Les partis politiques luxembourgeois ont vu sombrer leurs homologues français, non sans une certaine émotion. Ils sont tous effrayés du score des extrêmes et espèrent voir Macron rassembler les forces républicaines.
Ils sont tous un peu groggy, même si le résultat de cette élection présidentielle n’a pas surpris les responsables politiques luxembourgeois. Il était annoncé par les sondages qui ne se sont pas trompés et le duel Macron-Le Pen se rejoue cinq ans plus tard. Sauf que le second tour est plus qu’incertain et le président sortant n’atteindra certainement pas les 66 % de suffrages qu’il avait réussi à rassembler en 2017 face à la même Marine Le Pen.
Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon ont vu le second tour leur échapper d’un cheveu et la soirée n’a pas manqué de suspense. «L’espoir, c’est ce qui meurt en dernier», commente le porte-parole de déi Lénk Gary, Diderich, qui a rêvé de voir Mélenchon devancer Le Pen et qui ose espérer, encore, que cette dernière n’accédera pas au pouvoir dans deux semaines.
«C’est très décevant de constater qu’en dépit d’une super campagne qui a su séduire les jeunes, Mélenchon ne soit pas parvenu au deuxième tour, d’autant plus que la situation sociale et l’urgence climatique auraient dû forcer les autres candidats de gauche à se rallier à lui au lieu de se maintenir avec 2 % d’intention de vote», regrette Gary Diderich.
Cette défaite sur le fil le rend d’autant plus amer parce que le patron des insoumis avait aligné un programme «fort», qui n’avait eu «que des retours positifs» de toutes les évaluations. Mais Jean-Luc-Mélenchon a été diabolisé pendant que Marine Le Pen était, au contraire, angélisée, face à un Éric Zemmour, qui a labouré ses plates-bandes en incarnant le degré zéro de la politique.
Le retour du programme commun?
L’ancien ministre et député, actuel conseiller d’État, le socialiste Alex Bodry, n’a pas manqué à son rituel qu’il respecte scrupuleusement depuis une bonne vingtaine d’année. Les soirs de dépouillement, il se rend à Volmerange-les-Mines pour suivre les résultats en direct. «Volmerange reflète assez fidèlement la tendance nationale et cela s’est encore vérifié cette année», témoigne-t-il. Le même trio de tête et la même queue de peloton.
«Ce résultat reflète surtout un paysage politique en ruine avec un bouleversement qui s’amplifie et des partis traditionnels qui disparaissent des présidentielles même si localement, ils restent bien implantés.» Il retient que trois candidats d’extrême droite rassemblent un tiers des voix. Si les partis modérés sont largement boudés, Alex Bodry observe que tous les électeurs de Jean-Luc Mélenchon «ne sont pas d’extrême gauche».
Est-ce reconnaître que le Parti socialiste a péché? «C’est difficile de rejoindre Mélenchon qui affiche des positions anti-PS depuis des années et il ne faut pas oublier que le Parti socialiste réalise de bons scores au niveau local et régional, il est donc légitime qu’il présente un candidat à l’élection présidentielle, la plus importante qui soit en France.»
Alex Bodry reconnaît que le parti «a perdu beaucoup en crédibilité». Cette actualité lui rappelle la cuisante défaite du candidat Gaston Defferre en 1969 qui a conduit à une refonte du Parti socialiste et le choix d’une alliance à gauche avec le Parti communiste français, autour du Programme commun, à partir de 1972. «Ils vont faire la même chose après les législatives», prédit Alex Bodry.
Les législatives de juin, il les attend pour voir comment les électeurs vont se répartir. «Macron devra faire des unions, parce qu’il n’a pas réussi à faire un véritable parti de son mouvement, l’ancrage local a échoué», constate encore Alex Bodry.
Difficilement imaginable
Claude Wiseler pousse un long soupir. Le président du Parti chrétien-social est paf et surtout «effrayé» par le résultat. «Il y a un certain nombre de problèmes en France que les partis traditionnels n’arrivent plus à résoudre. On assiste à un changement sur l’échiquier politique français difficilement imaginable il y a quelques années», admet-il. Le député et ancien ministre se dit «content» pour Emmanuel Macron et espère le voir victorieux au soir du second tour, même s’il était un défenseur de Valérie Pécresse. «Il va falloir voter pour le candidat républicain, sans hésitation», insiste Claude Wiseler. «L’erreur qu’a commise Valérie Pécresse a été de dire qu’elle ne donnerait pas de consigne de vote pour le second tour alors beaucoup d’électeurs ont directement voté pour Macron dès le premier tour», analyse Claude Wiseler.
Il n’oublie pas que les querelles intestines ont nui aux partis traditionnels, à commencer par Les Républicains. «Quand j’entends que François-Xavier Bellamy préfère voter Zemmour que Macron, alors il ne fait pas se poser de question. Je ne comprends pas», reconnaît-il. «Heureusement que Pécresse a été claire sur le report de voix», souffle-t-il.
Un certain mal-être
La présidente du Parti démocratique et ministre de la Famille, Corinne Cahen, préfère constater qu’Emmanuel Macron arrive largement en tête des suffrages parmi les électeurs français résidant au Luxembourg. C’est toujours ça de gagner. Pour le reste, «c’est la même chose tous les cinq ans», se désespère Corinne Cahen. Le résultat de ce premier tour traduit selon elle, «un certain mal-être» qui se perpétue en passant «d’une crise à l’autre».
C’est surtout le score du Parti socialiste qui la choque le plus. «Je ne comprends pas comment Anne Hidalgo a fait pour rassembler 1,7 % des suffrages, je ne peux pas comprendre que le PS soit mort», confie Corinne Cahen en espérant de tout cœur que Macron parvienne à rassembler les forces républicaines. «Avec Le Pen, on ne sait pas de quoi demain sera fait, ce sera certainement un pays antieuropéen», craint-elle.
Pour la défaite de la droite de Valérie Pécresse, elle estime que le désastre était prévisible dès lors qu’un parti change de nom tous les cinq ans et laisse l’électeur égaré. «La politique a un devoir de stabilité sinon il y a un danger d’y laisser des plumes», déclare la ministre libérale.
Les verts n’étaient pas nombreux derrière leur candidat Yannick Jadot qui récolte moins de 5 % des voix. Ils lui ont préféré pour beaucoup Jean-Luc Mélenchon. Le porte-parole de déi gréng ne s’étend pas sur la question. Meris Sehovic renvoie à sa réaction qu’il a diffusé sur les réseaux sociaux : «Le premier tour de la présidentielle soulève de nombreuses questions sur le futur de la démocratie française. Mais dans l‘immédiat, une chose est très claire : l’extrême-droite frappe aux portes du pouvoir, et il faut absolument la battre en votant pour Emmanuel Macron! », écrit-il.
Aucun d’entre eux n’a envie de commenter une éventuelle victoire de Marine Le Pen dans deux semaines, espérant ardemment que Macron remporte le match.
Ils sont choquer qu il s’occupe de leur affaire .au moment de crise se qui est choquant c’est le salaire du grand duc et les terrains qui nous coûte au citoyens