ÉLIMINATOIRES EURO-2024 Luxembourg – Slovaquie, ce soir, pourrait mettre la FLF sur la voie royale d’une qualification historique. C’est un soir de folie furieuse qui attend le pays.
Laurent Jans a posé les bases, la semaine dernière : il s’agit de «la semaine la plus importante de l’Histoire du football luxembourgeois», ni plus ni moins. Paul Philipp a concédé qu’effectivement, il le pensait aussi, lui l’homme qui en a tout vu depuis un demi-siècle… La semaine en est à la moitié de prendre l’importance phénoménale qu’on veut bien lui donner. Et ramener un nul de Reykjavik (1-1) contre l’Islande a posé des bases solides pour en faire la semaine la plus… belle de l’Histoire du football luxembourgeois, celle qui permettra de toucher du doigt un truc dingue.
Luc Holtz n’a détrompé personne, hier. Ni son capitaine, ni son président. «Je vais diriger le match le plus important et le plus excitant de ma carrière de sélectionneur. Quand j’ai commencé ce travail, jamais je ne m’imaginais pouvoir disputer une qualification pour une grande compétition internationale.»
Ça bout à l’intérieur. C’est là, c’est l’instant, celui que personne ne veut rater. Et encore, l’entraîneur s’avoue «dans sa bulle», inconscient de l’onde de choc qui est en train de traverser le pays. Il espère que ses joueurs pourront «savourer», qu’il n’y «aura pas de crispation», mais égrener ce genre de lieux communs n’empêche pas la réalité de suivre son cours.
Et elle est dingue : les gens se sont lancés dans une course effrénée aux billets pour ce soir, plus de 200 supporters sont attendus au Liechtenstein pour un dernier match de campagne qui pourrait être décisif, tous désireux d’être au stade, certains membres du M-Block ont même déjà avoué avoir posé des congés sans solde pour le mois de juin prochain et le début de l’Euro en Allemagne…
Si on peut éviter la Nations League…
Les données sont assez simples. Gagner permettrait de passer devant la Slovaquie avec, derrière, un calendrier plus avantageux que son adversaire direct. Faire un nul ne serait pas la fin de tout espoir et répartirait équitablement la pression sur les épaules des deux outsiders.
Perdre anéantirait pour de bon toute velléité de qualification directe et forcerait à considérer les barrages de la Nations League, fin mars, comme une dernière chance qu’on préférerait tous éviter. Pour un pays de la taille du Grand-Duché, il n’y a pas de façon noble d’entrer dans le gratin européen, il n’y a que le plaisir d’y être, mais ne tirons pas trop sur la corde : il y a quand même des cardiaques qui se piquent de suivre cette sélection. Mais vu que tout le monde en parle, ont-ils de toute façon le choix?
L’adversaire, ce soir, est de taille. Mais tout bien considéré, il est exactement de la taille du Luxembourg, à deux points près. C’est ce que dit le classement. Mais la Slovaquie vient de pousser le Portugal dans ses derniers retranchements du côté de Porto (3-2), un mois après que le Luxembourg en a pris neuf à Faro. Est-ce pertinent de le rappeler ?
Holtz et ses gars ont montré qu’ils étaient désormais doués d’un cynisme d’équipe mature, capables de construire une campagne qui tienne la route malgré deux humiliations. D’ailleurs, sorti de la Seleçao, personne n’est encore parvenu à battre cette équipe dans ce groupe J. Et ce soir, on attend une équipe type avec tous ses cadors, c’est-à-dire avec la réintégration de Mathias Olesen et de Gerson Rodrigues dans le onze de base. On attend un groupe tendu vers un objectif clair, identifié, voulu par tout un pays, qui nécessitera un match plein, un match référence. Un de plus. L’Euro est à ce prix et on sait que maintenant, cette équipe a de quoi payer.
On aimerait pouvoir se dire que dans dix, vingt ou trente ans, des petits Luxembourgeois devenus grands pourront dire «j’y étais!». Ce sera une indication que cette soirée du lundi 16 octobre 2023, qui fait actuellement se dresser les poils de toute une nation – que ce soit d’excitation ou d’angoisse –, a tourné pour le meilleur.
Et que, derrière, les Roud Léiwen sont parvenus à faire l’impensable : se qualifier. Ce serait un événement digne d’être raconté encore et encore à toutes les générations qui suivront. Si tout tourne bien, si rien ne déraille, il restera même dans cinquante ans des vétérans qui pourront aussi raconter «moi, de mon temps, quand le Luxembourg est entré dans l’Histoire…» On aimerait tellement pouvoir, nous, l’écrire, dès novembre…