Poursuivi pour attouchements sur trois garçons mineurs entre 2012 et 2015, un homme de 33 ans comparaît depuis vendredi devant la chambre criminelle.
En 2015, trois mères avaient porté plainte à l’encontre du trentenaire pour attentat à la pudeur : son ex-épouse, son ex-compagne et sa demi-sœur. Sur les trois cas dont est saisie la 13e chambre criminelle, le prévenu reconnaît l’attouchement lors d’une colonie de vacances. Il conteste toutefois le caractère sexuel de l’acte.
Du point de vue du psychiatre, il n’a plus le droit de travailler avec des enfants jusqu’à ce qu’il ait suivi un traitement.» Voilà la conclusion livrée vendredi matin par l’expert en neuropsychiatrie qui a examiné le prévenu. «On peut parler de tendances pédophiles», appuie le spécialiste, qui n’exclut pas un passage à l’acte.
Les faits reprochés au prévenu, âgé aujourd’hui de 33 ans et placé actuellement sous contrôle judiciaire, ont été commis de 2012 à 2015. La première plainte concernant son comportement avait été déposée à la police en mai 2015. L’ex-épouse du trentenaire y rapportait ce que son fils lui avait confié six mois plus tôt. La police judiciaire section protection de la jeunesse s’était chargée de l’enquête et avait entendu le garçon.
«Lors de son audition vidéo, il a déclaré que son beau-père lui avait décalotté le prépuce.» D’après ses descriptions, les attouchements ont eu lieu au printemps 2014 alors qu’ils étaient en colonie de vacances au ski. À l’époque, le trentenaire était encore en couple avec la mère. Travaillant comme bénévole dans une maison de jeunes, il accompagnait souvent des groupes. Pour le voyage en France, il avait emmené son beau-fils de 12 ans. Les deux partageaient la même chambre.
Lors de son audition, la mère avait indiqué avoir chargé dès 2009 son conjoint de l’hygiène de son fils. L’opportunité des abus se serait donc présentée presque tous les jours au moment de la douche.
Interrogé par l’enquêteur, le trentenaire a reconnu avoir touché les parties intimes du garçon aux vacances de ski, mais sans motivation sexuelle. Il aurait juste voulu s’assurer qu’il s’était bien lavé. «C’est un peu comme s’il se prenait comme le samaritain du prépuce», remarque l’enquêteur.
Cinq mois après la première plainte, la police en avait reçu une deuxième. Elle concernait le fils de 10 ans de la nouvelle compagne du trentenaire. À l’été 2015, alors que le garçon était sous la douche, il aurait été victime d’attouchements. Ensuite le trentenaire lui aurait conseillé de consulter un urologue.
La théorie du complot
Ce fait, le prévenu l’a contesté devant la police, tout comme les faits reprochés dans la troisième plainte déposée par sa demi-sœur. Elle l’accuse d’avoir commis plusieurs attentats à la pudeur sur son fils de 10 ans. Le premier abus aurait eu lieu dans la salle de bains au printemps 2015 quand elle lui avait demandé de vérifier s’il se lavait les cheveux. Le deuxième incident reproché aurait eu lieu lors d’une excursion d’escalade au moment où il lui disait qu’il contrôlait le bon positionnement de son harnais.
À l’enquêteur, le trentenaire avait parlé d’un complot. Mais il n’avait pas su indiquer de motifs : «Il y en a assez, mais je ne peux pas en citer maintenant», avait-il affirmé. Pour l’expert psychologue, qui a rencontré les trois garçons, les déclarations de ces derniers sont toutefois crédibles.
Vendredi, la défense avait cité deux témoins de moralité. Tous les deux connaissent le prévenu depuis de nombreuses années. Ils affirment ne jamais avoir constaté un quelconque problème au niveau de son comportement. «Il a toujours été intéressé par le métier d’éducateur. C’est un domaine où il se sentait à l’aise», a souligné l’un des témoins.
C’est un fait que le trentenaire a beaucoup travaillé avec les jeunes. À la suite des accusations, il a d’ailleurs dû abandonner son travail en tant qu’agent socio-éducatif dans une maison relais.
Le procès se poursuivra mardi matin. Avant les plaidoiries de la défense et le réquisitoire du parquet, ce sera au tour du prévenu de s’expliquer. Vendredi, trois parties civiles se sont déjà constituées. Les trois avocats réclament un total de 45 000 euros de dommages et intérêts.
Fabienne Armborst