Alors qu’Olivier et Sébastien Thill commencent sérieusement à réfléchir au monde pro, le Progrès Niederkorn et son directeur général, Thomas Gilgemann, abordent la question avec sérénité.
La famille Thill vous a officiellement fait part de contacts, même s’ils sont encore vagues, avec des clubs pros, en Belgique. Comment l’avez-vous pris ?
Thomas Gilgemann : Ça se gère très bien. Tous nos joueurs qui pourraient potentiellement passer pros trouveront la porte ouverte et un discours suivi d’effets. S’ils ont envie de partir et qu’ils acceptent la proposition qui leur est faite… À nous d’être assez intelligents derrière pour les remplacer numériquement et qualitativement. Donc, le discours est très clair. Mais concernant les Thill, j’ai eu leur père aujourd’hui (NDLR : lundi) comme je l’avais eu il y a un mois, quand il m’a annoncé qu’il existait de vagues contacts. Et pour l’instant, on reste dans le vague. Il y a une vraie ouverture d’esprit, mais pas encore une ouverture concrète au niveau proposition.
Mais dans le meilleur des cas pour eux et le pire des cas pour vous, un départ conjoint en hiver alors que vous jouez le titre, ce serait dramatique non ?
Ah je ne dirai pas que je serais ravi de les perdre parce qu’il s’agit de joueurs de qualité et de premières licences. Ce serait une grosse perte. Mais on n’est personne pour les empêcher de partir ! Cela dit, pour cet hiver, cela me semble improbable.
Il est déjà beaucoup trop tard ?
Pas seulement : il y a énormément de choses qui rentrent en ligne de compte. Déjà, ils sont là, avec nous, pour gagner quelque chose. Et jouer l’Europe. En Belgique, il faut au pire finir 6e pour avoir une vraie chance (NDLR : sous conditions, une équipe située en deçà de cette limite peut encore postuler). Et puis aussi, il faudra y aller pour leur proposer de meilleures conditions financières que celles qu’ils ont chez nous. Pour ça, il leur faut un club du haut de D1 belge. Pas un club qui se bat contre la relégation ou qui joue en D1/B (NDLR : la division dans laquelle Tim Hall et Aurélien Joachim évoluent avec le Lierse) parce que sinon, les joueurs ne s’y retrouveront pas financièrement. Entre leur travail et ce qu’ils gagnent en club, il faudra une offre à cinq chiffres. Pas en dessous. Ou je pense qu’ils n’accepteront pas. Et pour proposer ça, il faut avoir les reins solides car si les propositions sont moyennes, ils ne vont même pas les étudier.
Et de votre côté, vous les lâcheriez pour combien ?
On a des clauses. Les montants sont fixés. Mais il faut qu’on en sorte gagnants. Il est hors de question de les donner gratuitement, de les brader.
Les prochaines échéances internationales, en Suède et contre la Bulgarie, peuvent-elles préciser les choses ?
Peut-être. C’est une certaine visibilité. On n’en est pas encore au point où les clubs viennent repérer les joueurs en DN. Ils les voient avant à l’international avant de les superviser en championnat. Mais pour le moment, on n’a absolument eu aucune sollicitation. Sinon, je vous le dirais! Je vous dirais « voilà, on va se mettre à table avec le Standard », mais non. Pour le moment, il y a juste un discours propice, de notre part, à ce qu’ils soient démarchés. Pas plus.
Sébastien Thill, qui a longtemps été taxé de ne pas avoir d’ambition avérée de départ, aurait changé à ce point ?
Ce n’est plus le même garçon qu’avant. Mentalement, il a beaucoup évolué et maintenant, il pourrait accepter de le devenir, pro.
Vous avez commencé à réfléchir à la façon de remplacer des garçons comme eux, qu’ils partent cet hiver ou l’été prochain ?
Qui vous dit qu’on ne les a pas déjà signés ? On a en tout cas notre liste, mais il n’y a pas beaucoup de fins de contrat l’été prochain et ceux qui sont encore sous contrat seront très durs à faire sortir. Mais au niveau des sélectionnés, on est en position de force vu notre recrutement de ce printemps.
Carlson ? Skenderovic ? Les joueurs pétangeois sur lesquels on vous prêtait des intentions cet été et qui ne se sont pas finalisés ?
Ils seront potentiellement disponibles même s’ils préféreraient partir à l’étranger. Ils n’ont peut-être pas forcément envie de perdre une année de plus en Division nationale. Et de toute façon, il y a du monde sur eux. Mais ça nous aiderait d’avoir les mêmes problèmes que le Fola : avoir à remplacer des jeunes qu’on a aidés à envoyer dans le monde pro !
Entretien avec Julien Mollereau