Le ras-le-bol des riverains du quartier Gare est monté d’un cran alors que drogue et prostitution s’étalent partout en plein jour. L’échevine Corinne Cahen comprend leur souffrance.
Ils sont recroquevillés sur le sol carrelé des entrées des commerces, des résidences, certains déjà partis dans leur trip, d’autres en train de se faire un shoot. Toutes les photos et vidéos prises par les riverains du quartier Gare sont édifiantes et témoignent d’une aggravation de la situation, selon les membres du groupe WhatsApp qui s’est formé le 15 juillet pour organiser une grande manifestation le 23 septembre.
Corinne Cahen, échevine à Luxembourg, qui compte parmi ses attributions les affaires sociales et l’intégration, est chez elle dans ce quartier mal famé où elle a retrouvé son commerce, avenue de la Liberté. «Bien sûr que l’on a toujours connu des drogués et des prostitués dans ce quartier, mais aujourd’hui on voit des dealers et des drogués partout qui se piquent en pleine journée dans les rues», constate-t-elle.
Le plus effrayant pour elle, et c’est aussi la priorité absolue pour la Ville de Luxembourg, c’est la situation «intolérable», autour de l’école de la rue du Commerce où s’étale toute la déchéance humaine. «Je suis en train d’écrire un papier que je vais soumettre à Lydie Polfer et aux membres du conseil échevinal dans lequel je formule des propositions pour assainir le quartier», nous informe Corinne Cahen.
Elle observe tout ce qui se passe ces derniers temps avec, surtout, la récente agitation autour du commissariat de police de la gare, secoué par un scandale avec quatre fonctionnaires en détention préventive. L’échevine est la première à comprendre la frustration des policiers en poste qui revoient, le lendemain dans la rue, celui ou celle qu’ils ont interpellé(e) la veille. «Le problème de la gare est un problème complexe qui demande une solution commune. C’est facile de rejeter la faute sur la Ville, qui la rejette sur la police qui, elle, accuse la justice de ruiner leurs efforts», observe Corinne Cahen.
Bien sûr, se pose aussi la question de l’immigration. Des centaines de sans-papiers sont dans la nature après avoir été déboutés de leur demande de protection internationale. Le recensement réalisé par le ministère de la Famille sur les sans-abri a montré que la majorité d’entre eux étaient des sans-papiers. «Ils sont déboutés, mais n’ont pas envie de rentrer chez eux et vivent dans l’illégalité», a pu constater l’ex-ministre.
La solution ne peut pas venir de la police seule, ou de la Ville, ou de la justice, il faut une solution politique imaginée en commun pour espérer sortir le quartier de l’insécurité qui est devenue quasi permanente.
«Rue par rue»
«Il faut se mettre à la place de ceux qui nettoient les déchets de toutes sortes devant leur porte le matin en sortant de chez eux ou en ouvrant leur commerce. La situation empire alors que le quartier, réputé pour ses dealers, attire aussi un tourisme frontalier qui vient se ravitailler ici», témoigne encore Corinne Cahen. Et qui parfois s’y installe, trouvant l’Abrigado pas trop mal pour y (sur)vivre.
Le drame aussi pour Corinne Cahen, c’est que tous les mélanodermes qui se promènent dans le quartier deviennent suspects. «On a presque 50 % de non-Luxembourgeois, les étrangers ne sont pas tous des bad guys!», rappelle de façon élémentaire l’échevine, qui imagine une personne d’origine africaine traverser innocemment le quartier attirant des regards mauvais sur elle. «C’est un racisme primaire et c’est un vrai problème pour cette communauté», témoigne l’échevine.
Elle dévoilera le contenu de sa réflexion à la rentrée aux membres du conseil échevinal, mais sa détermination à trouver des solutions pour le quartier Gare est énorme. «Je vais donner des pistes sur ce que la Ville peut faire de son côté, rue par rue», nous indique Corinne Cahen.
Elle est membre du groupe WhatsApp «Quartier gare – Sécurité» , mais n’a jamais rien publié. En revanche, Laurence Gillen, membre du DP, comme Corinne Cahen, et candidate aux dernières élections communales, est à l’origine de ce groupe.
Les membres prévoient une manifestation le 23 septembre pour que tout le monde puisse prendre conscience de l’ampleur du problème qui ne fait que s’empirer. Une réunion publique est aussi dans l’agenda avant les législatives du 8 octobre.
Il faut un changement dans les partis au pouvoir et une véritable action pour légiférer.
Comment peut-on ainsi abandonner un territoire ?
Les compétences en la matière sont tellement bien réparties, qu’elles sévaporent.