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Puits et forages : un inventaire national pour anticiper


L’eau souterraine, qui représente 50 % de l’eau potable du pays, est prélevée par 600 captages environ. (Photo : archives editpress/vincent lescaut)

Les exploitants privés de puits et forages à travers le pays sont invités à participer à un inventaire national de l’Administration de la gestion de l’eau afin de surveiller la quantité et la qualité de l’eau souterraine si précieuse pour l’avenir.

«Aujourd’hui, le Luxembourg bénéficie encore de ressources suffisantes pour répondre à ses besoins actuels en eau potable. Cependant, qu’en sera-t-il dans 10 ans, 20 ans, ou à plus long terme?» À travers cette question, Magali Bernard, hydrogéologue à l’Administration de la gestion de l’eau (AGE), ne se veut pas alarmiste, mais prévoyante. L’eau étant condamnée à devenir une ressource de plus en plus précieuse à cause du changement climatique, «il est essentiel d’anticiper», insiste la cheffe adjointe de l’unité eaux souterraines et eaux potables.

Ce pourquoi l’AGE mène actuellement un nouvel inventaire de tous les puits et forages privés du pays. Jusqu’au 1er décembre prochain, les propriétaires privés sont priés de remplir et d’envoyer à l’administration un formulaire de déclaration en cas de captation d’eaux souterraines sur leur terrain.

Au Grand-Duché, près de 50 % de l’eau potable (lire ci-contre) provient de l’eau souterraine qui est exploitée par «plus de 600 captages», tous usages confondus (agriculture, industrie, alimentation en eau). «Chaque exploitant de captage a donc un rôle important à jouer pour contribuer au suivi et à la protection de nos ressources en eau.»

Protéger l’or bleu pour l’avenir

Si l’AGE sollicite les privés via cet inventaire, c’est pour renforcer la précision de son système de surveillance globale sur l’état des eaux souterraines : «Les données locales sont indispensables et celles-ci ne peuvent être fournies que par les propriétaires et exploitants.» Ces derniers peuvent donc fournir un emplacement aux experts de l’administration afin de mesurer le niveau des nappes phréatiques ou la variation des débits des sources dans les forages ou les puits.

«Ces données locales sont extrêmement importantes pour détecter rapidement les situations et zones où la surexploitation d’une ressource est en train de se produire», souligne Magali Bernard. Le but est autant d’anticiper d’éventuelles pénuries que d’assurer une gestion optimale et durable de cette ressource qui promet d’être d’autant plus vitale pour les prochaines décennies de réchauffement climatique et de sécheresses. Même dans un pays aussi arrosé par la pluie que le Grand-Duché, cet or bleu est tout aussi convoité puisque «des études sont actuellement menées pour identifier de nouvelles ressources en eau souterraine», annonce l’hydrogéologue.

À noter que les puits ou forages qui représentent 50 % de l’eau potable du pays sont, en majeure partie, alimentés par les eaux des aquifères du Grès du Luxembourg et du Buntsandstein. L’autre moitié de l’eau consommée provient, elle, d’eau superficielle depuis le barrage d’Esch-sur-Sûre.

«Rappeler les bons gestes»

Outre la quantité, la qualité de l’eau souterraine est également au cœur des préoccupations. Ce nouvel inventaire permet ainsi de «rappeler les bons gestes et les bonnes pratiques pour une exploitation responsable de ces captages et la protection de nos ressources». Tandis que l’eau située sous un couvert forestier peut être parfaitement consommable en l’état, ce n’est pas toujours le cas dans le sol des zones agricoles qui contient nitrates, herbicides ou pesticides.

Dans sa communication, l’AGE rappelle d’ailleurs que deux autorisations, une évaluation des incidences sur l’environnement (EIE) et quelques critères sont nécessaires afin de prélever de l’eau souterraine à partir de nouveaux forages. D’abord, aucun bâtiment ni bétail ne doivent être présents dans un rayon de 5 mètres autour du forage prévu. À moins de 10 mètres, il est aussi interdit de stocker des substances dangereuses pour l’eau (pesticides, carburant), de stationner un véhicule et/ou d’installer un bâtiment.

Une fois autorisés à forer, les exploitants sont tenus d’enregistrer et de communiquer les litres prélevés à l’aide d’un compteur afin que l’Administration de la gestion de l’eau les facture. Tous les trois mois, ils sont également obligés de relever le niveau de la nappe phréatique tandis que le renouvellement de l’autorisation de forage est à refaire au bout de 6 ans.

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