L’Union luxembourgeoise des consommateurs (ULC) estime que, sans incitation financière, la promotion de la réparation des produits électroniques a de grandes chances d’échouer et réclame un système de prime.
En mars dernier, la Commission européenne adoptait une proposition de directive visant à privilégier la réparation des biens au lieu de leur remplacement. Le but : permettre aux consommateurs d’économiser de l’argent, puisqu’ils n’auront plus forcément à remplacer un produit montrant des signes de faiblesse, et s’inscrire en même temps dans le cercle vertueux du développement durable, en réduisant déchets et gaspillage.
Dès les jours suivants, la ministre de la Protection des consommateurs, Paulette Lenert, se tournait vers l’Union luxembourgeoise des consommateurs pour mesurer la capacité de cette proposition européenne à parvenir aux objectifs fixés.
Une consultation précoce – avant même le début des discussions internes aux institutions – accueillie très favorablement par l’ULC, qui vient de rendre son avis. D’abord, l’association dit regretter que les États membres ne se soient pas davantage inspirés du «Reparaturbonus» autrichien, financé d’ailleurs par des fonds européens, ou encore le «Fonds réemploi et réutilisation» pour les appareils ménagers en France. Aucune mesure d’incitation financière pour rendre la réparation attractive aux yeux des consommateurs n’apparaît en effet dans la proposition.
Celle-ci laisse la liberté aux États de réglementer certains aspects des services de réparation non harmonisés. L’ULC demande donc à la ministre que l’initiative communautaire soit l’occasion, pour le Luxembourg, de concrétiser enfin sa «Stratégie pour une économie circulaire» annoncée en février 2021 et qui prévoit deux pistes à suivre pour le secteur marchand : développer un cadre pour le droit de réparation, y compris l’accès aux pièces de rechange (originales ou imprimées en 3D), et envisager des actions incitatives adaptées au réemploi et au partage des produits, notamment les services d’entretien et de réparation.
Le Repair Café : un réflexe à adopter
L’ULC estime que la proposition de directive européenne couvre bien le premier objectif, mais doit absolument être renforcée, tandis qu’en ce qui concerne le deuxième objectif, l’association plaide pour que le Luxembourg calque son modèle sur le «Reparaturbonus» lancé en Autriche en 2022 (lire ci-contre). Une option qui ne déplairait pas à la ministre, selon de récentes déclarations dans la presse. Les consommateurs seraient incités à faire réparer leurs biens par des professionnels luxembourgeois, et ce, sans attendre l’adoption et la transposition de la directive européenne, soutient l’ULC.
L’association de défense des consommateurs note au passage que le programme national dans le cadre de NextGenerationEU prévoit la «promotion de la réparation des produits, en mettant à disposition sur internet des questions-réponses destinées à fournir des informations détaillées, afin de permettre aux consommateurs d’opter davantage pour la réparation», et que le Luxembourg n’a pris «aucune mesure allant au-delà du minimum imposé par l’Europe». Pas suffisant pour encourager le recours à la réparation, d’après l’ULC.
En attendant l’introduction d’un cadre légal, depuis 2013, les Repair Cafés se multiplient sur tout le territoire, sous la houlette de l’association Repair Café Lëtzebuerg (www.repaircafe.lu) : chaque semaine, des bénévoles bricoleurs – entre 200 et 300 recensés au total – y proposent leurs services pour donner une seconde vie aux objets cassés qu’on leur apporte.
Jusqu’à 200 euros offerts en Autriche
En Autriche, depuis un an maintenant, le système «Reparaturbonus» donne un coup d’accélérateur à l’économie circulaire à travers une prime versée aux consommateurs. L’idée est simple : faire en sorte que réparer un appareil électrique ou électronique en panne soit économiquement plus avantageux pour eux que d’en acquérir un nouveau. Sur le site www.reparaturbonus.at, les clients téléchargent d’abord un bon de réparation qui couvrira 50 % des frais de réparation de leur appareil – dans la limite de 200 euros –,et sera échangé auprès d’un réparateur partenaire (plus de 3 000 dans le pays). Une fois utilisé, ils peuvent en demander d’autres pour d’autres appareils. Une enveloppe de 130 millions d’euros issue du fonds NextGenerationEU a été mise à disposition pour financer ce projet jusqu’en 2026.
Génial! Mais il faudrait déjà commencer chez les fabricants en luttant efficacement contre l’obsolescence programmée, puis revaloriser les métiers liés à la réparation surtout dans un pays comme le Luxémbourg où tout le monde rève d’un boulot tranquille au sein de la fonction publique et finalement soutenir les micro-entreprises en mettant à leur disposition des locaux à loyer modéré.