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Quartier Gare : et revoilà le commissariat


Le commissariat de proximité occupe tout le premier étage de l'ancien centre d'intervention de la rue Glesener (photo Hervé Montaigu)

C’est officiel! Les policiers reviennent dans le quartier Gare, au cœur des artères minées par le deal. Ils sont moins nombreux (douze), mais auront pour mission d’être visibles, plus proches des habitants, qui attendaient leur retour de pied ferme, entre exaspération et espoir.

Ils n’ont pas «embrassé un flic entre Nation et République» comme Renaud, mais presque. Vendredi à Luxembourg, les habitants du quartier Gare ont réservé un accueil chaleureux au retour des forces de l’ordre, un an et demi après la fermeture du centre de la rue Glesener. C’est dans cette même rue, dans le même bâtiment, qu’un «commissariat de proximité» a refait surface.

« Avant ils occupaient trois étages, maintenant plus qu’un seul , observe une riveraine. C’est déjà ça .» La nouvelle équipe comprend douze policiers. Ils auront pour mission de « patrouiller sur le terrain », de nouer des liens avec les habitants et d’intervenir rapidement dans le périmètre tant décrié des « putes et des drogués » (sic), selon une maman qui réside une rue plus bas. « Ils ont enlevé les policiers, ils en remettent, moi j’attends de voir… j’ai une fille de 4 ans qui me demande une fois par jour : « il fait quoi le monsieur sur les escaliers, il dort ou il est bourré? » C’est quand même triste! »

La jeune femme, qui est venue elle-même vers la presse (en clair, une interlocutrice remontée), décrit un quotidien bien rodé. « Vers 18  h  30, vous avez un dealer au mètre carré et à 5  h du matin, vous avez les camés affalés et les seringues dans les boîtes aux lettres. Je le sais, c’est à cette heure que je pars au boulot. » La rue de Strasbourg n’est visiblement plus le «hotspot» du deal. « Il y a eu quelques opérations, donc le deal s’est déporté. Allez faire un tour rue des États-Unis, rue d’Anvers ou rue Junk, vous verrez le tableau. »

Lydie Polfer a martelé «l'indispensable besoin de sécurité». (photo Hervé Montaigu)

Lydie Polfer a martelé «l’indispensable besoin de sécurité». (photo Hervé Montaigu)

«Les choses changent et dans le bons sens»

Tous les habitants ne sont pas aussi en colère, loin de là. « On peut comprendre les frustrations, mais soyons lucides : les choses changent et dans le bon sens », recadre Héloise Bock, militante du Collectif Gare, créé il y a trois ans pour interpeler les élus. « Des aires de jeux sont refaites, des commerces reprennent vie, des policiers reviennent. Voilà le constat .» D’ailleurs les policiers n’avaient pas disparu, « et quand on les appelait ils venaient , admet la première dame rencontrée. Mais ce n’était plus pareil. »

Concrètement, le nouveau commissariat (dirigé par un responsable dont le nom signifie «sévère»…) sera ouvert tous les jours, du lundi au vendredi, de 7  h à 19  h. Le centre d’intervention de la gare prendra le relais pour la nuit. Certains habitants déplorent que la nouvelle équipe n’ait pas une permanence de nuit. D’autres sont plus pragmatiques, comme Romain, un monsieur implanté de longue date dans le quartier. « Tout ça, c’est une histoire de visibilité. Des gens qui se droguent, il y en a partout. Ce qui est insupportable, c’est l’image du quartier. Avoir des patrouilles sur le terrain va contribuer à apaiser l’ambiance. »

Pour le moment, malgré la sympathique fête du jour, tout n’est pas au beau fixe. Une certaine rancœur s’exprime sans tabou envers « tout ce qui est nigérian .» « Il y a aussi des Espagnols, des Luxembourgeois et des autres », coupe une grand-mère. Pour Romain, il ne faut pas attendre de solution miracle. « Il y a 25  ans on a laissé faire. Les responsables pensaient tout bas : « les camés sont dans le quartier Gare, ce n’est pas le centre-ville ». On ne fait pas marche arrière en claquant des doigts .»

Surtout, le dossier de la sécurité ne relève pas forcément des élus locaux. La bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer, a dû batailler auprès du gouvernement pour récupérer des policiers dans le quartier Gare. « La Ville n’a pas le pouvoir de décision sur la police nationale », avait-elle expliqué la veille, pour la rentrée scolaire dans le quartier. C’est une nouvelle victoire, il reste une guerre à gagner.

Hubert Gamelon

photo Hervé Montaigu

photo Hervé Montaigu

Une autre bonne nouvelle

L’échevin Patrick Goldschmidt en parle encore à demi-mots. Mais un gros travail de fond est fait sur le dossier. Les étages supérieurs du commissariat pourraient être occupés par des start-up d’ici fin 2017. « Je n’aime pas trop donner de date dans ce genre de négociation. Le potentiel est énorme (1  000 m 2 par étage) et la proximité de la gare comme de la place financière est un atout fort… On reçoit beaucoup de coups de fil. » Les élus cherchent un incubateur (intermédiaire) solide. À suivre!