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Qualité et bien-être au travail : pas d’amélioration en 2023


L’enquête démontre notamment que plus d’un tiers des salariés au Luxembourg envisagent de changer de métier dans un avenir proche. (Photo : didier sylvestre)

L’enquête «Quality of Work Index», publiée jeudi 1er février par la Chambre des salariés et l’université, démontre que le bien-être des salariés au Luxembourg ne s’est pas amélioré depuis le covid, au contraire.

À la question «Envisagez-vous de changer de job ou de carrière en 2024?», une étude menée par jobs.lu avait déjà donné le ton en novembre dernier en révélant que 46 % des 1 150 salariés interrogés avaient répondu par l’affirmative. Un mal-être confirmé par la publication, hier, de la 10e enquête «Quality of Work Index» réalisée à une plus grande échelle par la Chambre des salariés (CSL) et l’université du Luxembourg. Alors que depuis 2021, «nous avons déjà attiré l’attention sur la proportion croissante de travailleurs ayant l’intention de changer d’emploi», le rapport souligne que cette tendance reste à la hausse en 2023. Par rapport à 2022, le taux de salariés désireux de voir ailleurs a augmenté de 3 points, s’élevant désormais à 27 %. Soit 7 points de plus qu’il y a quatre ans.

Réalisée auprès de 2 732 salariés sélectionnés aléatoirement (47 % d’habitants et 53 % de frontaliers), l’enquête de la CLS et de l’université détaille également le profil des travailleurs ayant l’intention de changer d’emploi. En tête de liste se trouvent les jeunes entre 16 et 34 ans (de 35 à 39 %), plutôt étrangers que luxembourgeois (24 % contre 37 %), les personnels de services directs, commerçants et vendeurs (38 %), suivis des professions élémentaires (35 %). Afin de comprendre ce phénomène, l’enquête couple ses résultats avec ceux de l’indice de qualité de travail.

La crise sanitaire comme révélateur

Bien que l’indice de qualité de travail (QoW) reste plutôt stable par rapport à l’année précédente (54,9 points en 2022 et 54,6 points en 2023), le score de ce dernier avait augmenté de 1,4 point entre 2020 et 2022 et perd ainsi «son élan après la crise sanitaire». «Depuis la crise sanitaire, ce sont surtout les exigences émotionnelles qui ont augmenté et les opportunités de carrière qui ont décliné, tout comme la satisfaction liée à la rémunération et à la sécurité de l’emploi», peut-on lire dans l’enquête. A contrario, le sentiment de subir des charges physiques, d’avoir des risques pour la santé et la difficulté à trouver un emploi continuent de baisser depuis 2014.

Le contexte économique inflationniste influe également sur la «satisfaction salariale» qui ne s’est pas redressée et reste à un niveau bas. La reprise de la «sécurité de l’emploi» a aussi été freinée en 2021 et reste orientée à la baisse. «On observe surtout une diminution de la sécurité d’emploi chez les dirigeants, cadres de direction, gérants et dans les métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat, ainsi que dans l’industrie.»

10 ans de baisse à remonter

Sur 10 ans d’enquête «Quality of Work Index», le tableau est d’autant plus noir. Le bien-être général est en baisse (-10,6 %), tout comme la motivation au travail (-13,8 %) qui, entre 2022 et 2023, a stagné. Bien que le «conflit vie pro – vie privée» ait diminué de 1,5 point en un an, ce dernier a augmenté de 34,7 % en dix ans. Presque autant que le risque de burn-out (33 %). En dehors du travail, la situation ne s’est pas améliorée non plus, à l’image du temps de trajet. En 2014, 56 % des personnes se rendaient au travail en moins d’une demi-heure et en 2023, elles ne sont plus que 38 %.

Afin de remédier aux diverses baisses du bien-être professionnel, la CLS estime nécessaires plusieurs mesures. À commencer par «éviter que le télétravail ne retombe à son niveau d’avant la pandémie», respecter «le droit à la déconnexion», «lancer une offensive de formation continue dans les entreprises» ou encore obtenir «une réduction du temps de travail à salaire égal». Un dernier point demandé par 83 % des salariés interrogés, dont la majorité (53 %) souhaite de toute façon réduire le nombre d’heures hebdomadaires de travail.