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Promis, PwC Luxembourg ne fera plus (beaucoup) de planification fiscale


L'équipe dirigeante de PwC Luxembourg : Wim Piot, Rima Adas et John Parkhouse. (photo Didier Sylvestre)

Pointée du doigt après l’affaire LuxLeaks, PwC Luxembourg souhaite maintenant faire évoluer son image de façon positive. Le cabinet d’audit assure que son activité de planification fiscale – souvent agressive – s’est déjà considérablement réduite.

Après une année difficile sur ce plan, PwC Luxembourg souhaite faire évoluer son image dans la société luxembourgeoise.

Profitant de la publication de ses résultats de l’année 2015, John Parkhouse, CEO de PwC Luxembourg, et son équipe dirigeante entendent mettre en œuvre une nouvelle approche et une stratégie inédite afin de donner une image plus positive de la société, sixième employeur du secteur privé dans le pays, après un important épisode médiatique avec l’affaire et le procès LuxLeaks.

«Il est vrai que ce n’était pas une période agréable», a confié Wim Piot, le responsable du département Tax. «On s’est interrogé sur l’avenir de la société et nous avons demandé à nos clients et fournisseurs, mais aussi aux politiques et à des citoyens lambda leur avis sur les facteurs où PwC Luxembourg doit s’améliorer», ont expliqué les dirigeants du cabinet d’audit.

Résultat, six priorités en sont ressorties : la légitimité et l’éthique, l’impact sociétal, les conflits d’intérêts et l’indépendance, la satisfaction du client, la santé, l’écoute. «La prochaine étape sera d’intégrer ces priorités dans notre modèle d’entreprise afin de pérenniser la société sur le long terme», a souligné John Parkhouse.

Passer du conseil à la conformité

Cette volonté est louable, mais encore faut-il qu’elle se concrétise sur le terrain et que ce ne soit pas juste un coup de communication, comme lorsqu’une société annonce l’achat de deux véhicules électriques pour montrer sa bonne volonté sur le plan environnemental. «On est bien d’accord, ce n’est qu’un début, une première étape», a expliqué John Parkhouse en insistant sur sa volonté d’aller plus loin.

Wim Piot, lui, affirme que la société entend expliquer aux gens ce qu’est son métier et son évolution : «Dans ce cadre-là, nous sommes allés à leur rencontre, lors de notre initiative « Future of Tax » afin d’avoir leur point de vue sur ce que devrait être la fiscalité internationale. On ne cache pas qu’un de nos métiers est le planning fiscal, donc aider nos clients à bénéficier des incitatifs fiscaux prévus par la loi», autrement dit de la consultance fiscale.

Le responsable du département Tax ajoute : «Mais on voit clairement que maintenant on se dirige vers de la « compliance » (conformité en anglais) fiscale, ce qui veut dire qu’aujourd’hui deux tiers des heures du département fiscal de PwC Luxembourg consistent à faire de la comptabilité, des déclarations de TVA, de taxes ou encore du reporting fiscal pour les fonds. Il y a encore cinq ans, c’était l’inverse. On va plus vers un monde où l’on aide nos clients à se conformer à leurs obligations fiscales et juridiques, d’autant plus que la réglementation est toujours plus complexe», a souligné Wim Piot.

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PwC Luxembourg semble donc avoir pris la mesure d’un changement d’époque où le Luxembourg ne veut plus être assimilé à un paradis fiscal, mais bien être considéré comme un pays attractif. Une stratégie à mettre en droite ligne avec la tendance actuelle du «nation branding», l’arme principale d’une place qui souhaite profiter des opportunités que laisse entrevoir le Brexit. Reste à espérer que les actes se joindront à la parole.

Jeremy Zabatta