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Radon au Luxembourg : les concentrations radioactives inquiétantes


Les mesures effectuées par le service de la Radioprotection à Wahl sont plus élevées qu'attendu. (photo Didier Sylvestre)

Les résultats du projet pilote mené cet hiver dans la commune de Wahl ont été présentés lundi. La concentration du radon, et donc la radioactivité, y est parfois très inquiétante.

Les messages ont parfois du mal à passer. Difficile de comprendre pourquoi. «Si vous faites une conférence sur les ondes électromagnétiques, la salle sera pleine. Alors que si vous en faites une sur le radon, il n’y aura pratiquement personne», soupire Patrick Majerus le chef de la division de la Radioprotection du ministère de la Santé. Pourtant, les risques sont inversement proportionnels à la fréquentation de ces deux réunions.

«La nocivité des ondes n’est toujours pas scientifiquement prouvée alors qu’en ce qui concerne le radon, cela ne fait aucun doute», assène le spécialiste des questions sur le nucléaire. Dans le cadre de la journée européenne du Radon, la ministre de la Santé, Lydia Mutsch, a rappelé lundi que ce gaz radioactif dérivé de l’uranium et présent dans les roches était la deuxième cause de cancer du poumon après le tabac, «cela concerne une vingtaine de cas tous les ans». La présence des deux facteurs est d’ailleurs une autoroute vers la maladie.

«Un tiers de la population est potentiellement touchée par la concentration du radon», a expliqué Lydia Mutsch. La moitié nord du pays est la plus exposée car elle est posée sur un socle de granit et de schiste, deux roches qui comportent de l’uranium. Le risque de voir le radon s’échapper par des failles ou la porosité du sous-sol et ainsi se concentrer dans les pièces de vie des maisons est donc réel.

Concentrations très élevées dans 1% des cas

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Pour bien mesurer le danger, la division de la Radioprotection a mené cet hiver un projet pilote sur la commune de Wahl, juste au sud du lac d’Esch-sur-Sûre. En tout, deux exposimètres ont été disposés dans 378 maisons des six localités. Ce tout petit appareil contient un filtre qui sera traversé par les rayons alpha produits par le radon. En comptant le nombre de trous, on obtient le nombre de becquerels (unité de mesure de la radioactivité) dans la pièce.

Les résultats présentés démontrent l’impérieuse nécessité de prendre la question très au sérieux. «Les quantités observées sont un peu plus élevées qu’attendu», reconnaît Patrick Majerus. Selon les villages, les moyennes tournent entre 150 et 250 becquerels par mètre cube (Bq/m3) dans chaque maison, mais dans 30 % d’entre elles, le seuil de référence fixé à 300 Bq/m3 est dépassé. Pire, des concentrations très élevées (jusqu’à 2 700 Bq/m3) ont été constatées dans 1% des maisons. Pour éclairer l’impact de cette exposition, Patrick Majerus a expliqué qu’elle correspond à 40 % de ce qu’endurerait un habitant situé près de la frontière française en cas d’accident grave dans la centrale nucléaire de Cattenom.

«Nous estimons qu’un millier de logements présentent des valeurs supérieures à 1 000 Bq/m3», affirme la ministre. Les mesures les plus élevées sont observées dans les maisons anciennes qui ne possèdent ni dalle bétonnée en sous-sol ni système d’aération mécanisée. «Un risque particulier existe aussi dans le cas des maisons anciennes rénovées, ajoute Marielle Lecomte, responsable du laboratoire du service de la Radioprotection. Car le radon qui vient du sol se retrouve bloqué à l’intérieur de ces bâtiments bien isolés.»

Des mesures simples pour se protéger

Pourtant, le radon n’est pas une fatalité. Le plus souvent, il suffit de peu de choses pour faire retomber les valeurs dans des niveaux inoffensifs. Travailler sur l’aération de la maison et sur l’étanchéité des zones d’entrée du radon (sol, canalisations…) ne sont pas des chantiers envahissants ou très coûteux, mais sont des mesures efficaces.

Un plan d’action national est d’ailleurs en phase d’élaboration. Il permettra de systématiser la reconnaissance des habitations sensibles et d’accompagner les propriétaires pour qu’ils effectuent les modifications nécessaires de protection contre les effets nocifs de ce gaz radioactif. Il est également prévu de sensibiliser le secteur du bâtiment (des architectes aux constructeurs) aux risques de la concentration du radon et aux moyens d’y remédier. Une telle entreprise avait été menée en 2006 avec l’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils, mais elle n’avait alors été suivie que de peu d’effets…

Erwan Nonet

Quiconque le souhaite peut demander à ce que le service de Radioprotection vienne installer gratuitement des exposimètres à son domicile par tél. : 24 78 56 71 ou courriel : laboratoire.radioprotection@ms.etat.

Un commentaire

  1. Pour info une start-up Française a développé un appareil qui détecte en temps réel l’entré du gaz radon et gère en parallèle une ventilation.
    Pour tout renseignement contactez
    DIAL-AYKOW TEL 00 33 9 82 24 21 05