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Quartier Gare : un dealer présumé passe à table


«On vous voit vous mettre à couvert avec ces personnes qui ressortent ensuite en regardant une dose dans la paume de leur main», a précisé la juge au prévenu. (photo archives LQ)

La drogue qu’il s’apprêtait à vendre a atterri dans son estomac. Un dealer présumé est jugé pour la vente de plusieurs boules de cocaïne dans le quartier Gare.

C’est une affaire comme le tribunal d’arrondissement de Luxembourg en traite plusieurs fois par semaine. Celle d’un dealer présumé arrêté en flagrant délit de vente de stupéfiants dans le quartier Gare à Luxembourg. Cette fois, il s’appelle Bala, a 24 ans, est né au Nigeria et habite à Metz. Rien de bien différent des autres dealers présumés régulièrement traduits en justice.

La plupart ont moins de quarante ans, sont d’origine africaine et résident en Lorraine, le long de la frontière luxembourgeoise. Tous les jours, parfois malgré une interdiction de territoire, ils prennent le train pour rejoindre Luxembourg et exercer leur commerce illicite.

Bala s’est fait pincer au mois de juillet dernier. Une patrouille de police l’a arrêté après une vente de cocaïne. Deux boules pour «40 ou 60 euros», a reconnu le jeune homme aux dreadlocks mercredi matin face à la 16e chambre correctionnelle. D’après les observations des policiers, il aurait cependant vendu bien plus.

Selon les images enregistrées par Visupol, le réseau de caméras de surveillance à des fins policières, Bala a servi quatre clients ce jour-là. «On vous voit vous mettre à couvert avec ces personnes qui ressortent ensuite en regardant une dose dans la paume de leur main», a précisé la juge.

Confronté à cette preuve, le prévenu est revenu sur ses aveux. Il disait avoir «vendu à une seule personne. Un homme noir que je croisais parfois à la gare. Je ne connais pas son nom. Il n’a rien à voir avec le trafic.»

Bala a vendu plus que deux boules et avait encore de quoi servir un certain nombre de consommateurs. Les policiers ont remarqué qu’il déglutissait, avalant probablement quelque chose à leur approche. Un signe que les dealers ont quelque chose à cacher. En l’occurrence, 26 boules de cocaïne expulsées plus tard à l’hôpital et 1,7 g de marijuana, «pour ma consommation personnelle».

En le fouillant, les policiers ont trouvé un smartphone et 97 euros. «80 euros m’appartenaient et le reste vient de la vente», s’est contredit le jeune homme. Il explique travailler au noir comme coiffeur pour gagner un peu d’argent.

Une peine dissuasive

Il jure n’être revenu au Luxembourg que «pour faire du shopping» depuis son arrestation. Il promet, à la juge qui lui a conseillé de rester éloigné «du milieu», de ne plus traîner dans le quartier Gare. «Avant, j’étais moi-même consommateur. Aujourd’hui, c’est fini. Je cherche un travail pour avoir une vie meilleure.» Le prévenu ne souhaite pas retourner en prison.

Selon la représentante du parquet, il a déjà fait, l’an dernier, un séjour derrière les barreaux entre janvier et février pour vente de stupéfiants ainsi qu’un autre en détention préventive entre le 31 juillet et le 18 septembre dans le cadre de la présente affaire, ajoute son avocat, Me Says.

La magistrate a retenu que le prévenu devait être reconnu coupable de vente et de détention de stupéfiants ainsi que du blanchiment du produit de cette vente. Elle refuse de croire que l’argent qu’il avait en poche au moment de son arrestation provenait de son activité de coiffeur.

Vingt-quatre mois de prison et une amende constituent pour elle une peine appropriée à prononcer contre le prévenu. Me Says a encouragé le tribunal à rester en deçà de cette durée, à assortir la peine du sursis intégral et à faire l’impasse sur une amende pour éviter tout risque de récidive de la part de son client.

Sans revenus financiers fixes, il pourrait être tenté de vendre des stupéfiants à nouveau pour payer cette amende. Le sursis pendant devrait à lui seul avoir un effet dissuasif sur Bala, a indiqué l’avocat, qui a également réclamé la restitution d’une partie des 97 euros saisis lors de son arrestation.

Le prononcé est fixé au 2 avril.