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Présidentielle en France : Alain Juppé prêt à y aller, François Fillon acculé


Alain Juppé ne se "défilera pas" comme recours à deux conditions: si "François Fillon se retire de lui-même" et s'il obtient un soutien "unanime" de son parti. (photo AFP)

L’alternative Alain Juppé prend forme: le maire de Bordeaux ne « se défilera pas » si François Fillon se retire de la course à la présidentielle à condition que toutes les troupes soient derrière lui, acculant encore peu plus l’actuel candidat de la droite.

Sèchement battu à la primaire de la droite par François Fillon, Alain Juppé ne se « défilera pas » comme recours à deux conditions: si « François Fillon se retire de lui-même » et s’il obtient un soutien « unanime » de son parti, a indiqué vendredi son entourage.

Les juppéistes avaient déjà déserté depuis jeudi la campagne de M. Fillon, menacé d’une probable mise en examen le 15 mars dans l’affaire des emplois fictifs présumés de plusieurs de ses proches.

La plupart des proches d’Alain Juppé, qui avaient intégré le dispositif de campagne de François Fillon, ont fait défection: Benoist Apparu, Christophe Béchu, son conseiller Gilles Boyer, devenu trésorier de la campagne de François Fillon, ou encore Edouard Philippe.

« Nous l’avons informé (Juppé, ndlr) de notre décision, on ne lui a pas demandé son autorisation… Je n’ai pas de retour, je ne sais pas comment il envisage la suite, je sais simplement pour avoir échangé avec lui qu’il est au fond, comme tout le monde, extrêmement préoccupé », commente Edouard Philippe, député-maire du Havre.

Au pointage officiel du Conseil constitutionnel vendredi matin, Alain Juppé a déjà enregistré officiellement un parrainage. Au même moment, Thierry Solère, porte-parole de la campagne de Fillon et organisateur de la primaire, démissionnait à son tour.

Le maire de Bordeaux arriverait légèrement en tête du premier tour, selon un sondage Odoxa-Dentsu pour France 2 publié vendredi.

Mais comment pousser l’actuel candidat à renoncer, lui qui ne veut « pas se coucher »?

« Ca n’existe pas le putsch, on ne va pas sortir François Fillon de sa situation, il peut être candidat, il a déjà ses 500 signatures. Ca n’a pas de sens cette notion de putsch. S’il veux aller au bout, il ira au bout », constate M. Philippe. « La question c’est: qu’est-ce que ça veut dire d’aller au bout? Pour faire quoi? Avec qui ? Avec quelle possibilité effective de mettre en oeuvre ses réformes? », a-t-il égrené.

« Plus un plan B, mais un sauveur »

A 50 jours du premier tour, la droite, qui assurait aux votants à la primaire il y a trois mois qu’ils choisissaient leur candidat à l’Elysée, se trouve depuis fin janvier dans d’un scénario digne d’un film catastrophe, voyant son candidat éliminé au premier tour dans les sondages.

Objet d’une information judiciaire du fait de soupçons visant sa femme Penelope pour avoir été rémunérée comme collaboratrice parlementaire et à La Revue des Deux mondes sans avoir réellement travaillé, François Fillon se débat depuis près de six semaines dans ce scandale.

« Ses soutiens s’étiolent et la division menace désormais gravement l’unité de notre mouvement politique », écrit vendredi matin, Philippe Richert, président de la région Grand Est, et ex-soutien de Nicolas Sarkozy.

« Les propos extrêmement durs à l’égard du fonctionnement de la justice qu’il a pu tenir, sous une pression certes intense lors de la conférence de presse de mercredi, ont choqué une partie de l’opinion publique, y compris dans notre camp », résume l’élu.

Quant au « grand rassemblement populaire » de soutien à François Fillon prévu dimanche au Trocadéro, il suscite beaucoup d’interrogations chez les élus. « Les fissures et fractures s’accentuent. L’infiltration ne peut que s’agrandir », fait valoir un député LR.

« Sept jours sur sept, 24 heures sur 24, la machine à broyer, la machine à scoops, la machine à rumeurs s’est mise en marche. Mais je vous le redis: je n’ai pas l’intention de me coucher », a pourtant martelé François Fillon depuis Nîmes jeudi soir, se posant en « combattant ».

Cependant, comme un symbole, même Patrick Stéfanini, son directeur de campagne, homme des missions difficiles et organisateur de la campagne de Chirac en 1995, lui a demandé de se retirer mercredi matin. Selon des sénateurs LR, le président du Sénat, Gérard Larcher, proche de François Fillon, lui a aussi demandé de renoncer.

Les sarkozystes ont eux prévu de se réunir mardi matin. Il était difficile vendredi d’y voir clair quant à leur soutien ou non de M. Juppé. Jeudi Fançois Baroin avait prévenu: « si Alain y va, il y (en) aura d’autres » candidats à droite. Vu la gravité de la situation, le candidat qui sera choisi ne sera « plus un plan B mais un sauveur », soulignait une source LR.

Le Quotidien /AFP