Jeudi avait lieu la première journée portes ouvertes destinée à faire découvrir les nouveaux logements dits «abordables» du quartier Nonnewisen. Durant trois heures, potentiels acheteurs et simples curieux ont déambulé dans les appartements flambants neufs.
Se garer dans le quartier de Nonnewisen, à Esch-sur-Alzette, était mission impossible hier après-midi. D’ordinaire très calme, le lieu – également appelé «Wunnen am Park» – était cette fois-ci animé. Fascicule dans une main, poussette dans l’autre, de nombreuses familles se promènent au sein de la rue Guillaume-Capus, boulevard principal des environs. D’un pas décidé, toutes semblent se diriger vers le même endroit, au numéro 52. Devant la résidence, salariés communaux et employés du Fonds du logement accueillent avec le sourire les intéressés. Sous ce ciel grisâtre, l’ambiance n’était donc pas à la balade, mais plutôt à la découverte. Durant trois heures, ils ont pu visiter les nouveaux logements abordables de la commune, mis en vente dès cet été. Dans le contexte de la crise du logement touchant le Grand-Duché, cet évènement était aussi l’occasion pour le public de soumettre questions et inquiétudes aux responsables du projet. Les absents pourront se rattraper lors de la seconde journée, qui aura lieu demain, de 10 h à 16 h.
«Nous devons revoir nos ambitions à la baisse»
Rebecca Fagot, employée communale pour la ville, affiche un large sourire. Cela fait plusieurs mois que la frontalière travaille sur ce projet. Au sein du service de développement urbain, elle a imaginé les lieux. Elle a œuvré quant aux agencements des biens, et pris part à d’innombrables discussions sur le dossier. Alors, au moment de faire visiter les 45 appartements et triplex, sa connaissance en est parfaite. «Je pense qu’ils ont tout pour plaire. Leurs étiquettes de logements abordables peuvent permettre à de nouveaux foyers de devenir propriétaires. La résidence, elle, est conçue pour se transformer en un lieu de vie commun», s’enthousiasme-t-elle.
Voici tout le projet de ce nouvel îlot. Des appartements rentrant dans la loi du logement abordable, sous des baux emphytéotiques. «Pour être concis, les acheteurs deviennent propriétaires des murs, mais pas du terrain. En contrepartie, ils devront payer une redevance annuelle, en fonction de la surface habitable», explicite sa collègue Jessica Kreib.
Des conditions précises, réfléchies afin de réduire le prix d’achat des logements familiaux, devenu inaccessible pour bon nombre de ménages. «Cela fait trois ans que nous voulons une maison, mais c’est impossible, tout est trop cher. Aujourd’hui, nous devons passer par les aides gouvernementales, ou changer de pays» se désespère Christian. D’origine italienne, lui et sa femme rejoignent le Luxembourg il y a six ans, des espoirs plein la tête. Entretemps, inflation, crise du logement et hausse des taux bancaires freinent leurs rêves. «Nous devons revoir nos ambitions à la baisse. Aujourd’hui, on est bloqués. En Italie, au prix de ces appartements, nous aurions un château», s’exclame-t-il. Alors, comme beaucoup de participants, le couple s’interroge et perd espoir.
Questionnement et inquiétude
Les huit différents stands de renseignements et d’information, étalés sur l’ensemble du site, font carton plein. Tenus par les membres du Fonds du logement, ils permettent aux visiteurs d’obtenir des réponses à leurs nombreuses questions et inquiétudes. Pris de court, les employés de l’enseignement public peinent à souffler. «Il y a plus de monde que prévu», s’amuse l’un d’entre eux. Avant de poursuivre, d’un ton plus sérieux : «C’est l’achat d’une vie, alors c’est normal de les rassurer. Nous leur expliquons le processus à suivre pour candidater. S’ils obtiennent un certificat d’éligibilité et un prêt, ça devrait le faire». Des démarches qui prennent – pour certains — la forme d’un parcours du combattant.
C’est le cas pour Tarik, cuisinier à Luxembourg : «Cela fait cinq ans que je cherche à obtenir un prêt, mais la banque me le refuse». Alors, en attendant, lui et sa femme louent un appartement à hauteur de 1 500 euros par mois au sein de la capitale. Une «fortune», dont ils aimeraient se détacher. «Nous avons obtenu le certificat d’éligibilité. Désormais, on espère que cela jouera dans la balance.» Fournie par les aides au Logement, l’obtention du document est définie vis-à-vis des revenus des ménages. «On vient d’en bas, et ici, peu de choses sont faites pour nous. Devenir propriétaire, on veut s’autoriser à en rêver», martèle le Bruxellois d’origine. Si les décisions vont dans le bon sens, Tarik devra soumettre une candidature, d’ici le 16 septembre. Espérer ensuite que son dossier soit retenu pour, dans quelques mois, emménager dans l’un des 45 appartements, ce qui «pourrait changer sa vie».