L’artiste luxembourgeoise Déborah de Robertis, poursuivie pour exhibition sexuelle après des performances dans deux musées où elle apparaissait en partie dénudée, a été relaxée mercredi. Le tribunal a estimé qu’il n’y avait « pas d’éléments suffisant pour caractériser l’exhibition ».
A la sortie du Palais de Justice, l’artiste de 32 ans, qui s’est déclarée « satisfaite » de la décision, a expliqué vouloir poursuivre ses performances. « Pour moi c’est très bien, puisque je prépare une série de performances dans d’autres musées ». Selon elle, la décision du tribunal « replace (son) travail là où il doit être, dans l’art ».
La présidente du tribunal correctionnel de Paris a jugé, « qu’en l’état actuel des mœurs en France (…), le geste de l’artiste n’était pas constitutif d’une exhibition » et qu’il n’y avait « simplement pas d’éléments suffisant pour caractériser l’exhibition ».
Une décision « qui fait honneur à la justice »
L’avocat de la Luxembourgeoise, Me Tewfik Bouzenoune, s’est réjoui de la relaxe de sa cliente. « C’est une super décision qui fait honneur à la justice sur la manière de juger les artistes ». Il a par ailleurs estimé « imprécis » le texte sanctionnant l’exhibition sexuelle. « Comment peut-on définir un état de nudité ? C’est beaucoup trop vague », a-t-il pointé.
Déborah de Robertis était apparue en partie dénudée lors de deux expositions : au Musée des arts décoratifs de Paris, lors d’une exposition consacrée à la poupée Barbie, et à la Maison européenne de la photographie. L’artiste s’y était rendue le 18 septembre, perruque blonde sur la tête, dans une combinaison couleur chair qui laissait apparaître ses seins. En haut de ses cuisses, elle arborait une abondante toison pubienne factice.
Si la magistrate du parquet avait admis la différence de contexte entre le geste de l’artiste et une exhibition sexuelle classique, elle avait également souligné le caractère « imposé » de la performance, vis-à-vis d’un public non averti. Une amende de 2 000 euros avait été requise.
Le Quotidien/AFP
Enfin les tribunaux font la différence entre la nudité, même exposée (donc, en un certain sens, il s’agit bien d’exhibition; d’ailleurs, en anglais, une exposition de peinture, on appelle ça exhibition), et l’exhibition sexuelle: il n’y a pas d’actes sexuels.
Que ce soit de l’art ou non, c’est une autre question, mais ce n’est pas à un tribunal d’en juger, c’est aux critiques d’art, aux artistes, aux professeurs d’histoire de l’art, aux conservateurs de musées, au public même, mais ça ne concerne pas la police et la justice, qui ont d’autres chats à fouetter (notamment ces personnes couvertes des pieds à la tête, tête comprise, qui sont autrement plus choquantes et surtout dangereuses).