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Quatre associations de frontaliers fondent une confédération européenne


Après des discussions commencées en juillet dernier, quatre associations ont officialisé leur collaboration en cofondant une confédération pour défendre les travailleurs frontaliers européens.

Une confédération des frontaliers européens a officiellement vu le jour hier afin de défendre d’une seule voix les intérêts de travailleurs frontaliers au Luxembourg, en Allemagne et en Suisse.

Dans nos pages en novembre dernier, Georges Gondon, président de la jeune ASBL Frontaliers Luxembourg, soulignait le fait «que nous avions probablement intérêt, en tant que travailleurs frontaliers des différentes zones, à nous fédérer». Ce dernier, frontalier belge et membre du feu Conseil national pour étrangers, faisait référence à ses homologues voués à la défense des frontaliers suisses qui venait de lancer un recours en justice contre le nouveau calcul du chômage, abandonné depuis, des frontaliers français.

Bien que la bataille contre cette mesure décriée n’ait finalement jamais eu lieu, le vœu d’union n’est pas resté vain, loin de là. Et pour cause, il a pris la forme d’une Confédération européenne des frontaliers (CEF) dont le lancement a été annoncé hier. Forcément, Georges Gondon et son association luxembourgeoise sont de la partie, accompagnés de son voisin Pascal Peuvrel, président de l’Association des frontaliers au Luxembourg (AFAL) à Thionville, ainsi que de deux collectifs pour les travailleurs français en Suisse et Allemagne : l’Amicale des frontaliers et l’Association d’aide aux frontaliers.

De Luxembourg à Genève, cette nouvelle entité promet d’être un interlocuteur clé des instances européennes, helvétiques et grand-ducales pour, au total, près d’un demi-million de travailleurs frontaliers.

«Les États se replient sur eux-mêmes»

«Comme je dis toujours, nécessité fait loi», déclare Georges Gondon au sujet de la création de la CEF. «C’est-à-dire que l’on se rend compte qu’au fur et à mesure au niveau européen, les États se replient sur eux-mêmes et les premiers qui en sont impactés sont les travailleurs frontaliers qui se retrouvent, du jour au lendemain, dans un contexte d’instabilité.»

Afin de contrebalancer les gouvernements et leurs numéros de solistes, au détriment des frontaliers, les quatre associations ont donc décidé d’appliquer l’illustre proverbe de la force par l’union. L’objectif commun des organisations alsaciennes, mosellanes et luxembourgeoises est double : viser des avancées concrètes et durables pour les travailleurs, tout en les défendant des complexités fiscales et sociales.

Les sujets sur la table étant communs mais les acteurs locaux, les fondateurs ont décidé d’appliquer le modèle de confédération afin de mener à bien leur combat. «Personnellement, ce serait compliqué pour moi d’aller aborder un sujet qui touche les Suisses», illustre le président de l’ASBL Frontaliers Luxembourg, alors nous avons choisi une structure dans laquelle les gens se mettent d’accord sur un certain nombre de sujets et qui pour le reste sont relativement indépendants.»

La CEF fonctionne avec un système collégial où l’«on décide quand on se réunit, on décide d’avoir certains projets et on décide qui agit, d’une manière ou d’une autre». En dehors, chaque membre continuera donc d’agir pour les travailleurs de son territoire, la confédération étant «un plus» dans leurs engagements.

S’exprimer au-delà des limites nationales

Dans le communiqué de lancement, les trois premiers enjeux sont déjà annoncés : l’indemnisation du chômage au niveau national et européen, les cotisations CSG-CRDS des polypensionnés et le télétravail. Pour défendre la voix des frontaliers, les membres fondateurs jurent par la richesse du partage d’informations mais pas seulement. «Une fois que vous avez l’information, vous en faites quoi ? Là, je pense que ce qui va nous différencier, c’est l’action», affirme Georges Gondon.

Il cite comme exemple les tables rondes qu’il a organisées au Parlement européen avec son homologue français Pascal Peuvrel à la suite de la loi décriée, votée en juillet 2010, interdisant le droit à la bourse d’études au Grand-Duché pour les enfants de frontaliers. «Intervenir ne veut pas dire bloquer les rues. Cela veut dire prendre contact avec les instances publiques, avec des analyses mais aussi nos revendications.»

Ensemble, les associations ambitionnent donc d’être entendues dans les débats bien au-delà du cadre national, en remplissant une chaise jusque-là restée vide selon Georges Gondon : «Toutes les structures, qu’elles soient syndicales ou patronales, sont toujours limitées à un territoire qui est, au maximum, national donc chacun s’adresse à ses électeurs».

La CEF, elle, ne compte pas se limiter au Luxembourg, à la Suisse et l’Allemagne. Le frontalier belge prédit par exemple que l’Espagne pourrait être également concernée, car «on constate que de plus en plus de Français partent y travailler, surtout dans la construction et donc ils seront confrontés aux mêmes situations que nous».