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Prix à la pompe : pourquoi flambent-ils ?


En un an, le prix du gazole a progressé d'environ 23% et celui de l'essence de 15%. (illustration AFP)

L’augmentation des prix des carburants suscite une vague de colère parmi les automobilistes, qui dénoncent notamment la hausse des taxes, mais l’évolution des prix à la pompe s’explique par un certain nombre d’autres facteurs.

Le prix des produits eux-mêmes, cotés sur le marché européen de Rotterdam, représentent actuellement environ 30% à 35% du prix payé à la pompe, et la marge brute des distributeurs compte pour environ 8%. La part des taxes est la plus importante, avec une fourchette allant de 56% à 60%, selon les données communiquées par l’Union française des industries pétrolières. Deux taxes s’appliquent : la TICPE, qui comprend une composante carbone (Contribution climat énergie) pour pénaliser la pollution induite par ces carburants, et la TVA qui s’applique sur le prix des produits, mais aussi sur la TICPE.

A titre d’exemple, le 19 octobre, le gazole s’affichait en moyenne à 0,65 euro par litre hors taxe et à 1,52 euro TTC, tandis que le sans plomb 95 contenant jusqu’à 10% d’éthanol (SP95-E10), essence la plus vendue en France, valait 0,60 euro le litre hors taxe et 1,53 euro TTC.

Cours du brut et taux de change

Les prix des carburants varient en fonction de l’évolution des taxes mais aussi de celle des cours du brut, du taux de change euro-dollar, du niveau des stocks de produits pétroliers et de la demande pour ces produits. Ainsi, lorsque les cours du brut augmentent, cela se ressent à la hausse dans les prix à la pompe. Mais les prix des produits pétroliers étant établis en dollar, lorsque l’euro perd du terrain face à la devise américaine, cela renchérit aussi les prix des carburants. A deux périodes différentes, on peut donc avoir, à prix du baril constant, des différences à la pompe.

Par ailleurs, plus les niveaux de stocks de produits pétroliers sont élevés, moins les distributeurs en achètent sur le marché pour remplir leurs cuves, ce qui tire les cours vers le bas. A ce titre, gazole et essence peuvent évoluer en ordre dispersé. « Traditionnellement à la fin de l’été, on constate une baisse du sans plomb car c’est la fin de la saison estivale aux États-Unis, où les voitures roulent essentiellement à l’essence, ce qui crée une baisse de la demande », relève Francis Pousse, du Conseil national des professions de l’automobile.

En un an, le prix du gazole a progressé d’environ 23% et celui de l’essence de 15%. A 1,51 euro en moyenne la semaine dernière, le prix toutes taxes comprises du gazole a atteint un niveau jamais constaté depuis au moins le début des années 2000, selon les chiffres officiels du ministère de la Transition écologique. Pour l’essence sans plomb 95, il faut remonter à la mi-2014 pour retrouver des niveaux similaires, à 1,53 euro le litre. Dans certaines stations service, le gazole s’est même vendu ponctuellement ces dernières semaines plus cher que l’essence, une première, liée notamment aux niveaux de stocks de certaines stations et aux coûts de transports, selon Francis Pousse, qui précise toutefois que la tendance s’est inversée ces derniers jours.

Des taxes à répercuter

Si les prix des carburants sont élevés en ce moment, c’est essentiellement du fait de la hausse des cours du brut et des taxes. Avec la remontée des cours du brut, depuis un an les cours du gazole ont grimpé de 35% et ceux de l’essence de 28%, tandis que la marge de distribution a progressé d’environ 40%, reflétant notamment l’évolution des coûts de transport et la répercussion par les distributeurs de nouvelles obligations de financement d’opération d’économies d’énergie.

Du côté des taxes, la TICPE a augmenté au 1er janvier dernier de 7,6 centimes sur le gazole du fait de la hausse de la contribution climat énergie et d’une nouvelle étape dans la volonté de rattrapage par rapport à la fiscalité appliquée à l’essence. Sur cette dernière, les taxes ont augmenté de 3,9 centimes par litre. TVA inclue, les taxes sur le gazole ont augmenté de 14% et de 7,5% pour l’essence en un an.

LQ/AFP