Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le ministère des Affaires intérieures a communiqué les chiffres des saisies de drogues de ces cinq dernières années. 2023 arrive largement en tête avec une confiscation de plus de 400 kilos de haschisch par les douanes.
En février dernier, le parquet a annoncé une saisie de 508 kilos de cocaïne retrouvés au Cargo Center dans de la fécule de maïs. Quelques jours plus tard, le record est tombé avec une nouvelle saisie, cette fois de 889 kilos cachés dans une concasseuse. Des confiscations exceptionnelles qui ont amené le député Sven Clement (Parti pirate) à s’interroger sur les saisies de drogues de ces cinq dernières années et à en demander le détail au ministre des Affaires intérieures.
Dans sa réponse, Léon Gloden (CSV) a précisé les chiffres des saisies d’héroïne, de cocaïne, de haschisch et de marijuana entre 2020 et 2024. Il en ressort que 2025 a déjà largement dépassé les années précédentes en termes de lutte contre les stupéfiants. L’année 2024 a été la plus faible avec seulement 71 kilos saisis, toutes drogues confondues, largement en dessous des années précédentes : 251 kilos en 2022, 97 en 2021 et 169 en 2020. Mais c’est 2023 qui possède pour le moment le record avec 539 kilos de drogues confisqués. Un chiffre qui s’explique par une très grosse prise de plus de 400 kilos de haschisch par les douanes cette année-là.
Marijuana et haschisch en première place
Marijuana et haschisch sont les drogues les plus souvent retrouvées. En 2022 par exemple, les douanes ont saisi près de 170 kilos de marijuana, tandis que la police en a confisqué plus de 83 kilos en 2020. La cocaïne arrive en troisième position avec des saisies beaucoup plus faibles, même si près de 10 kilos avaient été retrouvés par les forces de l’ordre en 2020. Enfin, l’héroïne arrive en quatrième position avec des quantités saisies qui ne dépassent généralement pas les deux kilos par an même si 2022 a constitué une année record avec plus de cinq kilos récupérés par la police.
Un pays de transit
Dans sa réponse, Léon Gloden précise que le Grand-Duché reste «un pays de transit» et que la drogue est rarement destinée au marché luxembourgeois. Celle-ci est essentiellement originaire de Belgique et des Pays-Bas. Face aux dernières saisies records de cette année, il annonce également qu’une «étroite collaboration» avec Europol a été mise en place.
Pour lutter plus efficacement contre le trafic de stupéfiants, le gouvernement souhaite mettre à jour les accords de coopération bilatéraux existants avec l’Allemagne et la France. «La police et l’Administration des douanes collaborent étroitement avec la Belgique, les Pays-Bas et la France, notamment dans le cadre des opérations conjointes Hazeldonk, rappelle le ministre de la Sécurité intérieure. Dans ce contexte, plusieurs opérations de contrôle sont menées chaque année avec d’autres États membres contre le trafic de drogue.»
Cartels colombiens
Une nouvelle équipe d’experts nommée EU Customs Alliance for Borders, à laquelle participent les douanes luxembourgeoises, a aussi été lancée cette année. «Cette initiative vise à renforcer les capacités opérationnelles communes des autorités douanières aux frontières extérieures de l’UE (aéroports, ports, frontières terrestres) pour lutter contre le trafic et le commerce de drogues.» En parallèle, le Luxembourg participe à des groupes de travail ainsi qu’à la plateforme Empact (European Multidisciplinary Platform Against Criminal Threats).
En revanche, face aux inquiétudes de Sven Clement de voir des cartels colombiens s’installer en Europe, Léon Gloden assure qu’il n’y a aucun indice sur la présence de telles organisations au Grand-Duché. «Le risque ne peut jamais être totalement exclu, mais il n’y a actuellement aucun signe indiquant que des incidents violents dus aux cartels représenteraient un danger au Luxembourg.»
