Face aux 13 millions de kilomètres annuels avalés par ses véhicules opérationnels, le groupe Post est déterminé à réduire son empreinte carbone et veut passer 90 % de son parc à l’électrique d’ici 2026.
Facteurs, techniciens, commerciaux, livreurs de colis, de journaux : les collaborateurs de Post Luxembourg sillonnent tous les jours les routes du pays pour assurer leurs missions. Pas étonnant qu’en 2022, aux volants de l’ensemble des véhicules opérationnels que compte la société, ils aient parcouru plus de 13 millions de kilomètres. Mais alors que la quasi-totalité du parc roule encore à l’essence ou au diesel, cela représente une consommation totale de 1,5 million de litres de carburant. Un résultat peu compatible avec les objectifs de développement durable que s’est fixé le troisième employeur au niveau national.
D’où la nécessité pour le groupe d’accélérer son virage vers l’électrification, entamé il y a maintenant plus de 20 ans, alors que le nombre de ses véhicules électriques plafonne à 13 % de sa flotte. «La majeure partie des véhicules utilitaires nécessaires à la distribution du courrier et aux interventions techniques sur le réseau ou chez les clients de Post Telecom fonctionneront bientôt à l’électricité. Tout comme les voitures de fonction mises à la disposition des cadres dirigeants de l’entreprise», a précisé mercredi Pierre Zimmer, directeur général adjoint, lors d’une visite au centre de distribution régional de Bascharage, en présence du ministre de l’Économie, Franz Fayot.
Un choix qui n’est pas dû au hasard : il s’agit en effet du tout premier site de Post Luxembourg à disposer, avec ses 38 bornes AC 22 kW et sa borne DC 50 kW, de toute l’infrastructure de recharge nécessaire pour alimenter la flotte de voitures électriques qui se branchent quotidiennement à cet endroit. Sur les 38 véhicules que compte le centre, 33 sont déjà 100 % électriques. Globalement, d’ici la fin d’année, l’entreprise comptera près de 500 bornes de recharges sur 17 de ses sites, permettant à environ 300 véhicules de ses branches Courrier et Technologies d’être alimentés en électricité – énergie couverte par des certificats verts, précise Post.
Autre défi : parallèlement au déploiement de bornes de recharge, le réseau doit aussi être capable de s’adapter, à l’aide de sous répartiteurs et de transformateurs, ce qui est chose faite chez Post. Rien que pour le centre de Bascharage, près de 500 000 euros ont été investis pour pouvoir passer à l’électrique, grâce à une planification scrupuleuse qui s’est étalée sur près d’un an.
La chasse permanente aux kilomètres inutiles
Néanmoins, véhicules électriques et bornes de recharge en nombre ne font pas tout : pour réduire au maximum les émissions de CO2, les tournées des livreurs sont constamment optimisées pour éviter tout trajet inutile. Cela représente tout de même près de 800 circuits aux quatre coins du Grand-Duché, et 43 000 kilomètres par jour. D’où la chasse permanente aux kilomètres potentiellement inutiles.
«Il arrive que plusieurs véhicules de Post ou d’une de ses filiales se retrouvent le même jour au même endroit, pour diverses raisons. Nous devons pouvoir nous appuyer sur nos réseaux avec une approche transversale pour trouver des gains d’efficience», explique Mario Treinen, à la tête de Post Courrier. «De cette manière, on pourra minimiser notre impact sur l’environnement tout en améliorant notre rentabilité.»
Le parc se compose aujourd’hui de 40 % de voitures, 37 % de fourgonnettes, 19 % de camionnettes, 1 % de camions et 3 % de Paxsters, ces petits véhicules électriques destinés à la livraison en zone urbaine. Post en aura 35 à disposition ces prochains mois. En service depuis 2017, ils remplacent parfaitement les parcours à pied et les chariots à bras des facteurs pour la distribution du courrier et des colis. Pour l’instant, avec une autonomie de 60 km et une vitesse maximum de 45 km/h, ils ne circulent que dans les rues de la capitale. Post mène aussi des tests sur de nouveaux véhicules, spécifiques au métier postal, comme les vélos cargos électriques, les Paxsters XL ou les véhicules colis Sevic.
Un «Mobility manager» aux commandes
Nommé en 2022 au poste de «Mobility manager», Marco Etienne est chargé d’accompagner et de coordonner le projet d’électrification du parc de véhicules du groupe Post. «Au départ de chaque tournée, nous devons nous assurer que le véhicule utilisé sera suffisamment chargé. Ce qui veut dire déployer une infrastructure assez puissante pour garantir le niveau de charge nécessaire sur chacun de nos sites. Comme c’est désormais le cas à Bascharage», indique-t-il. Selon le plan ambitieux suivi par l’entreprise, la proportion de véhicules électriques, passée de 5 % en 2020 à 13 % en 2022, atteindra 30 % en 2023 et devrait faire un grand bond jusqu’à 90 % en 2026.