antiterrorisme s’occupe notamment des faits d’incitations à la haine, qui se retrouvent principalement dans la mouvance
de l’extrême-droite et sont propagés essentiellement via les réseaux sociaux. 188 dénonciations ont été relevées en 2021 (contre 191 en 2020)
dont 68 faits « judiciarisés » par une enquête et un rapport au Parquet. On y retrouve plusieurs cas d’antisémitisme et de négationnisme.
La police note aussi une radicalisation en ligne de plus en plus forte, notamment chez les plus jeunes. Enfin la crise sanitaire a également entraînée une radicalisation puissante et rapide chez les anti-vax, qui ont parfois évolué vers un mouvement anti-gouvernemental et anti-système.
Une explosion de la criminalité financière
La criminalité économique et financière s’est largement développé à l’échelle internationale et le département qui lui est dédiée a connu une augmentation d’environ 75% de nouvelles affaires par rapport à l’année précédente. Huit nouvelles personnes ont donc été embauchées au sein de ce service.
L’année écoulée a été était marquée par une forte augmentation des activités bancaires illicites via des sites internet proposant des services d’investissement. Les escroqueries financières, les banqueroutes et abus de bien sociaux, les escroqueries fiscales et de subventions ont également pris de l’ampleur.
Le Covid, nouvelle mission de la police administrative
La police administrative veille au maintien de l’ordre public, à la prévention des infractions, à la protection des personnes et des biens, ainsi qu’à l’exécution des lois. Ces dernières années, le respect des mesures de lutte contre le Covid est venu se rajouter à ces missions. Ses agents ont ainsi effectué quelques 9 500 contrôles spécifiques lors desquels 3 900 avertissements ont été établis.
Au niveau routier, 6 600 chauffeurs ont subi un contrôle d’alcoolémie tandis qu’environ 6 000 autres contrôles ont eu lieu dans le cadre de campagnes de sécurité routière. Au total, 1 630 permis de conduire ont été retirés en 2021 (80 % à cause de l’alcool, 20 % pour la vitesse).
Elle a aussi participé à de nombreuses campagnes de prévention sur des sujets aussi variés que les cambriolages, les escroqueries, le harcèlement, les violences sexuelle ou la sécurité routière.
Comme dans de nombreux autres domaines, les citoyens peuvent réaliser de plus en plus de démarches en ligne auprès de la police. Il est ainsi possible de déposer plainte pour certains cas de figure bien précis, sans devoir se déplacer dans un commissariat. Environ 7 800 dossiers ont été déposés en 2021, soit 40 % de plus qu’en 2020. La moitié concernait les vols simples, l’autre les déclarations d’objets perdus.