Trois hommes âgés entre 33 et 70 ans ont dû s’expliquer, ce mardi matin, pour avoir tenu fin juillet 2015 des propos haineux sur la page Facebook «I love mäin Lëtzebuerg».
Ce n’est pas la première fois que les trois prévenus étaient convoqués pour cette affaire devant le tribunal correctionnel. Au printemps 2016, le troisième homme ne s’était pas présenté à leur procès. Comme il avait fini par présenter un certificat médical, il y avait eu rupture du délibéré. Un nouveau procès a donc eu lieu, ce mardi matin.
Fin juillet 2015, le trio avait commenté sur la page Facebook « I love mäin Lëtzebuerg » la publication d’un article sur les frais engendrés par les demandeurs d’asile. L’un des prévenus avait ainsi écrit : «Une bonne kalachnikov fait des miracles, si on a assez de munitions.» («Eng gutt Kalaschnikow wierkt Wonner, wann ee genuch Munitioun huet»)
L’auteur de ces lignes, qui renonce à un avocat, a indiqué, ce mardi à la barre, qu’il avait écrit cela dans son premier accès de colère en voyant toutes ces images de réfugiés: « Au final, je l’ai regretté. » Lors du premier procès, le prévenu au chômage, avait déclaré ne pas avoir su que des personnes ont déjà été condamnées pour incitation à la haine en ligne.
Le deuxième prévenu avait commenté l’article évoquant les frais engendrés par les demandeurs d’asile de la manière suivante : «Le napalm ne coûte même pas la moitié.» («Napalm kascht mol net d’Halschent.»)
Par rapport à un lien vers un article de la chaîne allemande n-tv sur des réfugiés cherchant à atteindre la Grande-Bretagne clandestinement à bord d‘un camion, il avait également écrit : «Ben, injecter des gaz d’échappement dans la remorque» («Ma Ofgasen an den Hänger blosen.») Lui aussi a renoncé à un avocat et a tenté d’expliquer ce mardi qu’il avait fait ces commentaires sans trop réfléchir : « Par les nombreux commentaires, on se laisse bêtement influencer. »
Enfin, le troisième prévenu avait considéré dans son commentaire qu’une mauvaise kalachnikov serait encore mieux, car elle arroserait plus. Absent lors du premier procès, le septuagénaire était assisté ce mardi par un avocat. « Mon commentaire concerne uniquement la précision de la kalachnikov. C’est connu que cette arme n’est pas précise. J’ai été mal compris », s’est défendu le septuagénaire qui prétend ne pas avoir lu l’article qui avait été partagé sur sa page Facebook. « Mes ancêtres étaient également des réfugiés», a-t-il appuyé.
«Mon client était peut-être imprudent. Mais je suis d’avis qu’il n’a pas eu l’intention d’inciter à la haine ou à la violence », a plaidé Me Arsène Kronshagen qui demande l’acquittement de son client. Or pour le parquet, il y a bien eu incitation à la haine et à la violence contre un groupe de personnes en raison de leur origine. Il rappelle que les faits ont été dénoncés de manière anonyme.
« En résumé, on a ici une page Facebook avec des commentaires asociaux », a remarqué le substitut. Il a requis six mois de prison et une amende appropriée à l’encontre des trois prévenus. En raison de leur casier vierge, il propose d’assortir leur peine d’un sursis probatoire en les obligeant de consulter une fois par mois un psychiatre.
Prononcé le 18 mai.
Fabienne Armborst