Le budget 2024, attendu pour la fin mars, et les élections européennes du 9 juin vont constituer les deux premiers grands examens de passage de la nouvelle majorité. Le temps presse.
Le 25 février, le gouvernement Frieden-Bettel, en place depuis le 17 novembre, va atteindre le cap des 100 jours de règne. La traditionnelle période de carence, accordée à tout nouvel exécutif, va alors arriver au bout. Les partis de l’opposition n’ont pas attendu aussi longtemps pour se mettre à tirer à boulets rouges sur la majorité CSV-DP, qui s’est formée en un temps record après les législatives du 8 octobre dernier.
En cause, une série de premières annonces et décisions qui ont eu le don d’interpeller. Est-ce que l’équipe emmenée par le Premier ministre Luc Frieden (CSV) va réussir à convaincre davantage dans les douze mois à venir? Les enjeux qui se posent sont, en tout cas, importants.
Double crise dans l’immobilier
Une grande réunion de tous les acteurs de la construction et du logement devrait avoir lieu début février. Il s’agira d’un premier moment charnière pour le chef du gouvernement, mais aussi ses ministres des Finances, Gilles Roth (CSV), et du Logement, Claude Meisch (DP).
Le principal objectif de cette réunion nationale sera de peaufiner le paquet fiscal censé relancer un secteur de la construction en berne, avec à la clé un important déficit en termes de réalisations de nouveaux logements. Jusqu’à présent, ces mesures (amortissement accéléré, «Bëllegen Akt», etc.) ne sont pas encore chiffrées. Seule certitude : une fois validées par la Chambre, elles seront applicables de manière rétroactive (au 1er janvier 2024).
Quelles priorités budgétaires?
Le nouveau gouvernement a hérité d’un budget provisoire pour les trois premiers mois de la nouvelle année. Le ministre des Finances, Gilles Roth, devra avoir ficelé, avant la fin mars, un budget définitif pour cette année 2024. Le volume de dépenses et de recettes qu’il va présenter permettra de voir plus clair sur les premières grandes priorités du nouvel exécutif.
Le paquet fiscal pour relancer la construction va certainement peser. Qu’en sera-t-il du financement de la sécurité sociale, des investissements dans la lutte contre le changement climatique ou encore du maintien des enveloppes consacrées au développement des infrastructures?
Les réponses ne vont pas tarder à tomber.
Le virage répressif est amorcé
La validation de l’interdiction de la mendicité dans la capitale ne constitue qu’un avant-goût du virage répressif que compte mettre en œuvre le nouveau gouvernement. Il est cependant peu probable que les ministres de tutelle, Léon Gloden (Sécurité intérieure) et Elisabeth Margue (Justice), puissent concrétiser davantage, durant cette année, deux de leurs projets phares : la police locale et la comparution immédiate. Un projet pilote dès 2024 pour tester le dispositif de la police locale n’est cependant pas exclu, en attendant un projet de loi pour 2025.
La simplification administrative
Il s’agit de la formule magique du CSV et du DP pour accélérer différents dossiers. Moins de bureaucratie et application moins stricte de certaines mesures environnementales doivent notamment permettre de réaliser plus vite davantage de logements à prix abordable. Reste à savoir si, au-delà du coup de pouce fiscal pour le secteur de la construction (lire plus haut), la fameuse coordination rapprochée entre les ministères du Logement, des Finances, des Affaires intérieures et de l’Environnement pourra vraiment fonctionner.
La même simplification administrative doit permettre une accélération du développement des énergies renouvelables, avec toutefois une question qui revient de plus en plus souvent : quelle est la réelle ambition du gouvernement CSV-DP en termes de protection de l’environnement et de lutte contre le changement climatique?
Une nouvelle année de tensions sociales?
Des doutes persistent aussi sur la volonté et la capacité du gouvernement à réellement lutter contre la pauvreté.
Un autre enjeu social est lié à la conjoncture et à l’inflation. Si la croissance économique, en berne en ce début d’année, ne s’améliore pas, les plans fiscaux et financiers du gouvernement risquent de tomber rapidement à l’eau. De potentiels nouveaux conflits, avec les syndicats ou à l’intérieur d’entreprises, ne sont pas à exclure.
Encore un double scrutin
Les élections sociales du 12 mars ne devraient pas avoir d’impact majeur sur le gouvernement. L’enjeu sera tout autre lors des élections européennes du 9 juin. En 2014, le nouveau gouvernement tricolore, formé par le DP, le LSAP et déi gréng, avait signé un résultat peu réjouissant lors de ce scrutin. Le CSV, écarté six mois plus tôt du pouvoir, est sorti grand vainqueur des urnes. On peut donc affirmer que les européennes vont constituer un premier test de popularité majeur pour le nouvel exécutif conservateur-libéral.