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Public viewing : l’élan populaire n’a pas suivi


Lors des premiers pas du pape au Luxembourg, le public viewing du Kinnekswiss était désespérément vide. (Photo : hervé montaigu)

Lors de l’arrivée du pape à 10 h, seule une poignée de badauds suivent la retransmission au public viewing du Kinnekswiss. Un flop qui annonce la couleur pour le reste de la journée.

C’est ce que l’on appelle un raté. Afin d’alimenter l’effervescence autour de la venue historique du pape, la Ville de Luxembourg avait installé un public viewing au Kinnekswiss et sur la place de Paris. Les deux écrans géants, dignes d’une finale de Coupe du monde de football, devaient permettre à tous de suivre les moments clés de la visite du souverain pontife, de 9 h 45 à 18  h 15. Une initiative louable mais sûrement trop ambitieuse. À l’arrivée du pape sur le sol luxembourgeois, ils n’étaient que six devant l’écran du Kinnekswiss, pour presque autant de journalistes.

Comme les sœurs Jany et Olivia, une centaine de personnes ont tout de même assisté à la messe sur l’écran place de Paris. Photo : morgan kervestin

«Nous allons en Ville en tramway, donc on est passés par ici en sachant qu’il y avait le public viewing», raconte Jean, venu avec sa femme. «On a eu de la chance, on est tombés pile au moment où le pape est arrivé», sourit-il. Il s’agit d’un heureux hasard, car le couple est «juste venu par curiosité». Et pour cause, «nous n’attendions par la venue du pape mais je suis retraité donc j’ai le temps». Leur présence devant l’écran n’est qu’une question de minutes, cinq pas plus.

C’est aussi le cas pour Mattéo* qui est là uniquement pour se retrouver avec ses amis. Ce frontalier, qui a fait le déplacement sur un jour de congé, est là «pour profiter de la venue du pape» mais pas au Kinnekswiss puisque très vite il quitte les lieux. Parmi les autres membres de la petite assemblée, une retraitée est là pour la promenade de son chien. Après la pause toilettes de son compagnon et quelques photos, elle poursuit sa route.

«Un manque de communication»

Face à cet échec, les membres du CGDIS et les ambulanciers dépêchés sur place ont les mains dans les poches. Au vu de l’affluence, il y a de quoi se réjouir pour eux : le poste de secours installé dans un conteneur ne devrait pas être surchargé. C’est moins le cas pour les cinq food trucks installés dans le parc. Déjà à plat, l’enthousiasme attendu est douché par les premières gouttes qui font leur apparition au Kinekswiss vers midi.

Dans les rues aux alentours du parc, il apparaît clairement que la Ville vit sa vie, sans trop se soucier du pape et encore moins des public viewings. «En 1985 c’était mieux, là ce n’est pas la même ambiance. Il y avait des groupes qui dansaient et chantaient dans les rues alors que là il n’y a rien», regrette Hélène, attablée sous les parasols d’un café devant le second écran géant place de Paris. Cette Luxembourgeoise est bien placée pour juger. En 1985, lors de la visite du pape Jean-Paul II, elle habitait une maison donnant sur la place où elle se trouve quarante ans plus tard. Bien qu’une cinquantaine de personnes composent le second public viewing, Hélène se dit «étonnée» par la faible affluence. «C’est dommage, car on est bien ici. Je suis surprise qu’il n’y ait pas plus de monde.» Outre le mauvais temps, ce faible engouement s’explique selon elle par «un manque de communication» à propos des public viewings.

Une centaine pour la messe

Après le discours du pape, quelques applaudissements se font entendre place de Paris. Pas plus pour l’hymne national. Il faut dire que la pluie ne cesse pas, au contraire. Certains restent devant l’écran, courageux et armés de leur parapluie, tandis que d’autres partent ou tentent de se trouver une place sous les parasols du café.

Une situation qui énerve Laura, assise au café et dont la vue sur l’écran est bouchée par ceux qui cherchent un abri. Cette dernière fait partie des rares à assister fidèlement à la retransmission depuis le début de la visite. «J’avais entendu qu’il allait venir aujourd’hui donc j’ai pris mon jour de congé, j’avais hâte», confie-t-elle. En tant que croyante, «cette journée est historique». Comme beaucoup, elle quitte tout de même la place de Paris et se dirige vers l’avenue de la Liberté où, là, le public est nombreux. Forcément, l’horaire de passage en pleine pause déjeuner est idéal. Lorsque sonne le retour au bureau, la place de Paris se vide mais une centaine de personnes restent tout de même assister à la retransmission de la messe en fin d’après-midi.

C’est le cas de la sœur Olivia, venue de Vallendar en Allemagne avec sa communauté de Schoenstatt. Présente lors de la venue du pape François à Lisbonne en 2023, elle constate qu’au Grand-Duché «il y a moins de monde, c’est moins la folie». Pas de quoi l’empêcher d’apprécier sa «magnifique journée» conclue place de Paris. Pas forcément adaptés à l’engouement réel, les public viewings auront au moins eu le mérite de combler l’attente des plus fidèles.

* Prénom modifié.

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