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Prix, stock : tout savoir sur les masques au Luxembourg


De nouveaux arrivages de masques doivent se faire jeudi ou vendredi au Grand-Duché (Photo d'illustration : AFP).

Danielle Becker-Bauer, responsable de la pharmacie du Trèfle à Bettembourg, est la vice-présidente du Syndicat des pharmaciens luxembourgeois (SPL). Elle répond à nos questions.

On voit de plus en plus de passants avec des masques au Luxembourg. Y a-t-il encore une rupture de stock ?
Danielle Becker-Bauer : Jusqu’à dimanche, nous n’avons eu que des livraisons très limitées. En début de crise, nous avons pas pu vendre du stock. Puis nous avons connu dix jours très compliqués : le moindre masque que nous avions était gardé pour nos propres équipes, en contact avec la clientèle. Dimanche, une livraison est arrivée par avion. Les pharmacies luxembourgeoises ont été livrées lundi ou hier matin, dans des quantités restreintes mais plus confortables. On nous annonce un nouvel avion pour jeudi ou vendredi. Je pense que l’on va vers une situation plus normale.

Des lecteurs nous ont fait part de prix exorbitants. En Ville, on a évoqué le masque FFP2 à 8,90 euros l’unité. Est-ce bien raisonnable ?
J’en ai vendu à 8 euros l’unité en début de semaine aussi. C’est l’offre et la demande, malgré toute notre bonne volonté. Si j’achète des masques 5 euros l’unité à un grossiste, je ne vais pas les vendre à perte derrière. Et ce n’est pas la faute du grossiste luxembourgeois, qui dépend lui-même d’un fournisseur étranger. Avec les nouveaux arrivages, les prix vont progressivement se stabiliser.
On a eu le même problème avec le gel hydroalcoolique, qui commence également à revenir. Je peux vous dire que j’ai mis des fournisseurs à la porte tellement les prix étaient honteux !

Je peux vous dire que j’ai mis des fournisseurs à la porte !

Que peut faire le pharmacien alors pour servir un maximum de clients ?
De nombreux pharmaciens du Syndicat se sont fixé comme principe la vente rationnée : vendre deux masques à 25 personnes plutôt que 50 masques à une seule personne. Nous avons défini un quota par couple ou par foyer. Il a fallu affronter certains clients, leur dire qu’ils ne pouvaient pas acheter notre stock comme ils voulaient… Quand on a vu les scènes sur le papier-toilette dans les grandes surfaces, dans notre pharmacie, comme dans de nombreuses autres au pays, on s’est dit que nous avions un devoir de réglementer la vente. Par ailleurs, en lien avec les communes ou les scouts, des pharmacies livrent les personnes âgées à domicile.

En parlant de réglementation, l’État n’a pas fixé de prix? Ça serait plutôt son rôle…
Non, et il a raison. Encore une fois, ça n’a pas de sens de dire : « Ça sera 2 euros ». Nous n’avons pas eu ces prix-là nous-mêmes.

Quel masque faut-il acheter? On est perdu entre les FFP2 et les autres…
Le FFP2, avec son filtre en forme de bec, est plus efficace que le simple masque chirurgical. Il est plus onéreux. Toutefois, s’il n’y a pas de contact direct avec un malade, si c’est pour le porter tout au long de la journée, le simple masque chirurgical fait déjà l’affaire. Il faut bien comprendre que le FFP2 demande un effort de respiration pénible sur plusieurs heures. Le filtre se mouille à la fin, ce n’est plus efficace. Nous-mêmes à la pharmacie, nous portons des masques chirurgicaux pour le contact client, et nous les changeons deux fois par jour. On désinfecte l’établissement très régulièrement aussi.

Et le gel hydroalcoolique alors, on arrive à en retrouver ?
Avec le gel, on a eu un autre problème : beaucoup de pharmaciens ont fait l’effort d’en produire, mais on a eu une rupture de flacons! J’ai bon espoir que la situation ira de mieux en mieux cette semaine.

Entretien avec Hubert Gamelon

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