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Prendre le train, c’est prendre son temps


Sur 990 liaisons entre 45 grandes villes européennes, seules 12 % sont assurées par des trains directs, contre 72 % par des vols directs. (Photo : alain rischard)

L’avion reste encore le moyen de transport préféré des voyageurs, tant que le réseau ferroviaire ne se sera pas développé partout en Europe. Greenpeace Luxembourg s’en préoccupe.

Il n’est plus à prouver que prendre le train revient à faire un grand geste écoresponsable. Chacun en conviendra, mais ils sont peu nombreux à franchir le pas. Greenpeace cherche des soutiens qui leur permettront, dit l’ONG, de demander aux responsables politiques d’améliorer la situation du secteur des transports au Luxembourg et en Europe, car il est grand temps d’investir dans le secteur ferroviaire international.

Il est davantage question ici du transport des voyageurs que de celui des marchandises. Au hasard, nous avons cherché à comparer deux allers simples pour Vienne, l’un en train, l’autre en avion, la capitale autrichienne étant une des villes universitaires prisées des étudiants luxembourgeois.

Pour un aller simple le 31 juillet prochain, le trajet le plus rapide en train s’effectue en 10 heures et 49 minutes, en commençant par un bus au départ de la gare de Luxembourg à 6 h 45 pour aller jusqu’à Sarrebruck. De là, un train nous conduira jusqu’à Munich, que nous atteindrons à 12 h 49. Quarante minutes plus tard, une correspondance nous mènera jusqu’à Sankt Pölten. Si tout se passe bien, nous aurons cinq petites minutes pour attraper la prochaine correspondance, un train régional express qui arrivera à Vienne une demi-heure plus tard. Le coût de ce trajet? 69,90 euros en deuxième classe, selon le site des CFL.

Le même trajet en avion, un aller simple pour ce même mercredi 31 juillet, est opéré par la compagnie nationale Luxair. En partant à 6 h 55, nous atterrissons à Vienne à 8 h 45. Le coût? 383,5 euros. Les deux recherches ont été effectuées hier, sachant que les prix peuvent varier d’un jour à l’autre, voire d’heure en heure pour les trajets en avion…

Évidemment, d’autres exemples, selon la destination, mettront en avant des prix moins chers en avion avec des compagnies low cost. «Éviter de monter dans un avion est l’un des actes les plus impactants pour lutter contre le réchauffement climatique à son échelle», insiste Greenpeace, en rappelant que la diminution du trafic aérien est une des solutions pour contenir le réchauffement climatique à 1,5 °C.

«Un simple vol peut annuler les efforts qu’un individu réalise au quotidien pour réduire son empreinte environnementale», rappelle l’ONG. Elle cite en exemple un aller-retour à Bali qui émet près de quatre tonnes équivalent CO2 par passager, soit deux fois plus que ce que l’on devrait émettre par an.

Carte interactive

Pour voyager responsable, Greenpeace répète à l’envi que l’Europe devrait taxer l’aviation pour financer le secteur ferroviaire ou alors il faudrait plafonner le nombre de décollages dans les principaux aéroports. Cependant, c’est le contraire qui se produit. L’Association du transport aérien international estime qu’il y a eu 4,29 milliards de voyages aériens en 2023, non loin du volume historique de 2019, 4,54 milliards. Pour 2024, l’organisation estime que ce record sera battu avec 4,7 milliards de voyages.

Le rapport Greenpeace «Connection Failed» montre que sur les 990 liaisons existantes entre 45 grandes villes européennes, seules 12 % sont assurées par des trains directs alors que 72 % le sont par des vols sans escale, ce qui représente six fois plus de liaisons par les airs que par le rail.

L’ONG lance un appel aux dons. Pourquoi? D’abord pour financer sa carte interactive, qui indique les connexions existantes. «Elle permet d’interpeller les différents gouvernements sur cette problématique flagrante», écrit l’ONG.

Quant au transport ferroviaire, pour ceux qui préfèrent dormir et se réveiller le lendemain matin à destination, il y a bien les trains de nuit. Mais le Grand-Duché en est privé. «Le Luxembourg est très intéressé par les connexions internationales – de jour comme de nuit», avait répondu la ministre de la Mobilité, Yuriko Backes, au député pirate Marc Goergen il y a six mois. «Cependant, l’introduction des trains de nuit entraîne des coûts financiers élevés que notre opérateur national ne peut pas supporter seul», ajoutait-elle. La priorité était d’être bien relié aux pays voisins du Luxembourg – et au-delà – «ce qui permet par la suite d’être rattaché à un réseau de trains de nuit.»

En attendant, c’est l’aviation qui décolle et les trains qui restent à quai.

Un commentaire

  1. Patrick Hurst

    Hélas, revenir à la culture du train est un effort aussi dur que la réinstauration du Tram dans les villes européennes. Deux raisons à cela:
    1) La libéralisation: Vu que le train est un moyen de transport hautement dépendant d’infrastructures fixes (rails, signalisations, etc), ce sont généralement les grandes companies nationales qui dominent le pavé.
    2) Les infrastructures justement et le manque d’investissement dans celles-ci: Qui se souvient encore des liaisons Luxembourg-Bruxelles en 2h avec deux arrêts seulement ou de la continuation du train de nuit vers Bales, Zurich, Milan, Rimini et Rome? Ou avez-vous déjà entendu parler du projet EuroCap Rail (le TGV qui devait relier Bruxelles et Strasbourg)? Eh non! pas de bol… C’est par Paris qu’il passe!
    Disons-le honnêtement: C’est à coup(e)s successifs de rationalisation budgétaire qu’on a réduit les investissements dans le train, tout en diminuant les taxes sur le Kerosen… Les voilà, les erreurs de l’ère Juncker / Schröder / Bolkestein!

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