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Privés de stage, des étudiants finalement sauvés par l’État ?


Ce sont notamment les étudiants qui cherchent à décrocher un stage dans le domaine de la santé qui voient beaucoup de portes se refermer.

Une petite dizaine d’étudiants n’ont toujours pas décroché de stage pour boucler leur bachelor en sciences sociales et éducatives à l’Uni.lu. En cause : un refus des patrons de stage de les indemniser.

Les choses commencent à bouger, après une longue lutte engagée à l’automne dernier. «En principe, il existe une volonté politique de prendre en charge les coûts des employeurs qui sont conventionnés par l’État ou qui proviennent des secteurs hospitalier et extra-hospitalier», afin de rémunérer, comme le prévoit la loi, les stages des étudiants inscrits au bachelor en sciences sociales et éducatives (BSSE).

«Pour terminer nos études, nous devons obligatoirement faire un stage de 450 heures (…) Il relève par conséquent d’une banalité de dire que le temps presse ! En d’autres termes, nous nous retrouvons actuellement dans une position de faiblesse et de vulnérabilité en raison de notre dépendance vis-à-vis des patron-ne-s de stage (…)», rappelait le 13 décembre 2023 un collectif d’étudiants du bachelor dispensé à l’université du Luxembourg (Uni.lu).

À ce jour, une petite dizaine d’étudiants sur les 65 concernés restent privés de stage. «Je risque de devoir prolonger mes études, ce qui me met vraiment dans l’embarras. L’insécurité est importante. Et, même si c’est plus anecdotique, je ne vais peut-être pas pouvoir fêter mon diplôme avec mes camarades que je côtoie depuis des années», témoigne Liv qui en fin de semaine dernière n’avait toujours pas entamé son stage.

À la base du problème se trouve la loi révisée sur l’obligation d’indemniser tous les stages de plus de quatre semaines (lire ci-contre). Il s’avère que ce sont surtout les potentiels patrons de stage dans les secteurs social, éducatif et de la santé qui se refusent d’accueillir et de payer les étudiants. En cause : un manque présumé de moyens financiers. «Les patron-ne-s de stage (…) ainsi que les ministères n’ont pas prévu les moyens (nécessaires). Ceci résulte dans beaucoup de cas dans des réponses négatives aux demandes de stage (…) avec l’argument qu’ils ne peuvent pas payer l’indemnité», fustige le collectif. Petite consolation : certains patrons de stage ont pris les devants et ont réussi à trouver des «solutions pragmatiques pour l’indemnisation».

Le blocage est bien plus large

Après une récente entrevue avec des hauts fonctionnaires du ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, les étudiants du BSSE toujours dans l’impasse peuvent reprendre espoir. Contacté par Le Quotidien, le ministère désormais dirigé par Stéphanie Obertin endosse un «rôle d’intermédiaire», avec le soutien des deux autres ministères concernés par ce dossier : la Famille et la Santé. «Des discussions sont (…) en cours entre les ministères concernés et les représentants des employeurs et des secteurs concernés afin de clarifier les modalités exactes et de soumettre (le dossier) au Conseil de gouvernement», est-il précisé dans une réponse écrite obtenue vendredi à notre rédaction.

Si l’éclaircie se précise pour les étudiants en sciences sociales et éducatives, bien d’autres «rencontrent d’importantes difficultés à décrocher un stage en raison justement de la rémunération devenue obligatoire», comme nous le confiait, début janvier, Kimon Leners, le président de l’Association des cercles d’étudiants luxembourgeois (ACEL). En attendant une série d’entrevues avec les ministères concernés, le chef de file de l’association estudiantine disait «être en attente de savoir, par le biais de l’UEL (NDLR : l’association patronale nationale) notamment, quels autres secteurs auraient besoin d’un coup de pouce financier pour proposer des stages rémunérés».

Que dit la loi ?

La loi sur les stages datant de juin 2020 a été révisée en juillet 2023. Désormais, le texte concerne tous les stages «qui font partie intégrante de la formation conformément au programme de l’établissement d’enseignement luxembourgeois ou étranger, à l’exclusion des stages obligatoires effectués dans le cadre de la formation professionnelle, de l’orientation scolaire ou professionnelle».

L’élément clé de cette loi, initiée par l’ancien ministre du Travail, Nicolas Schmit (2020), est l’indemnisation obligatoire de tous les stages de plus de quatre semaines. Le montant de cette indemnisation est aussi fixé : au moins 30 % du salaire social minimum non qualifié, soit actuellement quelque 770 euros brut.

Il existe une seule exception à la règle. Si l’établissement d’enseignement prévoit «expressément une interdiction d’indemnisation dans la convention de stage», l’élève ou l’étudiant concerné doit introduire une demande de dérogation après du ministère du Travail. Une attestation qui vaut exonération de l’obligation d’indemnisation pour le patron de stage est alors établie.

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