Les actes de violence physique, sexuelle ou psychologique, les vols et les fraudes sont loin d’être toujours signalés à la police grand-ducale. Dans un rapport publié ce mardi 5 décembre, le Statec dresse un état des lieux de l’ampleur des non-déclaration dans le cas des vols et fraudes contre les personnes.
Les statistiques sur la délinquance et la criminalité qui sont produites par la police grand-ducale reposent toutes sur la déclaration préalable des faits par leurs victimes ou par tierces personnes. Il est cependant bien connu qu’une part significative des crimes et des délits ne sont pas portés à la connaissance de la police.
Dans une précédente publication, le Statec indiquait ainsi que «78% des victimes de violence ont déclaré ne pas avoir été en contact ni avec la police ni avec des professionnels tels que les médecins, psychologues, travailleurs sociaux ou autres professionnels d’institutions médicales, sociales ou religieuses.»
Les fraudes bancaires moins déclarées
Les faits qui sont le moins signalés à la police concernent les utilisations frauduleuses de coordonnées bancaires. Ce résultat doit cependant être nuancé, précise l’institut de statistiques, car près de 70% des victimes de ces délits les dénoncent directement auprès de leur banque.
Le taux de non-déclaration varie ensuite de 11% pour les vols de véhicule à 23% pour les cambriolages ou les tentatives de cambriolage de la résidence principale pour finalement atteindre 38% pour les vols avec violence contre les personnes, 41% pour les vols dans ou sur une voiture et 46% pour les vols sans violence. Le taux de non-déclaration à la police varie donc sensiblement en fonction du type d’incident.
Des faits «pas assez graves»
Sans surprise, les incidents qui ont eu un impact financier sur la victime ou sur son ménage sont plus souvent déclarés à la police. Si on se limite aux incidents ayant eu un impact financier, le taux de non-déclaration chute à 14% pour les cambriolages/tentatives de cambriolage, 31% pour les vols avec violence et 10% pour les vols de véhicule.
Par ailleurs, il s’avère que les incidents qui ont impliqué de la violence sont plus fréquemment rapportés à la police. Par exemple, le taux de non-déclaration des cambriolages violents chute à 6%. Les cambriolages qui n’ont pas été déclarés sont en moyenne des incidents «mineurs» dans la mesure où ils n’ont pas toujours été accompagnés d’actes de violence et pour la moitié d’entre eux se sont déroulés en dehors de l’habitation même du ménage (20% dans le jardin ou le terrain autour de l’habitation et 30% dans les parties attenantes, par exemple un garage).
C’est précisément parce qu’elles jugeaient l’incident comme «pas assez grave» ou qu’elles n’en voyaient pas l’intérêt que les victimes ont choisi de ne pas informer la police.
Qui sont les victimes ?
Parmi les victimes de vols avec violence âgées de moins de 30 ans, 42% ne se sont pas signalées à la police, contre 38% pour l’ensemble de la population. Pour les victimes de vols sans violence, ce sont 56% des victimes de moins de 30 ans qui n’ont pas déclaré l’incident, contre 46% pour l’ensemble des victimes. Lorsqu’on examine les résultats pour les hommes et les femmes, on voit que les femmes tendent à déclarer davantage les faits de vols avec violence à leur encontre que les hommes.
Lorsqu’on interroge les victimes de moins de 30 ans sur les motifs qui les ont poussées à ne pas rapporter l’incident à la police, celles-ci déclarent, dans le cas des vols avec violence, que l’incident n’était pas assez grave, que cela n’aurait servi à rien ou encore qu’elles n’avaient pas de preuves suffisantes pour faire intervenir la police.
On peut souligner au passage que 13% de ces victimes ont déclaré avoir peur ou avoir eu une expérience négative avec la police, ce motif étant même invoqué par 37% des victimes de 30 à 49 ans.
La non-déclaration touche davantage les personnes nées au Luxembourg que celles nées à l’étranger : pour les premiers, 43% des victimes de vols avec violence n’ont pas rapporté l’incident à la police, contre 30% pour les derniers.
L’écart est beaucoup plus réduit pour les vols sans violence, avec un taux de non-déclaration de 47% pour les victimes nées au Luxembourg et 44% pour celles qui sont nées à l’étranger.