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Pour Fernand Reinig, le LIST veut être à la pointe


Positionnement du LIST, droit de réponse aux articles critiques relatifs à la fusion «compliquée» des CRP Tudor et Lippmann... Fernand Reinig fait le point, tout en mettant les points sur les i. (Photo : Editpress)

Fernand Reinig, CEO ad interim du Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), entend propulser l’institut dans les «top rankings» européens, à court et moyen termes.

Positionnement du LIST, droit de réponse aux articles critiques relatifs à la fusion «compliquée» des CRP Tudor et Lippmann… Fernand Reinig fait le point, tout en mettant les points sur les i.

Concernant la fusion entre les CRP Henri-Tudor et Gabriel-Lippmann et le départ de votre prédécesseur, Gabriel Crean, beaucoup de choses ont été dites et écrites dans la presse, entre autres dans les colonnes du Quotidien. Comment avez-vous perçu cet « engouement » médiatique et que répondez-vous à toutes les critiques qui ont été formulées? Estimez-vous qu’il y eu un certain acharnement contre le LIST?

Fernand Reinig : La fusion Tudor-Lippmann s’apparente à toute fusion qui pourrait avoir lieu dans le secteur privé : il s’agit d’une opération difficile. Nous étions partis du principe que la fusion de deux établissements publics soit plus aisée, mais nous avons dû nous rendre à l’évidence que toute fusion de deux entités, que ce soit dans le public ou dans le privé, est visiblement compliquée. Même si dès le départ, il était acté, avec l’accord de notre ministre de tutelle de l’époque, François Biltgen, qu’il ne s’agissait pas de fusionner pour le fameux effet de synergies qui est toujours prôné, lorsque deux entités privées fusionnent. On avait dit, dès le début, qu’on ne réduirait pas les effectifs, de manière délibérée, j’entends.

Cela étant, une centaine de collaborateurs a quitté l’entreprise dont bon nombre de profils tranférés dans le cadre de transferts d’activité vers d’autres entités…

En effet, il me semble important d’opérer une distinction entre les collaborateurs qui, de par une logique structurelle, ont été transférés dans de nouvelles activités externes, et ceux qui ont choisi de quitter le LIST pour des raisons personnelles. Pour certains d’entre eux, la fusion s’est avérée particulièrement compliquée car les deux Centres de recherche public (CRP) avaient des cultures très différentes. Il fallait donc « créer » une nouvelle culture et qui dit culture, dit changement… Or le changement est un exercice difficile pour l’être humain. Et je pense que l’on avait un peu sous-estimé l’envergure de tout cela.

Dans quel sens?

Disons que cette sous-estimation a un peu été réalisée sous le couvert du fait que le LIST serait un établissement public et que, d’une certaine manière, ceci amènerait une sorte de garantie de la part des autorités, qu’il n’y aurait pas de changement fondamental. Cette équation n’a, cependant, pas été à 100 % correcte. Il faut savoir que le LIST a été créé pour donner une nouvelle impulsion aux anciens CRP. Parallèlement au changement de la culture d’entreprise, il y avait donc la nécessité de mettre en place un changement d’optique et de positionnement du LIST. Pour passer de deux CRP à un RTO (Research and technology organization) de style européen, il fallait clairement aussi un changement de pratique du métier que l’on fait. Certains collaborateurs se sont interrogés sur leur présence dans un LIST davantage orienté vers le secteur industriel, le secteur économique et vers la société. Certaines personnes ont ainsi décidé, à juste titre, que la nouvelle orientation du LIST et que leurs aspirations personnelles n’étaient plus en phase et ils ont préféré quitter le LIST.

Mais en voulez-vous à la presse?

Vous êtes journaliste et vous savez donc mieux que moi, qu’avec des informations parfois un peu moins positives, il est plus facile d’écrire un article attrayant qu’avec d’autres types d’informations. C’est une évidence. Il est clair que certains articles n’ont pas fait plaisir. Ce qui m’a personnellement le plus heurté, est le fait que, finalement, c’est le personnel du LIST lui-même qui a été heurté par les articles. À la suite de l’article publié dans votre journal (NDLR : référence à notre édition du 27 octobre 2016, intitulé « Sauve-qui-peut au LIST »), nous avons eu une réaction assez importante de la part du personnel. J’ai notamment reçu une lettre d’un collaborateur, dans laquelle il expliquait qu’il ne se reconnaissait pas dans l’article en question et que qu’il s’inscrivait en porte-à-faux avec toutes les allusions allant dans le sens d’une « débandade » et ce, malgré le fait que ce collaborateur eut reconnu les difficultés rencontrées lors du processus de fusion. De plus, ce collaborateur a considéré que cet article était dévalorisant pour les personnes qui croient au LIST et qui apprécient leur travail en son sein.

D’où votre droit de réponse…

Tout à fait, et je vous en remercie d’ailleurs. Néanmoins, il me semble inutile de nier le fait qu’il y ait eu des difficultés au LIST. Mais, je pense que ces difficultés n’avaient pas l’envergure de ce qui a pu transparaître dans les propos de nos collaborateurs qui ont été relayés dans certains journaux. Dans ce contexte, le syndicat OGBL a également joué le rôle particulier qui doit être le sien. Mais il s’est trouvé qu’au moment de la parution de cet article dans Le Quotidien, nous étions ensemble avec le syndicat autour d’une table, pour négocier le nouvel accord collectif de travail (ACT). Heureusement, cela n’a pas perturbé la bonne ambiance qui régnait, puisque nous avons trouvé un accord et signé un nouvel ACT, dans un temps record.

Entretien réalisé par Claude Damiani

Retrouvez l’intégralité de l’interview du lundi dans la version papier du Quotidien 

Un commentaire

  1. Jan van der Boor

    Un court droit de réponse au droit de réponse de Fernand Reinig.
    “Le changement est un exercice difficile pour l’être humain” ? Surtout s’il est injuste, brutal, aveugle et irrationel.

    “Parallèlement au changement de la culture d’entreprise”. Il n’y a pas eu de “changement” fondamental, la culture de la soumission à la hiérarchie héritée CRP Gabriel Lippmann fait force de loi, tout ça repeint aux couleurs RTO pour continuer le bluff.

    “Nous avons eu une réaction assez importante de la part du personnel.” Effectivement, plus d’un collègue était tout de même content que les journalistes réagissent enfin aux nouvelles de dysfonctionnement en tout genres qui leur étaient régulièrement transmises DEPUIS DEUX ANS. Le collaborateur dont parle Fernand Reinig n’est sûrement pas représentatif du mouvement de rejet qui parcoure les employés. Il faut rappeler qu’une enquête menée justement à cette époque par le STM a montré à quel point les employés du LIST étaient déçus et frustrés de se sentir ignorés et méprisés par une direction qui maintenant désigne les journalistes comme boucs émissaires. Faire croire que le LIST s’est levé comme un seul homme pour défendre une institution attaquée injustement par des journalistes malveillants est tout simplement malhonnête.

    “Mais, je pense que ces difficultés n’avaient pas l’envergure de ce qui a pu transparaître […] dans certains journaux.” Les articles parut dans la presse étaient dans l’ensemble mal recherchés, et mélangeaient l’essentiel et l’anecdotique. Mais les difficultés de la fusion ont été immenses, en grande partie à cause de l’impréparation calamiteuse de la direction de l’époque, puis de sa total incapacité à faire appel de manière ouverte et sincère aux bonnes volontés lorsqu’elle a été débordée par les problèmes. La fusion a été menée d’en haut, très mal et de manière complètement inflexible, et sans jamais même penser à puiser aux sources vives des deux centres. Plus d’un collègue est parti à cause de ça, et pas parce que “leurs aspirations personnelles n’étaient plus en phase”.