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Quartier Gare : «déçus» des autorités, des riverains parlent de milice citoyenne


La présence accrue de la police dans le quartier ne suffit pas à régler les problèmes. La tension monte chez les riverains. (Photo : Vincent Lescaut)

Face à une énième montée des nuisances et de l’insécurité ces dernières semaines, les habitants laissent éclater leur colère, certains évoquant désormais la possibilité d’agir par eux-mêmes.

Dans le quartier de la Gare à Luxembourg, la nouvelle année commence exactement comme elle a fini pour les habitants, forcés de supporter encore et encore les mêmes nuisances et actes de vandalisme, chaque semaine, chaque jour, chaque nuit.

Et depuis le début de l’hiver, les plaintes pleuvent sur le groupe WhatsApp ouvert en 2023, étayées de photos et vidéos accablantes.

Caves et parkings squattés 

Sous le pouce, défilent les images de leur quotidien : aux halls d’entrée occupés et souillés, aux hurlements et aux bagarres en pleine nuit, s’ajoutent dernièrement un véhicule personnel vandalisé rue de Strasbourg, la présence de groupes d’individus dans les caves et les parkings de résidences rue Glesener et rue Fischer.

Ou encore des portes d’accès fracturées, des détecteurs de fumée arrachés, mettant en danger la sécurité de tout un immeuble, des plantations saccagées à la recherche de doses, des vols de colis postaux, et tout récemment, l’agression d’un jeune couple en fin de soirée.

La piste d’une milice évoquée

Des nerfs, les habitants n’en ont plus, et au fil des messages en ligne, on mesure leur incompréhension face à l’immobilisme des autorités. Avec désormais – et c’est nouveau – la piste d’une «milice citoyenne» pour tenter de remettre un peu d’ordre sur leurs lieux de vie.

Une situation ultra-tendue, que les porte-parole du collectif essayent de tant bien que mal de contenir : le groupe WhatsApp reste fermé, et seules filtrent les publications des administrateurs qui copient-collent des récits qui leur ont été adressés en privé.

«Ça se dégrade de plus en plus»

«Non seulement il n’y aucune amélioration, mais ça se dégrade de plus en plus. Les gens n’en peuvent plus», constate amèrement Graziella Bordin, co-fondatrice du groupe.

«Avec les températures glaciales, les toxicomanes recherchent un abri où ils peuvent aussi continuer à se droguer. On a donc davantage de squatteurs dans les caves et dans les entrées.»

Nous, on rejette cette idée, mais ça pourrait arriver dans d’autres groupes

«Le gouvernement a les yeux fermés. Les actions mises en place, comme la présence accrue de la police, n’aident pas», poursuit-elle, déplorant la tournure que prennent les choses.

«Nous, on rejette absolument l’idée d’une milice citoyenne, mais ça pourrait arriver dans d’autres groupes, tellement les habitants sont à bout, déçus des autorités.»

Un espoir vite évaporé

Car avec l’arrivée du CSV à la tête du gouvernement en 2023, un mince espoir avait émergé. Bien vite évaporé. «Ce qu’on attendait, c’était des actions ciblées et le changement de la loi, pour éviter notamment que les dealers arrêtés ne réapparaissent deux heures après.»

Pas mieux du côté de la Ville de Luxembourg : «Selon la bourgmestre, tout va bien maintenant que les patrouilles sont plus nombreuses. Mais ce n’est pas le cas, il faut dire la vérité! Il suffit de se balader à la Gare pour le constater, il faut être aveugle pour dire ça!»

La rue Joseph Junck en première ligne

Autre phénomène, depuis l’année dernière, une partie des dealers s’est déplacée de la rue de Strasbourg vers la rue Joseph Junck et la rue de Hollerich, causant là encore d’importantes nuisances.

Des hôteliers du secteur confient leur désarroi face à ce qu’ils nomment le «paradis pour junkies» qu’est devenu le quartier, véritable «supermarché à ciel ouvert, connu dans la Grande Région comme lieu où la drogue peut s’acheter sous les yeux des autorités publiques qui l’acceptent sans intervenir.»

Quand la police sermonne… les riverains

Dans cette poudrière, où certains résidents sont au bord du craquage, certaines anecdotes prennent la forme d’étincelle : sur le groupe, plusieurs riverains racontent qu’ils ont du mal à digérer les PV de stationnement qui leur sont adressés.

Un autre n’en revient toujours pas d’avoir été sermonné pour avoir traversé au rouge à un passage piéton. «J’ai traversé la rue de Hollerich, sans voiture à la ronde, à 15 mètres des dealers rue de la Fonderie.»

«Un policier m’a suivi pour me faire la morale et me rappeler que c’était puni de 50 euros d’amende. Les dealers, eux, n’ont pas été inquiétés», pointe-t-il.