Le président de la République portugaise, Marcelo Rebelo de Sousa, a été impressionné par la «remarquable intégration» de ses compatriotes et Xavier Bettel par les sacrifices des Portugais chez eux.
Fin de la visite d’État du président portugais dans un pays ami, «qui est de la famille», dira même Xavier Bettel. Il faut retenir que les deux pays ont des envies d’Europe et que l’élection d’Emmanuel Macron leur donne un bon signal.
Il ne faut pas s’attendre à des annonces en matière de coopération bilatérale de la part du président de la République portugaise, dont la fonction est plus honorifique qu’exécutive. En revanche, rien n’arrête ce brillant universitaire dans ses envolées lyriques quand il s’agit de défendre le projet européen ou de louer l’intégration de ses compatriotes au Grand-Duché.
C’est au château de Bourglinster que le Premier ministre, Xavier Bettel, et le président Marcelo Rebelo de Sousa ont rencontré la presse au cours de cette visite d’État de deux jours (mardi et mercredi). Elle s’est prolongée pour le président portugais qui s’est rendu hier au pèlerinage de Fatima à titre privé.
La visite d’un dignitaire portugais entraîne d’ordinaire les mêmes discours amicaux qui résistent au temps depuis des décennies. « La communauté portugaise, c’est 100 000 personnes qui vivent ici au Grand-Duché, c’est la famille », rappellera Xavier Bettel. « Il est tout à fait concevable d’avoir aujourd’hui des racines portugaises et être complètement intégré dans la société luxembourgeoise comme le prouvent les nombreux Portugais qui ont une double nationalité et qui sont aujourd’hui cadres dans des grandes sociétés, dans la police ou dans la fonction publique en général », dira le Premier ministre Bettel.
Surtout, il a voulu combattre « les clichés », en évoquant les derniers accords signés lors de la visite du Premier ministre portugais, Antonio Costa, lors de laquelle il avait été beaucoup question des cours de langue portugaise dans l’enseignement luxembourgeois. « Dire que nous imposons quelque chose à quelqu’un est faux! Nous offrons quelque chose, c’est important d’être complémentaire. La communauté portugaise sait que le gouvernement luxembourgeois veut que la personne qui se trouve ici puisse garder des liens, sa langue, mais pas aux dépens d’une intégration », rappelle Xavier Bettel.
L’espoir Macron
Xavier Bettel parle de cette « envie d’Europe »› et de la vision commune que partagent le Portugal et le Luxembourg sur ce point et il s’est tout naturellement réjoui de la fin de la procédure en cours contre le Portugal pour déficit excessif. « Cela témoigne du succès de la politique que votre gouvernement a entrepris », adresse-t-il à Marcelo Rebelo de Sousa, tout en ayant une pensée pour les sacrifices consentis par les citoyens portugais.
Le Premier ministre explique que l’Europe avec Emmanuel Macron devrait permettre aux pays d’investir. « On ne peut pas laisser une ardoise sans investissement pour les générations futures à cause de critères que l’on s’est donnés », indique-t-il en évoquant les domaines de l’éducation et de la recherche comme prioritaires.
Louant les mérites d’une « intégration remarquable depuis les années 70 », le président portugais déclare comblé : « On se sent chez nous ici. » Il se lance alors dans un vibrant plaidoyer en faveur de l’Europe et des valeurs qui l’animent.
Un discours qui s’adresse surtout aux jeunes qui « ne comprennent plus l’utilité de l’Union européenne », alors que « sans l’Europe, le monde serait plus pauvre », selon lui. Le président portugais insiste ainsi sur l’élection d’un « Européen » à la tête des Nations unies en nommant Antonio Guterres sans rappeler, habilement, qu’il est de nationalité portugaise.
Sur le plan de la coopération bilatérale, le président portugais salue, tout comme Xavier Bettel, l’accord signé entre les deux pays concernant un échange entre l’université de Porto et l’université du Luxembourg. « Une occasion de plus de montrer aux jeunes les possibilités que leur offre l’Europe d’étudier à l’étranger », dira Xavier Bettel.
Le président Marcelo Rebelo de Sousa encourage ses compatriotes du Grand-Duché à inscrire les jeunes aux cours de portugais que leur proposent les communes au primaire, alors que Xavier Bettel encourage les résidents portugais à s’inscrire sur les listes pour aller voter aux élections communales et européennes.
Chacun a réussi à passer son message.
Geneviève Montaigu