La Chambre des salariés (CSL) montre que dans quasiment tous les secteurs d’activité, la productivité est bonne. La richesse générée par heure de travail reste supérieure à celle de nos voisins.
Pour bien finir l’année, la Chambre des salariés (CSL) se penche sur la productivité luxembourgeoise et balaye l’alarmisme de certains acteurs économiques en livrant des graphiques comparatifs par secteur d’activité. Et c’est «l’excellence européenne dans quasiment tous les secteurs», en conclut la CSL.
La richesse générée par une heure de travail au Luxembourg est bien supérieure à celle de nos pays voisins et à la moyenne de l’Union européenne. «Cette différence, qui constitue un avantage comparatif pour le Luxembourg, s’est même considérablement accentuée au fil des années», explique la CSL dans la dernière livraison de son Econews.
Et ce n’est pas le secteur financier qui fait grimper la moyenne, contrairement aux idées reçues. «On pourrait supposer que les performances exceptionnelles de l’économie luxembourgeoise en termes de productivité nominale sont seulement dues au secteur financier, mais une analyse désagrégée réfute toutefois cette hypothèse», écrit la CSL.
Le Luxembourg sur les podiums
Tous les graphiques démontrent le bon niveau de productivité horaire nominale par secteur et dressent un classement européen. Dans le secteur de la construction, le Luxembourg se trouve à la 3e place avec une richesse générée de 51 euros par heure travaillée, derrière l’Autriche (54 euros) et la Belgique (60 euros).
L’Allemagne occupe la 5e place (48 euros). Le Luxembourg a une avance considérable par rapport à la France (38 euros) et la moyenne de la zone euro (38 euros) et de l’Union européenne (34 euros).
Dans le secteur «commerce, réparation d’automobiles et de motocycles», le Luxembourg occupe la première place (81 euros), devant la Belgique (70 euros) et l’Irlande (70 euros).
L’Allemagne se classe en 6e position (55 euros). Ainsi, la productivité au Luxembourg dans ce secteur correspond au double de celle en France (41 euros) et dans l’ensemble de la zone euro (40 euros) et de l’Union européenne (36 euros).
Le Luxembourg a également sa place sur le podium dans le secteur transport et entreposage. Avec une richesse de 73 euros générée par heure de travail, le Grand-Duché se classe tout juste derrière la Belgique (74 euros).
Le Danemark se trouve à la première place (92 euros). L’Allemagne (53 euros) et la France (49 euros) occupent respectivement la 8e et la 9e place au classement européen.
Une deuxième place pour le Luxembourg dans l’hébergement et la restauration (40 euros), juste derrière la Belgique (41 euros) et devant l’Allemagne (31 euros) et la France (30 euros).
Encore une deuxième place pour le Luxembourg (112 euros) dans l’information et la communication. Ce classement est dominé par l’Irlande (340 euros). La performance belge (106 euros) est assez proche de celle du Luxembourg.
L’Allemagne (83 euros) se classe dans le premier tiers, tandis que la France se retrouve seulement au niveau moyen (73 euros). Le secteur des activités financières et d’assurance est dominé par le Luxembourg (254 euros).
La Belgique, qui figure également dans presque tous les secteurs parmi les meilleurs élèves, occupe la 2e place (188 euros), avec cependant un écart assez important par rapport au Luxembourg. L’Allemagne se classe comme élève moyen (97 euros) et la France se retrouve dans le bas du classement (63 euros).
Dans le secteur des activités immobilières, la valeur ajoutée brute selon les chiffres de la comptabilité nationale est considérablement plus élevée par rapport aux autres secteurs. Ici aussi, le Luxembourg a sa place sur le podium (831 euros), derrière la Belgique (1 258 euros) et l’Irlande (1 506 euros).
Dans le secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques, le Luxembourg (94 euros) et l’Irlande (95 euros) dominent le classement. L’Allemagne (64 euros) et la France (59 euros) se retrouvent dans le premier tiers, tandis que la Belgique affiche seulement une performance moyenne en termes de productivité dans ce secteur (41 euros, soit moins que la moitié du Luxembourg).
Il n’y a que dans l’industrie que le Luxembourg ne se classe pas parmi les trois pays les plus productifs. Néanmoins, avec une sixième place, le pays se trouve dans le premier tiers avec une richesse générée par heure de travail de 69 euros, devant la France (63 euros).
En moyenne, en zone euro, la productivité horaire est à 62 euros, respectivement à 51 euros dans l’Union européenne. L’Allemagne (76 euros) et la Belgique (93 euros) se retrouvent aux 5e et 4e places.
Le pays le plus productif d’Europe
Dans son dernier rapport, le Conseil national de productivité (CNP) a montré que la productivité dite «réelle» stagne au Luxembourg depuis près d’une trentaine d’années.
La variation annuelle aurait été de -0,2 % entre 1995 et 2023, soit le chiffre le plus bas de l’Union européenne. «Toutefois, se focaliser sur la seule évolution de cet indicateur est erroné à plusieurs égards», relativisait déjà la CSL en mars dernier.
Elle rappelait que la productivité réelle, qui correspond au PIB en volume par heure travaillée ou par emploi, «n’est en réalité qu’une construction théorique non mesurable».
Pourtant, même cet indicateur prouve que le Grand-Duché est l’un des pays les plus productifs d’Europe. Si sa productivité réelle stagne effectivement, elle reste «hors normes» par rapport aux autres membres de l’Union européenne. «Un travailleur luxembourgeois a produit, en 2023, un volume d’environ 1,8 fois supérieur à la moyenne de la zone euro.»