La fédération a décidé de suivre les réquisitions de plusieurs clubs opposés au vaste système de prêts (légaux) mis en place par le club dudelangeois. Elle soumet une réforme à tout le pays via référendum.
La Jeunesse Esch avait anticipé. Elle a consacré une grande partie de son énergie, durant l’hiver, à prolonger un maximum de joueurs de son épine dorsale (Sommer, Steinbach, Lapierre, Todorovic, Kyereh, Menessou) en sachant très bien que les clubs qui veulent la peau du vaste système de prêts instauré par le F91 et Flavio Becca (qui possède désormais des dizaines de joueurs sous contrat) obtiendraient gain de cause auprès de la FLF.
Et que, donc, les prêts conjoints des Dudelangeois Omar Er Rafik, Almir Klica, Omar Natami, Joël Pedro et Antonio Luisi, possibles cette saison et qui font un bien fou à la Vieille Dame, seraient rendus caducs la saison prochaine en cas d’adoption d’un nouveau règlement. Et c’est tout le sujet des quinze prochains jours, puisque la FLF a soumis, en cette fin de semaine, une série de questions par référendum à l’ensemble de ses affiliés, pour faire évoluer les règlements autour du prêt de joueurs, que d’aucuns estiment désormais dévoyé.
Ce sont les clubs qui veulent aller vite ?
La question la plus fondamentale sur laquelle auront à se positionner l’intégralité des clubs du pays est la suivante : un club a-t-il le droit de prêter plus de quatre joueurs de son effectif sur une saison, dont deux au maximum au même club et au sein d’une même division ? Après avoir consulté l’intégralité des clubs du pays durant tout le mois de janvier et les avoir sondés sur cette démarche référendaire, certains à Mondercange ont conçu l’idée que la réponse à cette question pourrait bien être positive.
Si elle l’était, cela ferait sauter le verrou que constituait la politique sportive du F91 et de son mécène, qui envoie régulièrement des joueurs à Virton (désormais pied à terre officiel de Flavio Becca côté belge) et Amnéville, entre autres. Et cela constituerait une victoire majeure pour le Progrès ou le Fola, unis sur un front anti-F91 sur le marché des transferts.
Les deux clubs, il est vrai, avaient connu ces derniers temps de sérieuses déconvenues de recrutement, empêchés de faire ce qu’ils voulaient par le petit jeu des alliances des uns et des autres, souvent liés indirectement au F91 par le jeu des prêts. Quatre clubs en profitent directement en DN, sans compter la Promotion et les divisions inférieures.
La fédération a donc mis les pieds dans le plat et pas qu’à moitié. Ce changement de règlement est pour tout le monde, mais personne n’est dupe : c’est surtout le triple champion en titre qui en pâtira. Et ce référendum dit que la FLF veut aller vite (ses clubs le lui auraient demandé, se défend-elle), sans patienter jusqu’à son assemblée générale, en fin d’année, ce qui lui ferait alors l’obligation de n’introduire le changement qu’en 2020… si les textes sont adoptés.
D’ailleurs, le seront-ils ? On n’imagine pas Flavio Becca se laisser faire sans combattre. Et il existe une variable de poids : la dispersion des voix en fonction de la taille des clubs, comme en AG. Certains clubs ont ainsi plus de voix que d’autres et il risque bien d’y avoir, jusqu’au 15 février, date butoir, bien des discussions, d’autant que les résultats seront rendus publics et que chacun saura ce que son voisin a voté.
Le F91 va forcément se défendre
Forcément, dans les jours à venir, Dudelange va développer ses arguments. Il en a. Le premier et non des moindres : c’est aussi en partie grâce à ce système qu’il est parvenu à monter l’équipe qui a joué la phase de poules de l’Europa League, fin 2018. Ses adversaires lui rétorqueront que cela ne lui donne pas le droit de siphonner les ressources en joueurs du pays et de casser la concurrence.
Il y a aussi que certains joueurs risquent de payer les pots cassés. Les cinq Dudelangeois prêtés à la Jeunesse cette saison, par exemple, ne peuvent pas être achetés. Il leur faudra jouer les trois ans réglementaires pour leur club. La FLF n’aurait pas prévu d’évolution à ce niveau. Mais on n’en est pas encore à estimer les effets pervers d’un éventuel changement de règles…
Julien Mollereau