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Procès pour viol: les versions des trois victimes présumées mises en doute


Les trois victimes ont évoqué les faits devant le tribunal, hier. 

Les trois victimes présumées regrettent d’avoir fait confiance au prévenu. Elles ont longuement été interrogées hier pour dissiper les doutes que leurs témoignages laissent entrevoir.

«Je ne sais pas combien de fois je me suis lavée. Ensuite, je me suis habillée et je suis allée me coucher sans rien dire.» Jennifer accuse Dean de viol dans la nuit du 5 mars 2012 ainsi que le matin. C’est la deuxième fois que la jeune femme de 35 ans raconte sa version des faits à la barre d’un tribunal. Elle, mais aussi les deux autres victimes présumées du jeune homme. Absent lors de son premier procès, où il avait été condamné à huit ans de prison, il a fait opposition à ce jugement.

Une amie avait prévenu Jennifer de se méfier de lui. «Attention, il est bizarre.» Jennifer avait accepté de le reconduire chez lui après une soirée entre amis lors de laquelle il lui avait fait des avances. Comme elle se sentait mal après avoir bu une boisson énergétique, il se serait proposé de la raccompagner chez elle pour ne pas la laisser seule. Nathalie, une deuxième victime présumée du prévenu, s’était également sentie mal après avoir passé une soirée avec lui. Il lui avait également proposé de passer la nuit avec elle pour ne pas la laisser seule.

Les témoignages des deux jeunes femmes se ressemblent. Un expert judiciaire les juge crédibles. Ils sont pourtant mis en doute par la défense ainsi que par la présidente de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Quand vous vous êtes réveillée le lendemain matin, comment vous êtes-vous sentie? Certaines de vos réactions après les faits présumés sont difficiles à comprendre», explique la juge. «Le prévenu peut-il ne pas avoir compris votre désaccord?» «Un seul non doit normalement être suffisant», interrompt le représentant du parquet après que la jeune femme a assuré avoir dit «non deux ou trois fois».

Dean accuse les jeunes femmes de complot. Une troisième victime présumée a fait son apparition lors de l’enquête. Pour lui, les jeunes femmes étaient consentantes aux rapports sexuels. «S’il s’est comporté de manière aussi déplacée que vous le dites pendant toute la soirée, pourquoi accepter de le faire monter dans votre voiture?», demande Me Entringer. «Je ne me sentais pas bien. Je ne voulais pas être seule au cas où il m’arriverait quelque chose», répond la jeune femme. Avocat et juges ont du mal à comprendre pourquoi elle a accepté qu’il rentre avec elle plutôt que de prévenir son petit ami.

«Il voulait aller plus loin»

Quelques semaines après les faits, elle aurait fait une demande d’ami au jeune homme sur un réseau social, lui reproche l’avocat de la défense. Ce que conteste son avocate, Me Frank, avant de se porter partie civile et de réclamer 12 000 euros de préjudice d’agrément «complètement justifiés». «Comme l’a dit le parquet, un non est un non!», pointe-t-elle, rappelant que les trois victimes présumées culpabilisent d’avoir rencontré le prévenu.

«On se faisait des bisous sur mon lit. Il a voulu aller plus loin, mais pas moi. J’ai l’impression qu’il ne me comprenait pas », se souvient Cindy, 18 ans au moment des faits. «Il n’a pas respecté ce que je lui demandais. C’était trop tôt.» Les deux jeunes gens s’étaient rencontrés quelques jours plus tôt par le biais d’un réseau social. Le lendemain matin des faits présumés, Cindy a mis un terme à leur relation jusqu’à un soir dans une discothèque où elle lui a emprunté son smartphone pour contacter son petit ami de l’époque qui connaissait le prévenu. «Je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête.»

Le témoignage de la jeune femme est mis en doute par l’expert judiciaire en raison d’incohérences entre les différentes versions données au cours de l’enquête. «J’ai pu mélanger certaines choses.» À la barre hier, la jeune femme a oublié les détails des faits présumés. «J’ai oublié pour pouvoir continuer ma vie», explique-t-elle. «En tout cas, je lui ai dit à plusieurs reprises que je ne voulais pas. Je n’arrivais pas à me défendre. Il pesait sur moi de tout son poids, j’ai fini par le laisser faire.»

La veille des faits, la jeune femme aurait confié à sa maman que le jeune homme paraissait «obsédé par le sexe». «Il en parlait tout le temps. Ce n’était pas rassurant», note-t-elle, incapable d’expliquer les incohérences. «Les différents scénarios de la soirée changent d’une audition à l’autre. Vos déclarations à la police sont très détaillées», lui reproche la juge. «Vous avez dit que vous l’aviez embrassé le matin parce que vous étiez encore un couple. Au juge d’instruction, vous parlez de trois soirs et d’un deuxième viol.» «Il n’y en a eu qu’un seul. J’en suis certaine», affirme Cindy.

«Pourquoi ne pas avoir porté plainte contre lui?», l’interroge le représentant du parquet. «Je voulais tirer un trait. Je me suis confiée à une amie en qui je pensais pouvoir avoir confiance. Elle n’a pas gardé le secret et un jour, j’ai été contactée par la police», indique Cindy. La jeune fille aurait réussi tant bien que mal à digérer les faits «jusqu’à chaque courrier du tribunal». Elle réclame 10 000 euros de préjudice moral.

Le prévenu pourra donner sa version des faits cet après-midi et tenter de convaincre les juges. Il y a deux ans, il avait été condamné à 8 ans de prison ferme par la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

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