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Pour Déi Lénk, «le gouvernement n’est pas à la hauteur»


Déi Lénk «n’attend plus rien» du gouvernement, dominé par l’idéologie «libérale et capitaliste» du DP. (Photo : julien garroy)

Vendredi, lors de son bilan annuel, déi Lénk a dénoncé le manque de vision d’une coalition dominée par le DP et regretté l’absence de mesures radicales, notamment pour lutter contre la crise du logement.

C’est une gauche remontée contre le gouvernement qui a dressé le bilan de l’année parlementaire qui vient de s’écouler. Les députées déi Lénk Nathalie Oberweis et Myriam Cecchetti n’ont en effet pas mâché leurs mots lors du traditionnel déjeuner de presse annuel vendredi pour dénoncer une coalition au point mort, «dont (elles) n’attendent plus rien».

«Le gouvernement n’est pas à la hauteur des défis auxquels nous sommes confrontés et ne prend pas ses responsabilités au sérieux, tant au niveau du logement, que du changement climatique, que des inégalités sociales», a fustigé Nathalie Oberweis. «Il n’a pas de vision», a estimé pour sa part Myriam Cecchetti.

Pour les élues, les divergences d’idéologie qui existent entre les partis au pouvoir, trop marquées, sans dénominateur commun, empêchent toute avancée sociale et laissent le champ libre au DP. «Le LSAP et déi gréng sont complètement dominés par le DP et sa logique capitaliste et libérale», a ainsi accusé Myriam Cecchetti, qui ne décolère pas du report de l’index.

«Nous payons le crédit d’impôt avec nos impôts; l’index, ce sont les grandes entreprises qui le paient. Elles ont pu épargner les 2,5 % de l’index pendant plus d’un an! Par ailleurs, toutes ces subventions ont une limite dans le temps, or ce n’est pas ainsi qu’on aide les travailleurs pauvres. Il vaudrait mieux augmenter le salaire minimum et pousser les entreprises à adopter des conventions collectives», a rappelé la députée.

Des mesures bien en deçà des besoins réels

Impossible de ne pas revenir non plus sur le serpent de mer que constitue la crise du logement. Si la députée Oberweis reconnaît de (petites) avancées en la matière, elle pointe toutefois le manque d’adéquation entre les initiatives du gouvernement et les réels besoins du pays, ainsi que l’absence de mesures radicales, comme la suppression des incitations fiscales, qui favorisent la spéculation immobilière. «C’est vrai qu’il y a une tendance à la hausse au niveau de la construction de logements abordables publics, mais il s’agit d’une douzaine de logements par an, alors qu’on a besoin de 7 000 logements par an et que 30 000 ménages sont dans le besoin immédiat de logements abordables!»

La députée se réjouit a minima que la terminologie employée par déi Lénk depuis des années soit enfin reprise par tous. «Il y a quelques années, personne ne parlait de crise. Il y a désormais une prise de conscience.» Une maigre consolation pour les Cassandre : «Ce n’est pas toujours facile, on est souvent la cible de moqueries parce qu’on nous juge naïves ou idéalistes. Mais en tant que gauche, on est convaincues qu’à la longue – et un parti de gauche a toujours une vision à long terme – ce n’est qu’avec plus de solidarité, de justice et d’inclusion qu’on pourra avoir une société résiliente».

Autre «mini succès» de déi Lénk malgré des propositions «très souvent refusées en bloc», pour reprendre l’expression de Nathalie Oberweis : la mise en lumière d’un sujet très sensible et tabou, celui des violences obstétriques et gynécologiques, qui devrait aboutir sur des enquêtes.

Quant à la crise sanitaire, les députées ont rappelé «l’inutilité» du débat imposé par le Premier ministre, Xavier Bettel, sur la vaccination obligatoire, contre laquelle s’était positionnée déi Lénk. «Une perte de temps de plusieurs mois», d’autant plus grave que le gouvernement «n’a toujours pas de plan pour l’automne à ce sujet».

Une année «fatigante et frustrante» donc pour le parti de gauche, qui annonce une année à venir similaire : «Il reste une année, ils (les partis de la coalition, NDLR) ne vont plus faire grand-chose jusqu’aux élections», préviennent les députées. Pour déi Lénk, qui voit d’un mauvais œil la libéralisation de secteurs cruciaux se profiler, le combat continue : index, logement, santé, éducation seront une fois encore au cœur de ses luttes.

Un commentaire

  1. Le gouvernement n’est pas à la hauteur : 100% d’accord
    Les verts le sont encore moins: 200% d’accord.