La justice allemande a annoncé lundi avoir renoncé à poursuivre le patron de Facebook suite au dépôt d’une plainte dans le pays l’accusant de laxisme face aux « incitations à la haine » sur le premier réseau social mondial.
La plainte avait été déposée par un avocat allemand en 2016. Il reprochait à Mark Zuckerberg et à neuf autres dirigeants de Facebook d’être trop tolérants vis-à-vis des contenus racistes.
L’avocat, Chan-jo Jun, qui s’est spécialisé dans ce type d’affaires, avait fait parvenir à la justice des copies d’écran de 442 posts contenant des messages haineux qui n’avaient pas été supprimés par Facebook ou que partiellement.
« Omettre de supprimer rapidement des posts illégaux sur une plateforme internet ne constitue une infraction au plan pénal de la part des dirigeants du groupe Facebook », a souligné le parquet de Munich, compétent sur le dossier.
La plainte avait été déposée contre les dirigeants car le droit allemand ne prévoit pas la poursuite de personnes morales. Ce dossier judiciaire s’inscrit dans le cadre d’un bras de fer plus large engagé par les autorités allemandes avec le géant américain, accusé depuis plusieurs années de ne pas suffisamment respecter le droit européen en termes de protection des données personnelles, mais aussi de ne pas assez s’investir dans la lutte contre les propos haineux en ligne.
L’Allemagne s’est récemment dotée d’une des lois les plus strictes d’Europe sur ce sujet. Elle menace d’amendes pouvant aller jusqu’à 50 millions d’euros les grands réseaux sociaux s’ils ne retirent pas rapidement les propos haineux ou les fausses informations de leurs plateformes.
Cette initiative avait été prise notamment après une envolée des commentaires haineux sur internet dans le pays suite à l’arrivée de plus d’un million de migrants en 2015 et 2016. Désormais, les opérateurs des réseaux sociaux ont 24 heures pour retirer tout commentaire marqué par les usagers comme outrancier et considéré comme violant la Constitution allemande.
Cela concerne les propos racistes, antisémites, incitant à la violence en particulier. Mais fortement critiquée, cette loi pourrait prochainement être modifiée. Ses détracteurs, à gauche comme à droite, dénoncent un texte liberticide qui aboutit à restreindre la liberté d’expression et surtout à confier aux géants de l’internet le rôle de censeur.
Sa modification pourrait intervenir au printemps une fois que les plateformes d’échange sur internet comme Twitter, Facebook ou Youtube auront rendu public des rapports listant les messages qu’elles ont supprimé et les raisons pour lesquelles elles l’ont fait.
Le Quotidien/ AFP