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Protéger les enfants du mobbing


La pièce de théâtre Les Nuits d’Aurore fait partie de l’arsenal du ministère pour sensibiliser contre le mobbing en milieu scolaire. 

La pétition publique est ouverte à signature et réclame des pouvoirs publics des mesures urgentes de lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement à l’école. Ce fléau fait des ravages.

Depuis vendredi dernier, une pétition initiée par Sara Cardoso appelle les décideurs politiques et les responsables du système éducatif à adopter des mesures urgentes et nationales pour lutter contre le mobbing et le cybermobbing, en particulier au sein des écoles fondamentales.

La semaine dernière, l’Ombudsman pour le droit des enfants, (l’OKaJu), Charel Schmit, rappelait dans son rapport que le cyberharcèlement touche plus d’un tiers des jeunes dans 30 pays, avec des conséquences alarmantes. Un jeune sur cinq en vient à manquer l’école alors que 80 % des enfants dans 25 pays se sentent menacés d’abus ou d’exploitation sexuelle en ligne.

Les signalements de contenus d’abus sexuels sur mineurs au National Center for Missing & Exploited Children, une organisation fondée en 1984 par le Congrès des États-Unis qui s’occupe d’affaires d’enfants disparus ou exploités, illustrent cette escalade alarmante : entre 2019 et 2023, leur nombre a augmenté de plus de 113 %, passant de 16,95 millions à plus de 36,2 millions de cas.

Le Luxembourg ne fait pas exception et le ministère de l’Éducation nationale qui a lancé en 2023 la campagne de sensibilisation «Exit Mobbing» indique, qu’en moyenne, six élèves par jour et par lycée consultent le Service psychosocial et d’accompagnement scolaires (SePAS ) pour des raisons diverses.

Selon une enquête couvrant la période de novembre-décembre 2022 auprès de 39 lycées participants, le harcèlement arrive en 4e position des thématiques pour lesquelles les jeunes se rendent au SePAS dans les lycées, après le stress scolaire et les troubles dépressifs et anxieux. La violence, dont les conflits domestiques, arrive en 5e position.

Selon une étude Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) publiée en juin 2021, on recensait au Luxembourg 13 % de cas de harcèlement dans l’enseignement fondamental et 16 % dans l’enseignement secondaire, avec des variations selon les âges et les filières.

Si le ministère reconnaît que la lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement est un enjeu de santé mentale et concerne l’ensemble de la communauté scolaire, la pétitionnaire ajoute que ce fléau représente «une menace croissante pour le bien-être des élèves dans les établissements scolaires».

Ces formes de harcèlement «ont des conséquences graves sur le bien-être mental et physique des élèves, nuisant à leur réussite scolaire et à leur développement personnel», écrit Sara Cardoso.

Il est impératif pour elle «de mettre en place des mesures concrètes et immédiates pour soutenir les victimes, instaurer des programmes de rééducation pour les auteurs, et offrir aux enseignants les ressources et formations nécessaires pour garantir un environnement d’apprentissage sûr et protecteur pour tous».

Le fondamental, surtout

Ces problèmes «sont le reflet d’un malaise plus large au sein du système éducatif, où la prévention et la gestion des conflits interpersonnels nécessitent une attention accrue».

Les victimes doivent être soutenues efficacement, tandis que les auteurs doivent bénéficier de programmes visant à réformer leurs comportements de manière constructive.

Elle vise surtout les élèves du fondamental en particulier. La pétitionnaire propose la création de cellules de soutien psychologique et la mise en place d’équipes spécialisées dans les écoles pour offrir un soutien immédiat aux élèves victimes de mobbing et de cybermobbing.

Quant aux harceleurs, il leur faut des programmes de rééducation en plus d’instaurer «des politiques claires avec des conséquences pour les auteurs» associées à des programmes de rééducation visant à changer leur comportement.

Selon la pétitionnaire, des cours spécifiques pour encourager le développement de l’empathie, du respect et des compétences sociales dès le plus jeune âge devraient faire partie intégrante des programmes scolaires. Les enseignants devraient bénéficier d’outils pratiques pour identifier, prévenir et gérer les situations de harcèlement.

Le ministère de l’Éducation nationale met déjà à disposition plusieurs outils pour prévenir le harcèlement. Plusieurs lycées se sont aussi engagés dans un projet pilote dans lequel ils expérimentent des outils de prévention et d’intervention.

Des programmes de formation sont proposés aux élèves pour les aider à identifier et dénoncer les actes de harcèlement, impliquant ainsi les jeunes comme acteurs essentiels dans la lutte contre ce phénomène.

Mais il s’amplifie. La pétitionnaire espère atteindre le nombre de signatures requis pour pouvoir en débattre à la Chambre des députés.